Depuis un an ou deux, c’est Noël tous les jours pour l’industrie touristique de Mazatlán, sur la côte ouest du Mexique. En un an, le nombre de visiteurs a augmenté de 12% et à la fin décembre, bon nombre d’hôtels affichaient un taux d’occupation de 100%.
La nouvelle autoroute de Durango déverse un flot continu de touristes en provenance des états du nord-ouest du Mexique et la multiplication du nombre de vols intérieurs augmente grandement le nombre de visiteurs des autres régions du pays. Le nombre de vols directs en provenance des États Unis et du Canada a augmenté aussi. Les bateaux de croisière sont également plus nombreux à faire escale dans cette ville et y déversent un flot presque quotidien de touristes étrangers, y compris chinois. Dans les vieux quartiers historiques, les « gringos » achètent et restaurent les vieux bâtiments de style espagnol qui donnent à Mazatlán un charme qui fait défaut aux villes touristiques modernes comme Puerto Vallarta ou Cancún. Du coup, le quartier est déjà devenu hors de prix pour la plupart des Mexicains. Loin du vieux centre-ville, à l’extrémité nord de la ville, des nouveaux complexes hôteliers sont en construction.
Ce n’est qu’un début. Le nouveau gouverneur de l’État du Sinaloa, Quirino Ordaz Coppel, est issu d’une richissime famille de Mazatlán qui possède, entre autres, deux grands hôtels en bordure de mer. Il y a une vingtaine d’années, alors qu’il était député fédéral, il a occupé les fonctions de ministre au tourisme. Ce n’est donc pas étonnant que le développement touristique de Mazatlán soit sa grande priorité. Dès son entrée en fonction comme gouverneur du Sinaloa, l’hiver dernier, il a lancé dans sa ville natale des grands travaux publics en mesure d’améliorer le tourisme. Le front de mer a été restauré, des milliers d’arbres ont été plantés, des bâtiments historiques ont été nettoyés, les trottoirs de la vieille ville ont étés refaits et une piste cyclable en bordure de mer est sur le point d’être inaugurée.
Bien sûr, les adversaires politiques du nouveau gouverneur affirment que tous les contrats ont étés donnés à des compagnies appartenant à des membres de sa famille et à des amis. Le gouverneur dément et aucune enquête n’est prévue pour tirer l’affaire au clair. Au Mexique, cela ne surprend personne. En fait, j’ai même parlé à un chauffeur de taxi qui m’a expliqué que le népotisme était une bonne chose car « un type bien doit toujours s’occuper de sa famille ». Toujours est-il que ces travaux doivent être terminés cet hiver, à temps pour accueillir une grande foire commerciale du tourisme qui doit lancer Mazatlán comme la nouvelle destination à la mode.
Pour certains, c’est une menace. De nombreux Américains et Canadiens à l’âge de la retraite sont venus s’établir à Mazatlán car c’était une ancienne « reine » du tourisme depuis longtemps dépassée par des destinations plus modernes. Bref, c’était vieillot, tranquille, un peu oublié et surtout, bon marché.
Cette montée en gamme fait grimper les prix à tel point que des résidants étrangers, parmi les moins fortunés, parlent déjà de trouver une nouvelle terre d’asile. Mais Mazatlán n’est pas qu’une destination touristique. C’est une ville de plus d’un demi-million d’habitants qui vit aussi de ses activités portuaires et industrielles. Les « gringos » chassés par la montée des prix dans les vieux quartiers historiques nouvellement embourgeoisés, cherchent à se loger dans des quartiers plus populaires et moins chers.