L’exposition Traces of Words sur l’art calligraphique, qui était présentée au Musée de l’anthropologie de UBC, nous plonge dans l’univers de la calligraphie asiatique. À travers ses différentes formes, cet art ancestral reste toujours d’actualité et parle une langue qui peut être comprise par tous.
La présence des mots revêt une importance particulière en Asie, comme nous l’explique Fuyubi Nakamura, la curatrice de l’exposition : « Bien que sous-évalués dans la culture occidentale, les formes et usages associés à l’écriture ont une importance culturelle et artistique en Asie ».
Étalée sur plusieurs mois, de mai à octobre, Traces of Words constitue la 3e exposition d’une série sur le thème de la calligraphie asiatique. La première avait eu lieu à Canberra en Australie, en 2010, et la deuxième à Buenos Aires en Argentine, en 2011.
Une diversité d’arts calligraphiques
La diversité de l’art présenté s’exprimait aussi par les origines variées des artistes exposés. Nous pouvions retrouver les calligraphes japonais Kimura Tsubasa et Yugami Hisao, l’artiste tibétain Nortse, la graffeuse iranienne Shamsia Hassani, et la peintre muraliste thaïlandaise Phaptawan Suwannakudt.
On retrouve en Asie énormément de langues et d’écritures différentes : des inscriptions sumériennes, en passant par les écritures cunéiformes, les manuscrits coraniques, et les calligraphies islamique et chinoise. Une diversité que les artistes exposés ont voulu nous transmettre.
Fuyubi Nakamura nous explique l’objectif : « Je voulais montrer une gamme diverse de formes d’expression associées à l’écriture à travers l’Asie à différentes périodes, en traitent les mots comme un objet de culture et non pas juste comme du texte ».
Si cet art est le plus souvent exprimé par écrit, il peut aussi prendre une forme plus moderne comme le montrait l’œuvre du collectif TeamLab : une pièce sombre illuminée par des images de fleurs, de nuages, et de calligraphie projetées sur des toiles fixées aux murs qui évoluent via un système de reconnaissance corporelle. Une expérience résolument immersive, sensorielle et interactive.
Une communication universelle
On dit que le langage graphique codifié existerait depuis 4 000 ans et les idéogrammes de la langue classique chinoise depuis presque 3 000 ans. Li Si, un politicien de la Chine ancienne et important calligraphe, déclarait à son époque que : « Dans l’écriture d’un caractère, ce n’est pas seulement la composition qui importe, c’est aussi la force du coup de pinceau. Faites que votre trait danse comme le nuage dans le ciel, parfois lourd, parfois léger. C’est seulement alors que vous imprégnerez votre esprit de ce que vous faites et que vous arriverez à la vérité ».
Dans Traces of Words, l’art transforme l’écriture en une forme de communication qui peut être comprise par tous. Ne pas comprendre les mots n’est pas un problème : les émotions peuvent quand même passer. C’est comme écouter une chanson dans une langue étrangère, on n’en comprend peut-être pas le fond mais rien n’empêche de l’apprécier.
Si, en Chine, la calligraphie est le fondement de l’art, c’est parce qu’il ne s’agit pas seulement de la beauté visuelle des idéogrammes qui importe mais aussi de la technique avec laquelle on peint, qui reflète les préceptes métaphysiques de la culture. Ainsi, dans Traces of Words, « les mots sont aussi des traces physiques du temps et de l’espace, de l’éphémère et de l’éternel ».
Saviez-vous ?
Rappelons que la calligraphie en Asie a vécu une évolution très différente de celle en Occident. L’apprentissage de l’art du trait était à la base de la formation classique du peintre asiatique, et les civilisations orientales ne séparent pas la lettre du dessin.