Le zèle du zazou

« Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des ailes ?

Mais non mon gros nigaud s’ils en avaient ils voleraient ».

Chanson depuis reprise et politisée par votre serviteur le castor castré:

« Maman le p’tit Trudeau qui sort du lot fait-il du zèle ?

Mais non mon gros nigaud s’il en faisait on rigolerait ».

Le castor est un zazou qui s’amuse comme il peut. En somme il fait du zèle. Il n’est pas le seul d’ailleurs. Tout le monde à un moment ou à un autre sent le besoin de faire du zèle. Si nous ne sommes pas tous des assassins, nous sommes par contre, n’ayons pas peur de l’admettre, tous des zélés. Pas de quoi faire un film il est vrai à moins que vous soyez un des zélotes de Massada devant affronter les armées romaines au 1er siècle.

Il existe toute sorte de zèle. Vous avez le zèle du débutant, celui ou celle qui en fait trop, qui, par inexpérience, pèche par excès de zèle. Exemple, désolé de revenir là-dessus, Trudeau et son voyage en Inde. Sans s’en rendre compte, par pure ignorance et un grand déficit de jugement, notre premier ministre a, chacun le sait maintenant, dépassé les bornes du bon sens. Il a outrepassé les limites du pouvoir étatique, oubliant que parfois le zèle gène.

Au sommet des Amériques qui s’est tenu au Pérou, Justin Trudeau s’est fait tout petit parmi les grands. Il n’a pas osé porter un poncho. Tant mieux. | Photo de PresidenciaRD

Depuis ses déboires en Asie, il gèle. Trudeau, il était temps, semble avoir compris que son zèle hors contrôle ne joue pas en sa faveur et qu’il était temps de changer sa conduite. Lors de sa récente visite à Paris on ne l’a pas vu porter le béret avec la baguette sous le bras. Heureusement. Au sommet des Amériques qui s’est tenu au Pérou, il s’est fait tout petit parmi les grands. Il n’a pas osé porter un poncho. Tant mieux. Il s’est bien gardé d’embrasser un lama et il n’a pas demandé de rencontrer le dalaï du même nom. En somme, ayant muri depuis sa mésaventure au pays de Gandhi, notre P.M. s’est abstenu de faire du zèle. Grand bien lui fasse. Un zélé de moins parmi les membres des pays du Commonwealth ne devrait déranger personne. Comme Zeilig de Woody Allen, notre pas si bien-aimé premier ministre s’est fondu dans la masse, s’évitant ainsi de se mettre dans l’embarras. Voilà qui est fait, bon débarras.

Et puis vous avez le zèle des élus. Ceux qui s’appliquent à démontrer qu’ils ou elles possèdent une intransigeance à toute épreuve sur des dossiers chauds avec l’espoir que les électeurs se souviendront de l’ardeur dépensée pour leur bien par ces zélés désireux d’être plus royalistes que le roi. Dans cette catégorie s’inscrivent sans démesure et sans hésitation Rachel Notley, première ministre de l’Alberta et son homologue de la Colombie-Britannique John Horgan, tous deux néo-démocrates qui ont choisi, une fois n’est pas coutume, de ne pas laver leur pétrole sale en famille. Nos deux compères sont à couteaux tirés. L’enjeu, doit-on le rappeler, tourne autour du projet de l’oléoduc Trans Mountain de la compagnie texane Kinder Morgan. Notre belle province s’y oppose farouchement alors que notre voisine albertaine, appuyé par le gouvernement fédéral tient mordicus à la construction de ce pipeline maudit aussi par une grande partie des membres des Premières Nations. Le conflit s’avère si sérieux que notre Justin qui n’est pas Bieber a décidé d’abréger son séjour au pays du Machu Picchu pour revenir à Ottawa, avant de se rendre en Europe pour un autre sommet, afin de rencontrer les dorénavant frère et sœur ennemis. Peine perdue. La rencontre n’a servi à rien. La Colombie-Britannique et l’Alberta n’ont pas bronché d’un iota. Ce ne sont pas les Rocheuses qui les séparent mais un pipeline. Il y a de l’eau dans le gaz.

Suite à l’échec de cette rencontre on est en droit de se demander si J.T. s’ennuyait au Pérou et cherchait une excuse pour s’évader de ses obligations internationales ou au contraire Monsieur retombait dans la soupe de ses défauts en faisant de nouveau un excès de zèle afin d’affirmer son autorité et de montrer qu’au Canada c’est lui le patron. De quoi vous donner l’envie de faire une grève du zèle.

L’idée ne semble pas déplaire au Castor Castré. Ce dernier profite de l’occasion qui lui est offerte pour ouvrir les vannes : les zèlites, les zhélices, les zélèves, les zéloges, les zélectriciens, les zélectrons, les zéliminations et les zéliminatoires, les zélans, les zéléments, les zellipses, les zélastiques, les zéléphants et toutes les autres zélucubrations en démonstration sur les champs-zélysées. Sacré zazou. Ça c’est du zèle.