Je suis née en Belgique, le plat pays, un 14 novembre, année 1990. Mes parents parlent le flamand. C’est du néerlandais avec un accent différent à quelques subtilités près. Le cocon familial se scinde quand j’ai six ans et je pars vivre en France. Désormais tout se fera en français, mes études, mes amours, y compris mes songes. Deux langues, deux familles, deux cultures. Aux yeux de mes proches je ne suis plus tout à fait Belge, mais je ne suis pas non plus Française à défaut d’avoir une carte d’identité l’attestant, sans compter le grand nombre d’amis (Français) qui ne ratent pas une occasion pour me rappeler d’où je viens, hein la Belge ? ! Alors qui suis-je vraiment ?
Comme le veut l’adage populaire, « le voyage c’est partir à la découverte des autres mais surtout à la quête de soi », j’ai commencé mon voyage le 13 juin 2016 quand après des mois de préparation et un peu plus de sept heures de vol j’atterrissais à Montréal. J’y ai flâné, travaillé et goûté à tout ce que le Québec avait à offrir. Conquise, j’ai poussé plus loin la découverte du territoire en parcourant la côte Est canadienne six semaines durant en fourgonnette, vieille carrosserie blanche parsemée de rouille et un intérieur de 6m2 bricolé par les soins de mon compagnon, décoré par les miens.
De l’organisation bancale, de belles rencontres, des surprises, l’été indien et ses érables qui virent au rouge vermeil, et puis l’hiver est arrivé.
Le 31 décembre 2016 je me suis à nouveau envolée, destination l’Amérique Centrale, une expérience de grand froid à moins 33 degrés Celsius ayant suffi à calmer la volonté de découvrir qui j’étais sous la neige. Dix semaines de soleil, sac au dos, sans parcours tracé. Le premier plongeon dans la mer turquoise des Caraïbes, les vagues du Pacifique, et forcément quelques galères. Je réapprends l’espagnol, le surf, je mange du Gallo Pinto et les radios balancent du reggaeton du matin au soir. Une vie qui fait rêver (sauf la musique peut-être), je suis très heureuse, cependant toujours pas de moi. Rien de nouveau sous le soleil.
La réponse est venue comme une évidence les jours suivant le 17 mars 2017, date à laquelle j’ai atterri à YVR, l’aéroport de Vancouver. On m’avait vanté les atouts géographiques de Vancouver, l’océan et la plage à deux pas, des forêts denses aux arbres si grands qu’en se tordant le cou on n’en voit pas la cime, des randonnés à foison accessibles en transports en commun. Je savais aussi pour la pluie. Personne cependant ne m’avait parlé de la tolérance qui y règne. Ni du multiculturalisme qui y est légion. D’un coup, Belge ou Française, ça n’avait plus d’importance. Je n’étais pas à la maison, mais j’étais chez moi. J’avais trouvé ma place.
Chez moi, c’était le Drive à East Van. Ses nombreux cafés indépendants et micro-brasseries, ses épiceries aux fromages bons et abordables, le meilleur glacier de la ville (en toute subjectivité), le bus 99 et les vestiges de son passé de Petite Italie qui se remarquent tout au long des deux kilomètres qui la constituent. Mais surtout, c’est son caractère légèrement effronté, progressiste et nostalgique, hétérogène qui m’a attirée. Ce sont ses gens et leur ouverture d’esprit. Si cette qualité s’applique à l’ensemble de la ville, c’est cependant en vivant sur Commercial Drive que j’en ai pris toute la mesure.
De toutes origines, de toutes les couleurs, de toutes confessions, adeptes ou non de yoga, férus de café ou préférant le Chai Latte, les gens sont très différents mais ils vivent en symbiose et avec un respect de la liberté que je n’avais que rarement expérimenté. C’est alors que je me suis trouvée en phase, que je me suis trouvée, tout simplement. Je faisais partie d’un tout sans plus avoir besoin de me justifier.
Aujourd’hui revenue en France, je me languis de revenir parmi vous. Évidemment rien n’est parfait. Néanmoins, au cours de la recherche de mon moi j’ai également eu la chance de trouver un pays, une ville, des gens dont l’ouverture d’esprit, la tolérance et la notion de liberté ont de quoi faire pâle figure à d’autres pays qui croient en être les garants et l’exemple.