Profitant des lendemains de la Saint-Valentin, l’amour de nouveau requinqué, je me suis lancé dans un exercice futile et inutile qui consiste à dresser un inventaire de ce que j’aime et de ce que je n’aime pas dans la vie en général et dans ma vie en particulier.
Ainsi j’ai pu constater, cela n’étonnera personne, que j’aime le printemps, l’été, un peu moins l’automne et pas du tout l’hiver. J’aime les faits divers et les actualités du monde des arts. J’aime les gens bizarres.
J’aime le bon vin, le sirop d’érable du Québec, les gentils câlins et les bons gros becs. J’aime le chant des oiseaux mais pas le croassement des corbeaux. J’aime bayer aux corneilles. J’aime les pièces de Corneille particulièrement Le Cid. J’aime demeurer placide et ne pas m’emporter. Je n’aime pas porter le deuil et encore moins attendre que le diable ou le bon Dieu m’accueille.
J’aime écouter la radio. J’aime faire l’idiot. J’aime discuter de politique tout en restant poli et critique. Je n’aime pas la monarchie ni la tauromachie. J’aime les républiques; pas celles où la banane sert d’emblème. J’aime les esprits frondeurs. Je n’aime pas les dictateurs. Je n’aime pas les chefs d’état aux egos démesurés. Je n’aime pas les problèmes légaux ni les jeux de Lego. Je n’aime pas les hommes politiques. J’aime les femmes qui politiquement s’impliquent.
J’aime les horloges qui nous donnent l’heure et les réveille-matin qui sonnent à l’heure. Je n’aime pas sentir la douleur. J’aime qu’à mon égard on fasse preuve de douceur.
J’aime me réveiller tôt le matin. J’aime jouer au plus malin. Je n’aime pas les gens malsains. J’aime la Vierge mais pas les saints. Je n’aime pas les cierges; encore moins les cieux. J’aime la liberté, surtout celle d’aimer.
Je n’aime pas la chasse ni la pêche. J’aime pourtant manger du poisson et tout autre fruit de mer. J’aime les océans et les mers. J’aime beaucoup ma mère, j’aime aussi mon père : les deux vont de pair. J’aime ma femme et mes fils ainsi que mes petits-fils. Par contre je n’aime pas Trump, ses femmes et ses fils. Je n’aime pas non plus les excès du politiquement correct (peoplekind) de Justin Trudeau. J’aime savoir par contre qu’il a bon dos.
J’aime les conversations civiles et même viriles tant qu’on n’en vienne pas aux coups. Je n’aime pas qu’on me torde le cou. J’aime qu’on me tende la joue ou la perche avant que ce soit la main. J’aime les humains, j’aime les étrangers, les réfugiés et les immigrants (quoi de plus normal, j’en suis un). J’aime les gens qui viennent des « pays de merde » et qui osent dire : « Monsieur le président, je vous emmerde ». Je n’aime pas toutefois les gens pure souche qui se couvrent la bouche et qui devant l’autorité se couchent. J’aime prendre des douches mais pas des bains. Je n’aime pas les mouches ni les guêpes que je guette et vire d’un revers de la main.
J’aime mes copains et mes copines ainsi que les aiguilles des pins et les fleurs qui ont des épines. J’aime le bon pain et le fromage frais mais, c’est dommage, je n’aime pas le caviar aux épinards. J’aime par ailleurs les libellules et leurs ailes en dentelle. J’aime les ours polarisant l’attention.
Au mois de mai j’aime Vancouver plutôt que Paris. J’aime voir Venise sans imaginer que je puisse y mourir un jour. Je n’aime pas Varsovie et son ghetto ni Jérusalem et son mur. J’aime Rome la ville éternelle. Je n’aime pas le Vatican qui me promet la vie éternelle. J’aime New-York et sa vitalité. Je n’aime pas L.A et sa vie alitée. J’aime faire face aux dangers. J’aime me rendre à l’étranger, à Tanger par exemple ou au Mexique qui m’excite.
J’aime les aqueducs au contraire des gazoducs et oléoducs ou tout autre duc devenu caduc. Je n’aime pas non plus l’armée et ses défilés. Je n’aime pas voir le temps filer. J’aime regarder les sports à la télé allongé sur un divan d’un psy inquiet de mon comportement. J’aime mieux jouer au foot (soccer) sur un terrain trempé et boueux plutôt que de participer aux Jeux olympiques d’hiver venteux en Corée. Je n’aime pas, je l’avoue, suivre en direct les compétitions de curling sachant que je devrais, à la place, balayer mes escaliers. Je n’aime pas avoir le sentiment de culpabilité. Je n’aime pas porter des bracelets et encore moins des bigoudis. J’aime mettre des shorts un peu longs. Je n’aime pas les pantalons trop courts. J’aime les courts de tennis; par contre je n’aime pas être pris de court.
J’aime couper court à toute conversation infantile.
Alors voilà, pour résumer, j’aime me divertir, j’aime me distraire mais je n’aime pas qu’on me dise quoi faire ou bien de me taire.