Je viens d’une grande station des Alpes, c’est ma curiosité et mon amour des montagnes enneigées qui m’a poussée à rejoindre la côte Ouest canadienne à l’automne dernier. Connaissant la vie trépidante du saisonnier en station et ayant aussi pour objectif de découvrir un nouveau mode de vie, c’est donc à Vancouver que j’ai décidé de poser mon sac à dos pour quelques mois. C’est une des forces de Vancouver de combiner les richesses d’une grande ville : art, événements culturels, ambiance avec l’aspect sportif montagnes. Ma première idée en tête était de découvrir le fonctionnement des domaines skiables mais aussi de profiter des joies du ski dans une neige que j’imaginais toujours en abondance et légère.
Je me mis donc à la recherchede la « champagne powder », cette fameuse neige légère comme du spray, qui est le grand mythe du Canada.
Par sa situation proche de l’océan Pacifique, les précipitations à Vancouver et aux alentours sont impressionnantes. L’hiver dernier, sur le domaine de Cypress, à l’ouest de North Vancouver, les hauteurs de neige cumulée ont dépassé les 12 mètres.
Ma première bonne surprise fut début novembre, lorsqu’il s’est mis à tomber des flocons gros comme des soucoupes, et plus la pluie tombait sur Vancouver, plus les sommets des montagnes se blanchissaient de quantité monstrueuse de neige.
La station de Cypress, lance alors sa saison, le 10 novembre, 7 jours avant Whistler. Les équipes fraîchement recrutées, la station ouvre ses pistes aux skieurs et snowboardeurs venus nombreux, 2 remontées sur 4 sont opérationnelles. Malheureusement, quelques jours après l’ouverture, les températures remontent, il pleut, les visiteurs vont être trempés mais qu’à cela ne tienne, ils sont présents sous la pluie, dévalant les pistes sur une neige collante, dans un brouillard givrant et vêtus d’un sac plastique faisant office d’imperméable, bref comme à Disneyland un jour gris. Les skieurs sont là affrontant cette météo capricieuse, pour être dans les premiers à skier. Il faut dire que, niveau humidité, le mois de novembre a été rincé : même s’il n’est apparemment pas rare en automne que la pluie tombe sur la côte ouest, celui de 2017 a été particulièrement mouillé avec 27 jours de précipitations sur 30.
Mes amis habitant à Vancouver consomment le ski comme ils consomment un abonnement à la salle de gym. Les prix des passes annuelles sont d’ailleurs très attractifs et sont la solution la plus économique pour profiter des domaines, si on est un pratiquant assidu. Ici le ski, c’est un loisir, que l’on pratique en famille ou amis la fin de semaine, ou après une journée de travail le soir. Trois stations se partagent le marché à Vancouver, Cypress qui est la plus grande en termes de kilomètres de pistes, Grouse Mountain la plus développée touristiquement et accessible avec les bus publics et enfin Mont Seymour à l’est qui est plus petite et très familiale. Toutes les trois offrent du ski de nuit jusqu’à 10 heures du soir, et profiter des pistes sous les étoiles et surtout au-dessus des lumières de la ville, c’est ce qui m’a beaucoup plu ici. Côté paysage : océan, montagnes et sapins plâtrés de blanc, j’ai retrouvé le ski carte postale que je m’imaginais. Pour ce qui est de la qualité de neige, le mois de décembre a été un peu compliqué avec une limite pluie neige qui est montée haut en altitude apportant une neige lourde et humide voire de grosses averses de pluie. Heureusement fin janvier s’est plutôt bien rattrapé, apportant son lot de chutes de neige et des températures froides, de quoi ravir les spatules !
Toujours en quête de « champagne powder » j’ai embarqué mes skis dans de nouvelles aventures aux confins de la CB, et à la frontière avec l’Alberta, dans les stations des Rocheuses. Il s’y murmure que là-bas la neige est toujours plus fraîche. Le terme « champagne powder » y tient d’ailleurs son origine. L’Ouest canadien regorge de stations où choisir sa ligne de descente est une expérience mémorable, pour cela direction les pistes black diamonds et bowls qui sont des espaces sur le domaine mais non damés et non délimités. Chaque descente est unique car on peut tracer le chemin que l’on souhaite, avec la possibilité de pimenter son parcours via des passages en forêts plus ou moins denses.
Que ce soit en Colombie-Britannique ou en Alberta, on y retrouve la gentillesse canadienne et il n’est pas rare de partager un peu plus qu’un télésiège en profitant d’une remontée pour discuter d’un peu de tout et de rien, c’est aussi ça le plaisir du ski au Canada…