Fini, je n’irai plus voir un film de James Bond et je ne compte plus lire un livre de John Le Carré avant longtemps. Ce serait peine perdue. Vous en conviendrez, la réalité de nos jours dépasse de loin toute œuvre fictive. Aucun film, aucun roman n’arrive à la cheville des aventures sordides offertes par l’actualité présente. Même avec la meilleure volonté du monde, les scénaristes les plus imaginatifs qui soient ne pourraient concocter des histoires aussi stupéfiantes que ce que nous présente Poutine le Russe le plus rusé de sa génération.
Vladimir la Menace nous tient tous en haleine. Il se joue du monde comme le fit Charlie Chaplin dans Le Dictateur. Cet ancien agent du KGB enferme l’Occident dans un cagibi dont il est le seul à posséder la clef.
Doit-on parler, comme certains l’avancent, de nouvelle guerre froide ? Fort possible. Pour le moment, à en juger la température ambiante, il s’agit d’une guéguerre plutôt tiède conçue et réalisée par un maître-penseur hors-pair en la matière. Confronté à de faibles adversaires il assure sa suprématie sans grande difficulté. Au royaume des chefs d’état aveugles, le borgne russe est roi.
La goutte ayant fait déborder le vase, comme chacun le sait, remonte à un peu plus de trois semaines de cela. Elle continue à défrayer les manchettes.
Rappelons brièvement les faits : Les Britanniques accusent la Russie d’être responsable de l’empoisonnement à « l’agent innervant », sur le sol de Sa Majesté, d’un ex-espion russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Loulia. Les Russes, par principe et surtout par habitude, démentent. Une douzaine de pays européens par solidarité s’alignent derrière les Britanniques puis décident d’expulser de leurs pays respectifs plus d’une centaine de diplomates russes. Plutôt que de tendre l’autre joue en bon chrétien, le Kremlin réplique avec « œil pour œil, dent pour dent ». Le gouvernement canadien, voulant exprimer aux yeux de tous sa rage et son inconfort face à cet odieux crime commis sur le sol de notre souveraine la Reine, a décidé que l’expulsion de quatre diplomates russes suffisait pour afficher notre outrage envers la conception du monde selon Poutine. Nous sommes un petit pays, croit-on comprendre. Nous aboyons mais nous ne mordons pas.
Trump, sans doute à contrecœur et pour essayer de démontrer que Poutine ne l’a pas dans sa poche, a été plus loin : l’expulsion de 60 diplomates plus la fermeture du consulat de Seattle devrait, selon Washington, calmer l’esprit revanchard et bafoué de l’allié britannique.
Ainsi, pour la galerie, l’aigle américain, qui a perdu des plumes depuis que Stormy Daniels s’est mise à nu, ne semblait pas baisser pavillon devant l’ours russe. Le coq français, quant à lui, s’est contenté d’un cocorico timide pour faire plaisir à Theresa May qui s’apprête à quitter l’Union européenne.
J’imagine que devant ce brouhaha organisé, l’homme fort du Kremlin s’est contenté d’un sourire féroce et moqueur qui lui est propre sachant que toutes ces sanctions n’auront en fait que très peu d’effet. Poutine la Canaille une fois de plus s’est bien moqué et continue de se moquer de ses Némésis.
Une énorme partie d’échecs se joue actuellement sur l’échiquier mondial. À ce jeu rien d’étonnant que Poutine la Buse ait pris l’avantage. Les Russes ont toujours été de brillants joueurs d’échecs. Au détriment de toute considération humaine, il joue magnifiquement sa partition, notamment au Moyen-Orient et face à l’Occident. Son regard glacial, son visage impassible (Poker face) font de lui un joueur redoutable sur la scène politique. Impossible de lire son jeu. Il cache bien ses cartes. Il nie, il dément et il ment; comment voulez-vous que l’Occident soit content ? Les pays de l’alliance atlantique ont beau faire front commun, Vladimir le Renard de Leningrad (redevenu Saint-Pétersbourg) n’a pas l’intention de broncher. Il s’est emparé du proverbe arabe « Les chiens aboient, la caravane passe ». Fils adoptif et préféré du diable, Poutine nous bluffe tous, à commencer par son propre peuple. Son grand dessein ? « Make Russia great again ». Il semble être sur le bon chemin. Pour arriver à ses fins, tous les moyens lui sont bons: emprisonnement, empoisonnement, enfermement, soudoiement et tout autre rudiment en ment à l’exception de gentiment, ce qui n’est pas un compliment.
J’espère être encore de ce monde lorsque Poutine publiera ses mémoires. J’ai le sentiment que j’y découvrirai des choses surprenantes, étonnantes, ahurissantes, déconcertantes, encombrantes dont on finira certainement par faire un film … à la James Bond ou à la John le Carré.
Robert Zajtmann,
comme futur Premier Ministre
du Canada !