Arrivé à un certain âge, le manque de rapports sociaux et d’activités peut se faire lourd. Pour briser l’isolement des aînés, plusieurs solutions sont avancées : de recherches universitaires à des projets intergénérationnels, les idées ne manquent pas. Il faut aussi regarder en direction des associations à but non lucratif, où le volontariat par les aînés eux-mêmes peut s’avérer bénéfique.
Pour lutter contre l’isolement des aînés, des étudiants du Health Change Lab de Simon Fraser University ont développé le projet de transport Connexion Rides. Zeen Liu, l’un des quatre membres du groupe, explique le projet : « C’est un service de transport qui permet aux aînés de pouvoir bénéficier de déplacements efficaces et rapides. Les navettes récupèrent les personnes chez elles et peuvent être réservées par téléphone ou sur internet ».
Au cœur de la motivation des jeunes étudiants, l’envie de changer les choses : « J’aime l’idée de pouvoir aider les gens à profiter pleinement de leur vie. Les personnes âgées ont des difficultés à sortir et à circuler, surtout à Surrey », observe l’étudiant.
La voie universitaire
Le programme du Health Change Lab a été mis sur pied par Paola Ardiles, professeure en sciences de la santé au campus de Surrey. Récemment nommée l’une des dix Canadiennes hispaniques les plus influentes, la Chilienne d’origine raconte : « Le programme a été lancé en automne 2016. Son objectif est d’aider les étudiants à développer des solutions innovantes et entrepreneuriales aux problèmes de santé rencontrés dans la communauté de Surrey ».
La collaboration avec la communauté est primordiale pour Paola Ardiles. Fille d’opposants au régime dictatorial chilien des années 1970, la professeure est arrivée au Canada en tant que réfugiée, et saisit toute l’importance de la solidarité. « L’impact sur la communauté fait partie du mandat de SFU. Je suis convaincue que nous pouvons innover dans ce domaine », assure-t-elle.
Le mélange des générations
Les projets intergénérationnels offrent aussi des pistes. Le Club Bel Âge, situé à Maillardville, s’adresse aux francophones et francophiles de 50 ans et plus, et vise à casser la monotonie de journées parfois longues.
« L’isolement social existe. Nous sommes chanceux ici d’avoir des membres qui viennent depuis vingt ans pour la plupart, et qui forment une petite communauté soudée », indique Lisa Kamerling, coordonnatrice.
Un service intergénérationnel permet en outre de côtoyer les plus jeunes. « On invite parfois les élèves des écoles d’immersion de Maillard Middle School et Alderson. C’est l’un de nos buts de faciliter ces échanges-là », renseigne la responsable.
Du côté de l’Assemblée francophone des retraités et aînés de la Colombie-Britannique (AFRACB), basée à Victoria, on propose un programme de jumelage et de mentorat. Les aînés deviennent les mentors de jeunes enseignants en français en école d’immersion qui sont eux-mêmes passés par ces programmes. « Cela permet aux aînés de sortir de la maison, de rencontrer d’autres gens et de partager la culture francophone », indique Stéphane Lapierre, directeur général.
Pour le responsable, l’isolement est une réalité à géométrie variable. « Cela dépend des régions. À Victoria, c’est moins le cas, mais dans les petites municipalités, c’est plus prononcé. L’un des défis est l’étalement géographique. On cherche à créer des clubs dans les régions excentrées, près de Nelson, à Penticton, ou dans la vallée de Comox », indique-t-il.
À la distance kilométrique, il faut ajouter la barrière de la langue. « Souvent on a des francophones de l’est du Canada qui viennent prendre leur retraite ici, ou même des Français. Ne serait-ce qu’aller chercher un livre à la bibliothèque ou aller chez le docteur peut devenir difficile pour eux », remarque Stéphane Lapierre.
Le volontariat, une solution efficace
Betty Leitch, coordonnatrice du service de bénévolat pour Volunteer Victoria, est témoin de l’engagement des aînés dans leur communauté, parfois toute leur vie durant. Avec le projet My Journey, « les histoires et les expériences de ces bénévoles de longue date ont été recueillies, afin de transmettre des enseignements aux nouvelles générations de bénévoles », détaille-t-elle.
Pour la directrice de l’organisation, Lisa Mort-Putland, le volontariat est une solution pour briser l’isolement. « Le volontariat leur permet de rencontrer des personnes, de nouer des relations de proximité, surtout lorsqu’ils viennent d’emménager dans une communauté qu’ils ne connaissent pas », remarque-t-elle.
Il semblerait que le volontariat ne soit pas tant perçu comme une charge que comme une occasion d’être plus actifs et moins isolés par les aînés. « Les gens prennent conscience de la valeur du volontariat, de son impact bénéfique », résume Lisa Mort-Putland.
Pour s’impliquer :
www.volunteervictoria.bc.ca
www.afracb.ca
www.clubbelage.ca
www.innovates.vpr.sfu.ca/programs/change-lab