Si le Canada prône de plus en plus le bilinguisme, les résultats restent maigres. Pour atteindre cet objectif, des écoles et différents organismes francophones encouragent et récompensent les jeunes qui contribuent à la mise en valeur de la francophonie sur le territoire. Cette année, Célia Saunier a été l’une des gagnantes du concours Jeunes engagés de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), et s’est vu offrir une bourse d’études pour son implication dans la francophonie britanno-colombienne.
Originaire de l’île de la Réunion, Célia Saunier a déjà passé une grande partie de sa vie au Canada. Enfant de militaire, elle commence à voyager à l’âge de trois ans, d’abord en France, puis à Montréal pendant dix ans, et enfin Vancouver il y a sept ans.
Aujourd’hui, elle étudie la science politique et la diplomatie à l’université Simon Fraser. « Il y a beaucoup de possibilités pour faire des études post-secondaires ici à Vancouver, alors qu’à Montréal il n’y a pas ces opportunités », remarque-t-elle.
Reconnaissante, la jeune femme témoigne de la perception du français en milieu scolaire. « À Vancouver, j’ai grandi dans une école anglophone où les élèves avaient ce privilège de pouvoir suivre des cours de français. Cependant, je n’avais pas la sensation qu’ils le faisaient par choix, mais plus par obligation des parents. Être francophone, ce n’est pas seulement parler la langue. C’est avoir le français dans sa vie. J’aimerais que les jeunes veuillent parler le français, non par obligation mais par désir ».
Entendant parfois le Québec considéré comme le French Land du Canada, elle rappelle que la francophonie, sur le plan mondial, n’est pas seulement basée sur la France. « Il est important que les gens prennent conscience de la richesse d’avoir un bagage multiculturel et à quel point cela ouvre des horizons de savoir parler deux langues ».
Les motivations d’un engagement payant
La motivation de Célia à défendre la francophonie canadienne vient avant tout de l’identification. « Quand on parle du Canada à des étrangers, ils trouvent le bilinguisme cool. J’aimais beaucoup que le bilinguisme soit si intégré à Montréal. Quand je suis venue à Vancouver, je me suis sentie étrangère. Comme si j’arrivais dans un nouveau pays », se souvient-elle.
Parlant français dans un Canada bilingue, Célia nous explique ressentir l’effet d’une barrière de la langue presque handicapante à ses débuts à Vancouver. « Cela m’a encouragée à découvrir tous ces organismes qui se battent pour défendre une entité. J’ai alors commencé à m’engager ».
Ainsi Célia croise-t-elle le chemin de l’ACUFC qui vise à augmenter les possibilités d’un enseignement post-secondaire en français, mais « contribue aussi à la vitalité et à la pérennité de la francophonie canadienne en éducation, en santé, en justice, partout au Canada », souligne Carole Breton, directrice des communications.
Promouvoir le français
La responsable de l’association précise que « l’ACUFC regroupe 21 collèges et universités de la francophonie canadienne avec un effectif total de 38 935 étudiants, dont 34 859 sont des étudiants canadiens ». Parmi eux, Célia fait partie des dix jeunes qui ont reçu une bourse d’étude. « Elle a su faire une différence au quotidien en faisant la promotion de la langue française », relève Carole Breton.
Ces dernières années, Célia s’est impliquée dans du bénévolat pour le BAFF (Bureau des affaires francophones et francophiles) de SFU en aidant à l’organisation de fêtes et de portes ouvertes pour les étudiants qui entrent à l’université. « Cela contribue à les ouvrir aux opportunités liées à la francophonie », observe la directrice des communications.
La jeune francophone a également organisé des sorties d’école culturelles en français et en anglais, au sein de la Fédération de la jeunesse canadienne-française. Son bénévolat s’est aussi manifesté avec Français pour l’avenir à Vancouver, un forum local invitant les jeunes à faire partie de la communauté.
Après avoir partagé son histoire et ses accomplissements avec passion, Célia s’apprête à participer à un échange d’un an à Montréal. La preuve que les occasions de mobilité données aux jeunes francophones font aussi partie de l’avenir bilingue auquel aspire le pays.