Les radios communautaires ou multiculturelles jouent un rôle essentiel auprès des communautés qu’elles desservent. Bien souvent animées par des bénévoles passionnés, les stations entretiennent un lien social et culturel capital pour beaucoup de gens qui retrouvent, branchés au poste, un petit bout de leur pays.
La radio francophone de Victoria, ou CILS FM, a fêté ses dix ans en novembre dernier. La directrice générale, Charlotte McCarroll, en poste depuis un an et demi, revient sur l’évolution de la station : « La radio a connu beaucoup de changements ces dernières années. Notre fierté aujourd’hui, c’est d’être la seule radio francophone communautaire de la province ». Une longévité impossible sans la participation des bénévoles : « On n’en a pas énormément mais ceux qui sont là sont très fidèles, ils ont à cœur la radio », se réjouit la directrice.
La radio vise à produire et diffuser des émissions de trois manières : par l’information, le divertissement, et l’éducation. Le dernier volet est d’ailleurs en passe de prendre encore plus de sens avec le déménagement récent de la radio au sein de l’école francophone Victor-Brodeur à Victoria. « Nous sommes dans la régie du théâtre, ce qui nous permet de pouvoir diffuser ce qu’il s’y passe et d’organiser nos propres événements. Cela permet aussi d’intégrer l’éducation à notre mission, de former les jeunes, que les jeunes grandissent avec la radio communautaire, qu’ils puissent pratiquer le français en dehors de la salle de classe », rapporte Charlotte McCarroll, enthousiaste.
Un lien social
L’important dans cette aventure radiophonique pour la directrice, c’est l’humain. « Par rapport à un média conventionnel, l’investissement est totalement différent de la part des employés et des bénévoles : il y a un vrai soutien à la langue française en milieu minoritaire, et la radio est un outil qui rassemble, qui réunit une communauté », observe-t-elle. Pour le directeur de la programmation, Kevin Simonar, il faut aussi voir « que les radios plus connues, plus corporate, ne sont pas en mesure de représenter la communauté minoritaire ».
Du côté de la radio CJSF, qui diffuse sur 90.1 FM depuis le campus de Burnaby de la Simon Fraser University, on connaît bien le rôle social de la radio. Robin Eriksson, coordonnatrice de la programmation, indique que, par le biais de sa programmation très éclectique, la radio s’adresse à toutes les communautés environnantes : « Nos émissions sont très diverses. On passe de la musique très variée, des émissions en plusieurs langues comme l’iranien, le portugais, ou l’éthiopien. Elles sont animées par des bénévoles qui veulent transmettre de
l’information à leur communauté locale ».
La radio de campus repose sur une centaine de bénévoles dévoués, constituée pour une bonne moitié d’étudiants du campus et pour l’autre de membres de la communauté. Forte de son mandat d’offrir du divertissement enrichissant et du contenu alternatif aux médias dits mainstream, la station produit un résultat précieux pour Robin Eriksson : « Quand on donne la parole aux membres de la communauté, on découvre des points de vue différents, des expériences, des opinions singulières. Ça donne à entendre une voix beaucoup plus authentique », estime-t-elle.
Quand langues et cultures se mélangent
La radio est aussi vectrice d’intégration. « On a beaucoup d’étudiants venus d’Asie et d’Afrique, notamment des Nigérians, pour qui c’est aussi une façon de pratiquer l’anglais et de se plonger dans la culture occidentale », observe la coordonnatrice à CJSF.
À Fairchild Radio, sur 96.1 FM, le multiculturalisme fait partie de l’ADN de la station. En effet, la licence obtenue du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), organe qui accorde le droit d’émettre sur les ondes, place le multiculturalisme au cœur du mandat de la radio. Seme Ho, directrice de la programmation internationale, le confirme : « C’est notre rôle d’offrir des programmes qui desservent différentes communautés ethniques dans leur langue d’origine ».
Au total, ce sont plus de trente langues qui sont ainsi proposées : du hongrois à l’italien, en passant par le polonais, le macédonien, ou encore l’espagnol… Si certains programmes sont produits localement, d’autres sont en revanche loués à des stations étrangères. C’est le cas de l’émission VERA, programme russe diffusé depuis 2008 et produite par Russian Voice Limited, basée à Moscou. « On a démarré avec une programmation d’une fois par semaine et aujourd’hui on est à deux heures par jour ! », relève Seme Ho.
Aussi, pour Seme Ho, les radios multiculturelles se font le reflet de la société canadienne : « Au Canada, on reconnaît la valeur qu’il y a à regrouper différentes cultures. On se complémente les uns les autres. On respecte l’héritage de chacun. C’est ce qui rend le Canada meilleur », ponctue-t-elle.