Imaginez un réseau de 75 000 kilomètres de pistes cyclables à travers 43 pays. On y est presque puisque 45 000 kilomètres de vélo route ont déjà été réalisés sur l’Ancien continent grâce, en grande partie à un financement de l’Union européenne.
En 1993, le Danemark a eu l’idée d’uniformiser les normes de construction et la signalisation sur un énorme réseau de pistes cyclables qui ne serait plus seulement urbain mais national. La Fédération européenne des cyclistes a repris cette idée à l’échelle de tout le continent. Aux Pays-Bas, c’était facile car tout était déjà en place. Il ne restait plus qu’à normaliser la signalisation pour intégrer les pistes cyclables régionales au réseau européen.
Ailleurs, ça a été plus coûteux et plus compliqué. Les principales vélo-routes ont étés construites en goudronnant les chemins de halage le long des canaux et des fleuves. On peut maintenant pédaler tout au long de la Loire, du Rhône, du Rhin, du Danube ainsi qu’une bonne partie de la Seine, mais aussi le long des canaux qui relient ces fleuves. Les lignes de chemin de fer désaffectées, une fois les rails remplacés par un ruban d’asphalte, font d’excellentes pistes cyclables. En peu de temps, un impressionnant réseau marqué du sigle EV (euro vélo) est apparu sur le continent.
Parmi les vélo-routes les plus populaires, on note « la numéro 1 », dite route de l’Atlantique, qui longe le bord de mer de la Bretagne au Portugal. « la numéro 15 », qui longe le Rhin de la Suisse à la mer du Nord, la plus développée et la plus utilisée. Pour les amoureux de l’histoire, il y a « la numéro 13 » qui longe l’ancien rideau de fer à travers l’Europe. Le long de l’ancienne frontière entre les deux Allemagne, les zones militaires sont devenues une série de parcs forestiers où les cyclistes se promènent là où passaient les patrouilles armées. Ici et là, des miradors abandonnés abritent des nids d’oiseaux et des cônes de béton, recouverts de mousse ou de ronces, attendent les chars soviétiques. Les cyclistes les plus ambitieux rêveront sans doute d’effectuer la totalité de la vélo-route numéro 6 qui va de l’Atlantique à la mer Noire en longeant la Loire, le Rhin et le Danube, et traverse 10 pays pour une distance totale de près de quatre mille kilomètres.
Au début, quelques grincheux ont bien dit qu’il était inutile de dépenser tant d’argent pour quelques promeneurs. Mais l’intérêt économique de la chose est vite devenu évident. Dans de nombreux villages et petites villes, les « fanas » de la pédale apportent de l’argent frais aux commerçants et aux logeurs. Sans compter les compagnies de cyclotourisme qui ont vu le jour et offrent des randonnées vous permettant de pédaler tranquille d’un hôtel à l’autre sans transporter votre valise sur le porte-bagages. Pour les cyclotouristes dont la santé ne permet pas de gros efforts, il est possible de louer des vélos électriques qui seront rechargés pour vous à la fin de chaque étape.
Au Canada, le cyclotourisme est surtout l’affaire de sportifs sérieux qui sont fiers de souffrir dans l’inconfort maximal. Seul le Québec s’est doté de vélo- routes qui n’ont rien à envier à l’Europe. La vélo-route des bleuets, autour du Lac st Jean, traverse 15 municipalités sur une distance de 256 kilomètres. Elle attire de plus en plus de touristes étrangers, notamment français. Il s’agit de faire un peu de sport et d’admirer le paysage, mais aussi, comme en Europe, de profiter des cafés et restaurants dans les jolies petits villages qui jalonnent le parcours. En Colombie-Britannique, on imagine que les voies ferrées désaffectées de l’île de Vancouver feraient d’excellentes pistes cyclables.