Le réchauffement climatique est un phénomène dont on entend de plus en plus parler. Et pour cause, il serait apparu au début du XXe siècle, soit il y a près de cent ans. Depuis une trentaine d’années, les initiatives se multiplient pour communiquer sur cette réalité. L’art engagé n’est pas en reste concernant ce débat, puisque ce thème sera au centre de l’exposition The Warring Homeland du photographe Yang Jian. Coup de projecteur sur un projet à la fois esthétique, audacieux et d’utilité publique, mené sous l’égide du jardin du Dr Sun Yat-Sen à Vancouver.
Amorcer la réflexion
« J’ai rencontré Yang Jian grâce à sa sœur, Andrea Jin, qui m’a montré ses œuvres et son cheminement en tant qu’artiste et photographe. J’ai été fascinée par l’impact de ses travaux photographiques, les thèmes d’actualité et le message profond portés par chacune de ses œuvres », explique avec enthousiasme Leticia Sánchez, commissaire d’exposition et responsable de l’expérience culturelle du jardin Sun Yat-Sen. « Le changement climatique affecte notre monde de différentes façons », reprend la commissaire d’exposition,
« cela inclut la qualité de notre air, de notre environnement et de nos structures artisanales. Les zones urbaines historiques qui font partie de notre mémoire culturelle sont particulièrement affectées. »
En mettant en avant la destruction lente du patrimoine historique à travers la lentille de son appareil, Yang Jian cherche, à défaut de changer le monde, à initier tout au moins la réflexion sur cette question devenue cruciale. Et à Leticia Sánchez d’ajouter : « Les repères architecturaux sont des représentants du style d’une ville, de son paysage urbain et de ses habitants. Les photographies de Yang Jian nous donnent l’occasion d’ouvrir les yeux sur la destruction silencieuse de notre patrimoine. En outre, ils sont le moyen et la voix qui nous aideront à réfléchir, à changer et à protéger notre environnement. »
Une exposition portée par un artiste de talent
Yang Jian, originaire de Zhuji dans la province du Zhejiang en Chine, est membre de plusieurs associations, parmi elles, la China Photographers Association, Global Photographic Union et Industrial Design Association of China. Depuis son plus jeune âge, Yang Jian a été captivé par les arts visuels, travaillant dans le domaine du design industriel avant de créer son studio (Yang Jian Design Studio) en 2006 pour poursuivre sa passion de la photographie.
Ses œuvres photographiques, qui se concentrent principalement sur les problèmes environnementaux et les changements climatiques, ont remporté de nombreux prix nationaux et internationaux. Quatre des œuvres au sein de l’exposition The Warring Homeland ont remporté le prix d’excellence lors du concours About Climate Change de la biennale 2015 du sommet World Engineers. « La protection de l’environnement vaut pour tous », explique Yang Jian, « ce que je peux faire, c’est utiliser mon appareil photo pour la protection de notre Terre ».
The Warring Homeland
Dans une économie actuellement en pleine expansion, les dégâts environnementaux deviennent progressivement alarmants. « La série photographique de Yang Jian provient d’une profonde préoccupation sur la dégradation de la nature et souhaite interpeller le public sur l’importance de protéger l’environnement », explique Andrea Jin, sœur de l’artiste représentant son frère à Vancouver où elle réside. En effet, le rendu est puissant : Yang Jian capture des paysages stériles, une végétation flétrie et des squelettes d’animaux blanchis pour montrer les dégâts causés par la culture industrielle contemporaine.
Ces œuvres incarnent la portée intellectuelle de la pensée de Yang Jian et son engagement pour la cause environnementale. Il fait passer son message en superposant ou en combinant les caractéristiques de diverses photos en un seul cadre et en les définissant dans un spectre monochrome de noir, blanc et gris. « Les photos qui en résultent sont des chefs-d’œuvre qui émeuvent les spectateurs quand ils doivent faire face à la gravité et au chagrin de voir un paysage détruit, ressemblant à une patrie déchirée par la guerre », conclut Andrea Jin.
Protéger ce que l’on aime
« J’aime découvrir la nature primordiale et les coutumes des peuples locaux et capturer ces aventures en cours de route. J’ai parcouru plusieurs fois le désert de Taklamakan tout seul, j’ai traversé la route de Chuan Zang, j’ai parcouru la montagne de Kekexili et monté à 6 000 mètres sur le mont Everest. J’ai voyagé à travers le Pakistan, le Cambodge, le Myanmar, le Vietnam, le Népal, la Malaisie et d’autres pays d’Extrême-Orient pour connaître les civils locaux qui vivent dans l’extrême pauvreté », narre l’artiste à propos de son incursion photographique dans diverses communautés internationales.
Cependant, les questionnements soulevés par ces pérégrinations ne sont pas étrangers à notre civilisation, comme le souligne Leticia Sánchez : « Il m’a semblé que l’exposition The Warring Homeland sera une exposition internationale intéressante avec une problématique très réelle à Vancouver ».
« Nous avons un proverbe qui signifie “plus vous aimez quelque chose, plus vous devez vous protéger” », conclut Yang Jian. « Pour un photographe, la caméra est l’autre paire d’yeux que nous utilisons pour observer le monde, alors que la photo est la présentation visuelle de nos pensées et idées. Face à la dégradation du monde, nous devons faire entendre notre voix ! »
Exposition de Yang Jian: The Warring Homeland : A photographic exploration of the climate change impact on society and man-made structures,
du 24 juin au 31 juillet
au Jardin Sun Yat-Sen (578 rue Carrall).
L’artiste sera présent lors de la réception d’ouverture le 8 juillet entre 14 h 30 et 16 h 30.