Ayant atteint mes 18 ans, je voulais désespérément m’évader. En grandissant dans le froid cinglant de la prairie manitobaine, j’avais mené une vie très protégée. Mes parents m’avaient fourni un foyer plein d’amour, j’étais à quelques pas de chez mes grands-parents et mes amis vivaient littéralement à côté. Mais je voulais des expériences, je rêvais d’aventure. Je voulais un endroit où l’on ne voit pas de vaches depuis le terrain de jeu de l’école.
Déménager à Vancouver en 2010 a été à la fois exaltant et terrifiant. Je me suis aperçue que mon diplôme d’études supérieures conduirait à une carrière en comptabilité, et ce n’était pas là où je voulais me retrouver. Faisant fi de toute prudence, j’ai poursuivi mon amour des films à l’école de cinéma.
J’ai adoré la liberté que la ville m’a donnée. La possibilité de s’asseoir dans un restaurant qui n’était pas de la chaîne Boston Pizza ou Montana. De la cuisine malaisienne ou éthiopienne ! Le
Chinatown, les festivals de films, et la liste continue. Le monde et tous ses gens et ses saveurs se sont précipités vers moi.
Il m’a fallu un certain temps pour me rendre compte que tous ne vivaient pas la même expérience à Vancouver que la mienne. Certaines personnes voient un côté très différent de la ville. Vaste et cosmopolite, Vancouver est belle, continuellement classée parmi les meilleures villes du monde, mais j’ai rapidement pris connaissance des grands clivages qui y existent. Un camarade de classe, le seul avec une voiture, a persuadé un groupe d’entre nous de jeter un coup d’oeil sur le Downtown Eastside.
Dans un Grand Am trop bondé, nous sommes passés des gratte-ciel luxueux à des tentes délabrées. Cela ressemblait à une scène sortie du cinéma. L’usage flagrant de la drogue, les femmes au coin de la rue et la triste statistique que les Premières Nations sont touchées de façon disproportionnée par les problèmes du district. Je ne pouvais pas croire qu’en l’espace de quelques coins de rue les gens vivaient dans le luxe, tandis que leurs voisins vivaient dans la misère. Parfois, c’est une variété de causes qui mènent à l’itinérance : la toxicomanie, la maladie mentale, la pauvreté, etc. En m’informant, j’ai pu améliorer ma compréhension et mon empathie. J’ai récemment lu « Missing Sarah : A Memoir of Loss » par l’auteure locale Maggie De Vries. Elle m’a ouvert les yeux sur la multitude de problèmes qui peuvent amener quelqu’un à se retrouver dans la rue, loin des avantages de la diversité du Vancouver que j’avais découvert plus tôt.
L’école de cinéma m’a fait connaître des artistes du monde entier, ce qui correspond bien à la diversité culturelle que vit l’industrie cinématographique elle-même. Devant et derrière la caméra, le cinéma tente de devenir plus relatif à son public. Divers conteurs se présentent et créent des gagnants au guichet tels que Get Out, Wonder Woman et Black Panther. Ainsi prouvant que des films culturellement variés peuvent également mener à des dollars au guichet. La diversité, non seulement par rapport à la race, mais aux sexes est maintenant au premier plan de notre industrie. Les femmes ont été placées sous le feu des projecteurs grâce au mouvement « #MeToo ». Ce qui a fait passer des décennies de harcèlement sexuel hors des murmures à huis clos et a montré l’écart salarial important entre les hommes et les femmes des deux côtés de la caméra. Étant dans une industrie à prédominance masculine, j’ai dû faire face à ce déséquilibre à maintes reprises, mais il est important de noter que je me retrouve avec un sentiment croissant d’optimisme. Au jour le jour, j’ai commencé à voir les germes d’un véritable changement alors que l’éducation et le suivi sont en hausse en ce qui concerne les questions liées à la diversité au travail.
Mais, comme toute chose, Vancouver ne peut pas être que fleurs de cerisier ou balades sur le Seawall. J’ai appris à composer avec les deux facettes de la ville : son côté plaisant et l’autre déprimant, celui de la pauvreté. Je suis tombée amoureuse de cette ville aux grands édifices étincelants sur arrière-plan de montagnes. Je continue de me renseigner sur le quartier du Downtown Eastside tout en appréciant tous les trésors culturels de Vancouver. Peut-être ne peut-on pas tout avoir dès maintenant, mais Vancouver offre beaucoup.
Traduction par Barry Brisebois