Historiquement, les Canadiens noirs sont issus de l’immigration africaine. Accompagnant la découverte des Amériques, trois siècles de commerce triangulaire ont laissé une trace indélébile dans la communauté. Et les injustices de cette période dramatique sont toujours à l’œuvre : des inégalités flagrantes sont encore visibles aujourd’hui. La conférence des docteures et auteures à succès Yabome Gilpin-Jackson et Trish Mandewo abordera la difficile question de l’identité africaine le 27 février à Port Coquitlam.
Si pour beaucoup le racisme est une histoire ancienne, la réalité est tout autre. Le ressenti des personnes noires est révélateur d’un malaise qui perdure. Être « Black » au Canada, c’est entendre régulièrement : « Mais vous venez d’où ? ». Une question qui peut paraître banale, mais qui, pour une personne de couleur, peut prendre d’autres proportions.
Yabome Gilpin-Jackson est née en Allemagne, a grandi en Sierra Leone et a fait ses études de doctorat en sociologie au Canada, où elle vit depuis. Elle reçoit souvent ce genre de questions :
« En général, je réponds que je suis Canadienne, car j’ai vécu la majeure partie de ma vie au Canada. Bien trop souvent, cette réponse n’est pas jugée satisfaisante par mon interlocuteur et il insiste en demandant : « Non, je veux dire, vous êtes de quelle origine ? », relate-t-elle.
La question banale devient alors une question qui « donne l’impression de ne pas appartenir à la communauté canadienne, d’être mise à l’écart », ressent la professeure, écrivaine et conférencière. « Avoir son identité remise en question retire à un être humain le sentiment d’appartenance à une communauté et empêche le lien social de se tisser entre les individus », analyse-t-elle.
Libérer la parole
À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs qui a lieu chaque année en février, Yabome Gilpin-Jackson et sa collègue Trish Mandewo donneront une conférence sur l’identité africaine à Port Coquitlam.
Ce sera l’occasion pour elles de valoriser la communauté noire de Vancouver. « Cela semble aberrant en 2018 de devoir encore expliquer ou se justifier. Mais c’est aussi une superbe occasion de valoriser l’histoire noire et de la partager », souligne celle qui a remporté le prix de Femme africaine internationale en 2017.
Se rassembler pour mieux se rencontrer
Pour la professeure Gilpin-Jackson, l’important est d’avoir une communauté noire plus unifiée, ce qui passe notamment par une réappropriation de l’histoire des Noirs. Deux timbres viennent notamment d’être émis, mettant en avant deux personnages célèbres et engagés dans le combat pour l’égalité. On retrouvera ainsi Kathleen Kay Livingstone, activiste humanitaire et présentatrice radio, et Lincoln M. Alexander, premier membre noir du Parlement.
Ainsi, en célébrant ces figures emblématiques et en ouvrant le débat, on renforce le sentiment d’appartenance à la communauté et on aide la nouvelle génération à cultiver son identité. C’est aussi l’occasion de s’ouvrir, d’aller vers les autres et de faire un peu de pédagogie.
Pour trouver plus d’informations sur les nouveaux timbres émisà l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs : www.canadapost.ca/web/en/blogs/collecting/details.page?article=2018/02/01/black_history_living&cattype=collecting&cat=stamps
Extrait d’une conférence du docteure Yabome Gilpin-Jackson :
Pour en savoir plus sur la conférence à Port-Coquitlam : www.eventbrite.ca/e/a-conversation-on-global-african-identities-the-complexity-of-connections-tickets-42388164140