Faisons les comptes. Mai est un mois qui compte. Mai 2017, particulièrement, est un mois qui a certainement compté. Le 9 mai les élections provinciales de la Colombie-Britannique n’ont rien donné si ce n’est de créer une incertitude qui a longtemps duré et qui dure encore. Une fois les votes comptés, les libéraux, les néo-démocrates et les verts se demandent encore aujourd’hui où ils en sont. Le compte des votes des électeurs absents n’a rien changé à la donne. Les libéraux ont gagné mais n’ont pas obtenu la majorité. La confusion règne. La reine Christy ne rayonne plus. Elle fait les comptes et ne sait plus sur qui compter. Je n’ai, à ma connaissance, jamais connu une telle situation et vécu un pareil suspense depuis mon arrivée à Vancouver en 1972.
En attendant, les tractations entre les différents partis vont bon train. Tous les scénarios à ce stade-ci sont envisageables. L’animosité qui jusqu’alors avait animé les rapports entre les trois chefs de partis s’est soudainement estompée. Chacun se courtise en estimant que les bons comptes font les bons amis. La prochaine session législative promet. On ne paie rien pour attendre. Préparez-vous à retourner aux urnes dans un avenir très rapproché.
En France, par contre, il n’y a pas vraiment eu de surprise. Le candidat du centre décentré, monsieur Emmanuel Macron, en marche pour la république, a réussi à se faire élire. Il n’a pas pu compter, toutefois, sur les voix de la « gauche » insoumise et de la « France » insouciante. Cela ne l’a pas empêché de l’emporter sur sa rivale Marine Le Pen qui s’est donné beaucoup de peine, depuis quelques années, à essayer de faire croire au peuple français qu’elle n’était pas, malgré les apparences, d’extrême droite, et, contrairement à son père, de qui elle s’était détachée, qu’elle n’avait aucune affinité avec toute idéologie fascisante. Très peu l’ont crue en fin de compte, au grand soulagement de toutes les personnes sensées.
Monsieur Macron, le nouveau président, s’est empressé de former un nouveau gouvernement du genre hybride : parité homme-femme (Justin Trudeau devrait le poursuivre pour plagiat), des élus d’un côté et des membres de la société civile de l’autre, un tutti-frutti politique (gauche, droite et centre), un mélange bizarroïde difficile à avaler pour certains. Nous assistons à un début de macronite aigüe. L’avenir nous dira si les Français peuvent compter sur cet élixir aux effets magiques pour remédier à tous leurs soucis. J’en doute, mais moi je ne compte pas.
Toujours en mai : pas question de compter sur le Québec pour célébrer la fête de la reine Victoria. La royauté ne compte pas dans cette belle province où la monarchie, cette institution anachronique, archaïque, dépassée, périmée, synonyme de soumission, n’a pas sa carte de résidence. La Journée nationale des patriotes, qu’on le veuille ou non, à juste titre, compte davantage. Comme quoi vous pouvez toujours compter sur les Québécois pour vous montrer la voie.
Toujours en mai, à ne pas oublier la réélection de Hassan Rouhani, président de la République islamique d’Iran. J’avoue avoir compté sur lui dans mon for intérieur, fort convaincu qu’avec un semblant de modération, il était de loin la meilleure alternative. Tout compte fait Rouhani représente un moindre mal. À ne pas perdre de vue, nez en moins, qu’au royaume des ayatollahs les borgnes sont rois.
Peut-on imaginer une journée, une semaine, un mois sans que Donald Trump fasse des siennes ? Le mois de mai ne lui a vraiment pas été favorable. Je crois que le compte à rebours de son éviction ou de sa destitution ou même encore de sa démission, a vraiment sonné. Nous avons assisté à un règlement de comptes, digne d’O.K. Corral, entre le président américain et l’ex-chef du FBI, James Comey. Compte tenu des faits et des méfaits je ne vois pas comment Trump pourrait s’en sortir. Sa femme Mélania, pas si sotte que ça, se rend compte de la situation : à deux reprises (les caméras de télé ne l’ont pas manqué) elle a rejeté la main de son mari au cours de son récent voyage au Moyen-Orient. Permettez-moi, chère Mélania : il aurait fallu y penser plus tôt, notamment le jour où, il y a plusieurs années de cela, le dondon vous avait demandé la vôtre.
Et finalement, j’aurais peut-être dû commencer par ça : le terrible attentat à Manchester où le radicalisme islamiste continue de régler ses comptes. L’horreur se poursuit et, c’est triste à dire, impossible d’en prédire la fin.
Fin donc de ce compte rendu du mois de mai. Certains faits, saillants ou divers, ont volontairement été laissés pour compte. Tenez-en compte si vous estimez que toutes ces histoires comptent.