Ceux qui aiment Londres et sa longue et fascinante histoire ne voient pas son métro comme un simple moyen de transport public. C’est le plus merveilleux des musées, où l’histoire de la ville se mêle aux souvenirs personnels.
Le « tube », surnommé ainsi à cause de la forme cylindrique de certains de ses tunnels, a fait l’objet de nombreux livres et documentaires mais il passionne aussi un nombre incroyable d’historiens amateurs. Ils sont intarissables sur les prouesses techniques des ingénieurs de l’ère victorienne qui ont bâti la première ligne de métro au monde en 1863. Elle fait maintenant partie de la ligne Hammersmith City Line. Il existe des collectionneurs de billets de métro, de vieilles cartes et d’affiches publicitaires. D’autres s’intéressent plutôt aux aspects techniques de la construction des tunnels au cours des 150 dernières années. Certains parcourent les musées et les dépôts ferroviaires pour voir les différents types de wagons utilisés depuis plus d’un siècle et, si possible, y entrer. D’autres collectionnent même les nombreuses histoires de fantômes qui, dit-on, hantent certaines stations.
Des travaux sont continuellement en cours pour réparer, améliorer et moderniser ce réseau qui transporte près de 5 millions de passagers par jour. Mais on ne change pas ce qu’il n’est pas absolument nécessaire de changer. Dans de nombreuses stations, les bancs en bois sont les mêmes que ceux que l’on peut voir dans les films des années 30. Dans la plupart des cas, le bois, le cuivre, les carreaux de faïence et le fer forgé n’ont pas étés remplacés par le plastique et l’aluminium. C’est pratique pour le tournage des films historiques. D’ailleurs, la direction du réseau possède un département cinématographique qui fait face à une centaine de demandes par mois et peut mettre à votre disposition une gare désaffectée et une rame de métro d’un autre âge.
Au cours des années, j’ai passé d’agréables heures à rechercher l’origine des noms de stations. Les noms, comme Cockfosters, Arnos Grove, Wapping, Barking, Clapham Common, Mile End, Seven Sisters, Tooting Bec, Swiss Cottage, Totteridge & Whetstone, Chalfont & Latimer, Burnt Oak, Elephant & Castle, Turnham Green et Baron’s Court sont autant de défis qui doivent être relevés. On apprend ainsi que Swiss Cottage était un pub dont l’architecture ressemblait vaguement à un chalet suisse. L’auberge a été détruite bien avant la construction du métro mais le nom est resté. Burnt Oak était un tronc d’arbre brûlé par la foudre qui marquait la démarcation entre deux champs à l’époque où ce quartier résidentiel était encore rural. À Londres, l’histoire se cache derrière des tours de bureaux modernes avec des noms de lieux qui remontent très loin dans l’histoire. Exemple, l’origine du nom Tooting Bec. Pour Bec, les historiens sont tous d’accord. Peu de temps après la conquête de l’Angleterre par les Normands (1066) l’Abbaye de Bec (en Normandie) a obtenu des terres dans la région de Londres dans un lieu-dit Tooting. Là, ça se complique car les historiens ne sont pas d’accord sur ce que veut dire le mot Tooting qui est d’origine saxonne. Peu importe, ça n’empêche pas d’avoir Upper Tooting road desservi par la station de métro Tooting Bec.
La plus nouvelle ligne Dockland Light Rail est en fait un métro léger très semblable à notre Skytrain de Vancouver. Cette ligne dessert un quartier ultra-moderne bâti sur les quais de l’ancien port de Londres. Chaque quai avait sa spécialité, que ce soit les fruits exotiques, le sucre, le thé ou le bois canadien. Les nouvelles stations de métro ont gardé les noms de ces anciens quais : Canada Waters, Cyprus, East India Docks, West India Docks etc.
À Acton, dans l’ouest de Londres, se trouve ce qui est sans doute le plus grand musée des transports au monde. Je compte m’y rendre dans quelques jours, ce qui ne manquera pas d’être le sujet d’une autre Carte postale.