De la chaleur étouffante de Chennai aux pluies glaciales de Vancouver, mes déplacements à travers la moitié du monde m’ont fourni une abondance de nouvelles expériences. L’Inde, pourtant connue pour sa diversité culturelle, est parfois critiquée par ses propres citoyens pour ne pas être aussi tolérante que des pays comme le Canada. Pour cette raison, la vie à Vancouver est radicalement différente pour moi de celle que j’ai vécue à Chennai, en Inde.
Comme tout adolescent, j’étais très motivé à sortir de chez moi et explorer l’inconnu après avoir terminé mes études secondaires. Cela m’a amené à me chercher une place parmi les universités d’Europe et d’Amérique du Nord. La paranoïa de ma famille à l’égard des lois américaines sur les armes à feu et les récents cas d’hostilité en Europe m’ont conduit à me concentrer davantage sur les universités canadiennes. C’est pourquoi, par la suite, j’ai fait une demande à l’Université de la Colombie-Britannique, où j’ai été accepté.
Je me suis vite rendu compte qu’à Vancouver il n’y avait pas de distinction claire entre son « chez soi » et « l’inconnu ». En fait, les deux sont interchangeables, selon le cas. Lorsque j’ai fait mon premier trajet en taxi du terminal international de Vancouver vers ma future résidence, le fait de pouvoir parler avec le génial chauffeur indien dans ma langue maternelle m’a fait oublier que j’étais dans un pays totalement différent. Cependant, mon premier déjeuner (qui était aussi, par coïncidence, la première fois que j’ai essayé du sushi) au restaurant japonais situé en bas de mon appartement m’a laissé avec une envie de plus de sushis et de faire de nouvelles expériences.
Au début, j’ai dû faire face à de nombreux chocs culturels, mais au fil du temps, la liste se fait de plus en plus courte. Le choc culturel le plus important auquel j’ai été confronté était qu’ici les activités de loisirs sont différentes. En Inde, passer du temps avec mes amis consistait à aller au cinéma ou simplement bavarder, mais ici à Vancouver, la même activité partagée avec des connaissances ou des amis se concentre autour de diverses fêtes ou événements sociaux ou encore à des activités très énergiques comme la randonnée.
Un autre aspect qui m’a stupéfié était le nombre de choix culinaires disponibles à Vancouver. J’ai été surpris de trouver un restaurant servant une cuisine différente à chaque coin de rue. Tous ces choix me laissaient confus quant au prochain repas. Plus le nombre de chocs culturels augmentait, plus je devais sortir de ma zone de confort.
Le travail à temps partiel m’a aussi grandement aidé à sortir de mon cocon. En Inde, où j’ai grandi, j’avais une sécurité financière grâce à mes parents. La norme veut que les enfants dépendent financièrement de leurs parents jusqu’à la fin de leurs études universitaires et se trouvent un emploi professionnel. Cependant, étant très éloigné de mes parents et vu le coût élevé de la vie à Vancouver, il était devenu impératif de me trouver une source de revenu supplémentaire. Mon indépendance financière dans une certaine mesure m’a appris par la suite à gérer mes dépenses plus efficacement. Et très vite, je suis devenu plus intéressé par l’acquisition des compétences requises dans différents emplois plutôt que par le salaire offert. Cela m’a conduit, cahin-caha, à travers une panoplie d’emplois dans différents secteurs.
J’ai fini par me familiariser avec la vie quotidienne de Vancouver, mais il me reste encore beaucoup d’endroits à voir et de nouvelles choses à découvrir. J’ai encore à visiter la Pacific National Exhibition (PNE), le pont suspendu de Capilano et le mont Grouse. Chaque fois que je visite un nouveau lieu et que je communique avec de nouvelles personnes, je suis en train de convertir l’inconnu au familier.
Vivre à Vancouver m’a exposé à tant de cultures qu’il est dérisoire de dire que je ne suis qu’un citoyen indien. Au contraire, je suis devenu un citoyen du monde qui en apprend un peu plus sur une culture différente chaque fois que j’interagis avec mes collègues du Moyen-Orient sur mon lieu de travail (un restaurant méditerranéen), que je rencontre des amis de ma petite amie chinoise venus d’Asie du Sud-Est ou que je parle au propriétaire coréen du magasin de revues du quartier.
Traduction par Barry Brisebois