Voyager par bateau est devenu difficile. Les grands centres commerciaux flottant que sont les bateaux de croisière ne m’attirent pas, à l’exception, peut-être, des voyages saisonniers que l’on peut effectuer quand ces navires vont de l’Amérique du Nord vers l’Europe, ou vice-versa. Mais cela se fait habituellement de Miami, ce qui n’est pas idéal quand on habite sur la côte ouest canadienne.
Les cargos qui embarquent quelques passagers coûtent cher et cela exige de s’y prendre des mois à l’avance ce qui n’est guère pratique pour ceux qui, comme moi, aiment la simplicité du voyage non planifié. Heureusement, il reste les traversiers (ferries) pour les longues distances. À partir du Grand Vancouver, avec bus et ferries, il est possible de se rendre jusqu’à Prince Rupert, les îles Haida Gwai, et l’Alaska. Au Mexique, il est possible de traverser la mer de Cortez entre la basse Californie et le Sinaloa. En Asie, pour ceux qui ne craignent pas la foule et le manque de confort, il existe une multitude de ferries qui sillonnent les archipels des Philippines et de l’Indonésie.
En Europe, des traversiers pour les longues distances sont très intéressants pour les amateurs de voyages en mer mais sont peu connus au Canada. Il y a, par exemple, un service maritime régulier entre le Danemark et l’Islande via les îles Féroé. Le navire, transportant 1 482 passagers et 800 voitures, fait le trajet en 48 heures. Il est donc possible de prendre un vol de Vancouver à Reykjavik, traverser l’Islande en bus jusqu’à Seydisfjordur pour embarquer sur le traversier à destination de l’Europe continentale. Il est possible de s’arrêter 2 ou 3 jours aux îles Féroé avant de prendre le prochain bateau pour le Danemark. Ce n’est pas une croisière. C’est parfait pour les voyageurs indépendants qui n’ont pas besoin d’un guide qui mène son troupeau de touristes d’un magasin de souvenirs à l’autre. Ça demande un certain esprit d’aventure, surtout en dehors de l’été, quand il fait froid et que la mer est agitée. Un inconvénient de taille, cependant, en est le coût. Toute la Scandinavie est chère, surtout avec notre dollar canadien anémique.
Une alternative plus abordable pourrait être de prendre le bateau quotidien d’Aberdeen (Écosse) à Lerwick, aux Îles Shetland. Le voyage dure une douzaine d’heures et, après une bonne nuit de sommeil dans votre cabine, vous arrivez en bonne forme et reposé, à 8 heures du matin. De là, il est possible de prendre un bateau pour rallier les autres îles au nord de l’Écosse.
Les traversiers ne sont pas des bateaux de luxe et sont plus conçus pour transporter des camions que des touristes. Mais certaines compagnies ont réussi à joindre l’utile à l’agréable. C’est le cas de la compagnie française Britanny Ferries. Les routes les plus courtes, entre la France et l’Angleterre n’ont rien d’exceptionnel, mais sur la ligne Angleterre-Espagne (une vingtaine d’heures de voyage) ses bateaux sont particulièrement confortables. La nourriture est meilleure que celle que l’on trouve habituellement sur les ferries, et l’Internet gratuit ainsi que la salle de cinéma permettent de passer le temps agréablement. Les prix, surtout en basse saison, sont très abordables. Les amateurs d’aventure feront le voyage en hiver, quand le mauvais temps est souvent au rendez-vous dans la Manche et dans l’Atlantique.
Ceux qui préfèrent le soleil choisiront peut être les grands classiques comme les traversées de Marseille vers l’Afrique du Nord ou celle qui vont d’Italie en Turquie mais il existe aussi des nouvelles lignes, moins connues, comme celles qui vont d’Espagne en Italie. Pour ceux qui aiment les longues traversées, il est possible de se rendre en bateaux de Cadiz (sud de l’Espagne) aux Îles Canaries. C’est un voyage d’une quarantaine d’heures sur un bateau qui n’a rien de luxueux et qui coûte plus cher que l’avion. Au départ de Cadiz, il n’y a qu’un voyage par semaine. C’est idéal pour ceux qui ont le temps et qui aiment voyager lentement, à l’ancienne. Une fois aux Canaries, on peut, bien entendu, se rendre d’une île à l’autre en traversier. Rappelons qu’en traversier, on peut, bien sûr, voyager avec sa voiture ou sa moto, mais aussi son vélo, pour ceux qui aiment vraiment se déplacer lentement.