La Colombie-Britannique accueille la plus grande diversité autochtone au Canada avec 203 nations et 34 langues parlées. Pour découvrir ces cultures, plusieurs types d’expériences en immersion sont proposés par diverses agences de voyage, telles que Haida Style. Cette formule touristique a le vent en poupe et annonce un avenir économique meilleur pour les communautés autochtones. À condition d’en respecter l’authenticité.
La conférence internationale du tourisme autochtone se tenait les 7 et 8 novembre à Calgary en Alberta, l’occasion donc de se pencher sur ce phénomène qui attire chaque année de plus en plus de curieux.
Une industrie en croissance
Le tourisme autochtone est sorti de l’ombre il y a une vingtaine d’années et fait depuis partie de nombreux plans de voyage. À tel point qu’aujourd’hui plus de 200 sociétés liées à ce mode de tourisme se sont créées en Colombie-Britannique.
« La demande est très forte en ce moment avec un touriste sur quatre qui intègre une expérience autochtone dans ses plans de voyage en Colombie-Britannique », confie Paula Amos qui fait partie de l’organisation à but non lucratif Aboriginal Tourism BC (ATBC), chargée de la promotion de l’industrie.
Même les agence de voyage traditionnelles s’y intéressent : dans un récent sondage mené par ATBC, 89% indiquent vouloir ajouter à leur offre dans ce domaine. La responsable indique d’ailleurs que « l’objectif est de faire grossir cette industrie à hauteur de 10% par an, viser 2,2 millions de visiteurs et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires à l’horizon 2022 ».
Diversité des expériences
Paula Amos, qui fait partie de l’organisation Aboriginal Tourism BC (ATBC), travaille au développement de cette industrie: « Nous ne sélectionnons que les sociétés qui sont possédées à hauteur de minimum 51% par des autochtones, afin de privilégier l’authenticité ».
La plupart des expériences touristiques autochtones se concentrent autour de l’aventure, des services ou bien de l’hébergement : « Nous surveillons et nous accompagnons les nouveaux acteurs en les aidant à respecter les standards de l’industrie du tourisme, en termes de site internet, d’horaires d’ouverture, d’assurance ou de possibilité de réservation tout au long de l’année », explique Paula.
James, Sk’aal Ts’iid de son nom autochtone, travaille pour Haida Style, agence créée il y a 10 ans avec son frère jumeau, qui propose diverses expériences à la journée. L’entreprise compte aujourd’hui trois guides qui organisent de quatre à cinq excursions par semaine de mai à octobre. James rapporte que « 60% de [ses] clients viennent du Canada, mais [qu’ils accueillent] aussi beaucoup d’Allemands, de Français ou d’Américains ».
Les excursions proposées se font à bord d’un bateau dans l’archipel Haida Gwaii. Elles se déroulent sur quelques heures, voire une journée. Les guides emmènent des petits groupes de touristes à la recherche de la faune et dans différents villages. En cours de route, ils racontent des histoires locales et intègrent des chants et de la musique à l’immersion.
« Nos excursions nous permettent de nourrir les gens, de les faire marcher dans notre monde, de les immerger dans une culture qui est restée vibrante », raconte James. « Nous voulons partager avec les touristes des histoires personnelles et non raconter celles lues dans les livres », ajoute-t-il.
D’après Paula et James, cette formule de tourisme est celle qui permet le mieux de découvrir les peuples autochtones.
L’intérêt économique
Le tourisme constitue aujourd’hui une vraie occasion d’affaires pour les peuples autochtones qui n’hésitent pas à développer des initiatives. Mais est-ce que l’attrait économique est la motivation principale ?
Selon Paula Amos, « ces expériences sont un bon moyen d’avoir une première compréhension sur ce que ces communautés sont aujourd’hui ». En outre, « elles permettent d’écouter des histoires à propos de leur culture et de se relier à leurs terres ». Pour elle, la formule rapporte des gains économiques pour la communauté, mais aussi « une fierté culturelle et une aide à recréer des relations entre peuples et avec les touristes ».
C’est aussi l’avis de James qui croit que le tourisme peut favoriser une diversification de l’économique des peuples autochtones: « Cette nouvelle ressource permet aux communautés de se libérer de l’économie traditionnelle de la pêche et du bois et de s’orienter vers quelque chose de plus durable ».
Le tourisme serait donc pour les anciens une façon de raviver leurs coutumes au sein de la nouvelle génération, mais aussi une source d’emplois et de financements pour la communauté.
Cette tendance est néanmoins modérée par James, qui souligne le besoin de limiter la croissance de l’industrie afin de « conserver l’authenticité de l’expérience ». Le tourisme autochtone serait ainsi gagnant à « ne pas se focaliser sur le volume, mais plutôt sur le partage ».