Jean-Michel Blais, 34 ans, est un pianiste, compositeur et interprète québécois. Son premier album II a été sélectionné par le magazine Time parmi les dix meilleurs albums de l’année 2016. Après avoir sorti son second album en mai dernier, il se produira au St. James Hall à Vancouver, le 5 octobre prochain. Rencontre.
Dans ma main, le nouvel album de Jean-Michel Blais, est résolument moderne et casse les codes. Selon lui, il s’agit d’un opus « plus mature, du 21e contemporain ». Cette dernière création a été composée et enregistrée la nuit, dans une boutique de pianos. L’artiste explique ce choix : « On entrait à la fermeture de la boutique. Cela nous permettait d’enregistrer à bas coût, sur d’excellents instruments. Dans certaines chansons, on entend des gens qui marchent, des camions qui passent. J’ai vécu à Berlin et cela m’a rappelé le monde de l’électro, qui vit la nuit. »
L’idée du titre « Dans ma main » lui est venue d’un poème québécois d’Hector de Saint-Denys Garneau, le Monde irrémédiablement désert. « Le personnage dénonce sa solitude, sa désolation. Il se retrouve face à une myriade de possibilités qui restent à lire comme les lignes de la main. [Ça me rappelle] lorsque j’ai réalisé que j’avais la possibilité d’écrire ma propre vie », détaille Jean-Michel Blais.
Ses inspirations pour cet album sont diverses : des compositeurs classiques comme Chopin ou Schubert, des artistes plus contemporains comme Chilly Gonzalez, qui fait de la musique électro minimale berlinoise, des musiques de films ou encore de la pop.
Une carrière démarrée sur le tard
La carrière musicale de Jean-Michel Blais a démarré récemment, tandis qu’il était professeur d’éducation spécialisée et qu’une maison de disque a découvert sa musique en ligne. Il a décidé de tout abandonner pour enfin se consacrer à sa passion, alors qu’il avait abandonné le conservatoire de musique de Trois-Rivières dans sa jeunesse. « Je n’arrive pas à vivre sans jouer, composer », confie-t-il.
Pourquoi avoir choisi la musique instrumentale ? « J’aime sa beauté, elle parle à tout le monde, au-delà du monde francophone et du Canada. » Son projet est ambitieux : « Repousser les limites, innover et déhiérarchiser la musique, pour qu’elle soit accessible à n’importe qui. » Quitte à gêner : « Je veux jongler avec plein de choses, même si ça dérange certains puristes », reconnaît-il.
Un spectacle tout en simplicité
Heureux de jouer à Vancouver, ville pour laquelle il a eu le coup de foudre lors d’un passage à Victoria, l’artiste raconte : « Je vois vraiment Vancouver d’un point de vue montréalais. C’est l’autre ville belle et cool, mais c’est loin, inaccessible. C’est puissant dans l’imaginaire. »
Concernant son spectacle, beaucoup en improvisation, il promet certaines surprises : « Je me suis créé un instrument, un peu comme un orgue, avec un pédalier et un contrôleur midi. Pour passer tout en fluidité de l’acoustique et l’électro. » Le compositeur veut aussi casser les préjugés de la musique classique qui peut être considérée comme ennuyante et où certaines personnes pourraient ne pas se sentir à leur place. « Je ne veux pas que les gens se soucient de comment s’habiller ou comment se comporter pendant mon spectacle. » Et d’ajouter : « Je blague même avec le public ! ». Jean-Michel Blais conseille ainsi son spectacle à tous les publics : « Ça s’adresse juste à une paire d’oreilles », résume-t-il.
Quel est le dernier disque que vous avez acheté ?
Singularity de Jon Hopkins.
Quel est le premier disque que vous avez acheté ?
La bande originale du film Bodyguard, avec notamment Whitney Houston.
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Il n’est pas encore écrit !