Le spectacle Empire of the Son aura lieu du 8 au 17 novembre au théâtre Gateway à Richmond. Chroniqueur au Huffington Post, acteur, journaliste et chercheur à l’Université de Colombie-Britannique (UBC), Tetsuro Shigematsu a mis deux ans à écrire ce spectacle dont il est la vedette. À cheval entre théâtre et télévision, ce spectacle relate l’histoire de Tetsuro et de son père Akira en explorant les conflits intergénérationnels d’une famille immigrante.
Tetsuro et son père parlent différentes langues et possèdent des valeurs dissemblables, mais ce qui les oppose en réalité, ce sont leurs similitudes. Tous deux peu loquaces, Tetsuro s’est aperçu qu’il connaissait mal son père lorsque sa santé commença à décliner. Devenu lui-même père à son tour, il savait cependant que ses deux jeunes enfants finiraient par avoir des questions sur leurs grands-parents – qui étaient-ils et pourquoi étaient-ils venus ici – et qu’il n’aurait pas les réponses. Tetsuro explique : « C’est en 2013 lorsque mon père s’est affaibli que je m’aperçus que je n’ai jamais partagé une conversation avec lui. »
Tetsuro a travaillé pendant deux ans sur Empire of the Son, un spectacle à caractère personnel consacré à sa relation avec son père et à l’histoire de ce dernier. Le spectacle voit le jour pour la première fois en octobre 2015. Un mois plus tôt, en septembre, Akira Shigematsu décède alors que Tetsuro était encore préparation du spectacle.
Une histoire à plusieurs visages
L’histoire d’Akira ne peut laisser indifférent tant elle fut rythmée. Témoin de la bombe d’Hiroshima en août 1945, Akira se retrouve comme beaucoup « discriminé à cause de la probable contamination dont il a été victime », confie Tetsuro. Il quitte alors le Japon pour Londres, où il deviendra une figure de la radio anglaise sur CBC, avant de s’expatrier pour le Canada.
L’histoire qu’Empire of the Son raconte est passionnante et parfois complexe. Elle n’est en revanche pas complètement singulière. Chacun peut voir une partie de soi dans ce spectacle. Qu’il s’agisse des mouvements de population d’après-guerre encore d’actualité dans le monde, ou bien des conflits multiculturels et intergénérationnels au sein d’une même famille, l’histoire de Tetsuro et d’Akira est aussi celle de beaucoup de Canadiens. « Comme beaucoup d’hommes, je suppose que je n’ai jamais vraiment eu de conversation à cœur ouvert avec mon propre père », reconnaît Tetsuro.
En outre, l’histoire contée trouve un écho tout particulier au sein de l’audience multiculturelle de Vancouver, où beaucoup ont une langue natale différente de celle de leurs parents.
Une mise en scène surprenante
Chacun peut donc s’identifier à ce qu’il voit grâce à un spectacle basé sur le symbole où l’imaginaire du spectateur est vivifié. « Fréquemment, des spectateurs me disent qu’ils ont l’impression que j’illustre leur histoire dans mon spectacle », remarque Tetsuro.
Pour provoquer des émotions, la mise en scène est judicieusement choisie, et Richard Wolfe, le directeur, a été une source d’inspiration pour le reste de l’équipe. Tetsuro décrit la mise en scène comme une sorte de « cinéma en direct ». À l’aide de caméras, de miniatures et de projecteurs, Tetsuro et son équipe créent des univers entiers dans l’imaginaire du public, en combinant une écoute profonde et des images hypnotiques.
« Nous nous sommes engagés dès le début à garder autant que possible, philosophiquement, esthétiquement et humainement, cette pièce. Cet engagement m’a aidé à faire mon deuil. Il m’arrive même parfois de pleurer sur scène », confie Tetsuro.
Empire of the Son œuvre comme une catharsis, soutenue par une mise en scène originale où les symboles sont présents et les mots pesés. Tetsuro, Richard Wolfe et le Vancouver Asian Canadian Theater ont développé un spectacle vrai et authentique où l’acteur n’est pas juste un acteur mais un homme qui n’a pas peur de dévoiler son histoire familiale et sa vulnérabilité.
Lien utile : www.gatewaytheatre.com