Il faut bien l’avouer, « Appartenir à une minorité » quelle qu’elle soit, c’est en quelque sorte : dénoncer, défendre, argumenter, débattre, promouvoir, échouer, vaincre… C’est « faire et prendre sa place » pour espérer avoir ce qui nous revient, faire ce qui pourrait nous convenir et être ce que nous sommes. C’est la volonté de celles et ceux faisant partie de ces minorités ethniques, culturelles, religieuses, sexuelles… et bien sûr linguistiques. En appartenant à l’une d’entre elles – une minorité linguistique – les francophones et par extension les francophiles de la Colombie-Britannique ont dû, doivent et devront « faire et prendre leur place ».
Dans notre article d’il y a un an, Les manchettes de 2017 en rafale !, paru en décembre dernier, il était question d’un élan de dynamisme de la communauté francophone et francophile de la Colombie-Britannique.
Petit tour d’horizon sur la poursuite de cette effervescence perceptible de la francophonie en 2018 !
« Faire et prendre sa place » dans la communauté
Bonne nouvelle cette année pour les projets communautaires qui mettent les personnes au premier plan et qui offrent des mesures concrètes pour améliorer la vie des francophones puisque le gouvernement provincial a annoncé qu’il injecterait 250 000$ dans les services en français offerts en Colombie-Britannique. Selon les observateurs, il s’agirait là d’un investissement sans précédent pour la communauté francophone et qui sera offert annuellement pour les cinq prochaines années.
Autre événement à noter, la tenue du premier sommet sur la transmission du français, une initiative de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique (FPFCB), dont le but était de sensibiliser l’ensemble de la communauté francophone afin d’unir leurs actions et de conjuguer leurs efforts pour assurer la transmission de la langue et de la culture aux enfants et aux jeunes. Cette union pourrait, selon les organisateurs, favoriser la pérennisation de la communauté francophone et francophile.
Bien ancrée dans le paysage économique francophone de la province, la Société de développement économique de la Colombie-Britannique (SDECB) a fêté son 20e anniversaire avec l’organisation du congrès Élan Sommet 2018. Cet événement inédit, en français, a été l’occasion pour l’organisme de non seulement célébrer son parcours, mais aussi de rassembler la communauté d’affaires francophone et francophile de la province pour une journée riche en enseignements. Rappelons que la SDE épaule au quotidien l’entrepreneuriat francophone avec la mise en place d’actions tangibles tout en répondant aux besoins de la communauté pour tout ce qui touche au développement économique.
Dans le milieu médiatique communautaire, la radio associative Co-op radio a, elle aussi, donné une place à la communauté francophone de Vancouver en diffusant une série d’émissions, Excuse My French, qui dresse un portrait de la francophonie locale avec à la clé un coup de projecteur sur des initiatives proposées en français à Vancouver et dans les villes avoisinantes.
« Faire et prendre sa place » en éducation
L’éducation en français dans un contexte minoritaire constitue en soi un enjeu et un atout indéniables. En Colombie-Britannique, le Conseil scolaire francophone (CSF) a mis en place un réseau d’écoles qui va au-delà du simple enseignement. Pour preuve, l’école des Pionniers-de-Maillardville a lancé deux nouveaux programmes d’activités parascolaires en immersion française. L’immersion, dans toutes ses formes, devient alors un moyen différent pour partager son identité.
Toujours en 2018, une conférence portant sur les besoins des jeunes et la qualité de l’éducation a permis de mettre en avant cette richesse de la scolarisation des élèves francophones en milieu minoritaire. Pour la conférencière, cela contribue au développement d’autres capacités, comme la créativité, la résolution de problèmes, les compétences sociales. En outre, il semblerait que cela favorise aussi « la capacité d’apprentissage des autres langues ».
« Faire et prendre sa place » en culture
Autre secteur, autres enjeux. Le domaine culturel devient très souvent une voie pour révéler son identité. La communauté francophone et francophile de la province n’est pas en reste puisque plusieurs projets culturels ont vu le jour en 2018. C’est le cas, par exemple, du roman La Librairie des Insomniaques de l’écrivaine québécoise d’origine et franco-colombienne, Lyne Gareau.
En cinéma, deux étudiants en immersion française, William Challis et Kate Chubbs, ont fait partie cet automne du Jury international de la 36e édition du Carrousel international du film de Rimouski, au Québec. Chaque année, ce concours est lancé par Visions Ouest Productions à l’intention des jeunes de l’Immersion française et du Programme francophone du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique. Toujours en cinéma, Vancouver a accueilli les 24e Rendez-vous du cinéma québécois et francophone, le seul événement d’envergure en Colombie-Britannique qui célèbre des productions cinématographiques en français. Si ce festival met l’accent sur la francophonie, la diversité des thèmes abordés et la qualité des projections montre que, avant tout, ce festival célèbre la culture et le savoir-faire des artistes francophones.
Autre événement-phare cette année, dans le cadre de La nuit des idées 2018 : l’imagination au pouvoir, l’Alliance française de Vancouver a tenu une table ronde axée sur l’art et son influence dans la société. Quatre intervenants, dont les profils variés offraient une « transversalité sur le thème de l’art, sur ce que veut dire être francophone dans le milieu artistique de Vancouver ». Les invités ont pu échanger à volonté avec comme but ultime de démontrer que la culture – francophone – a bel et bien sa place à Vancouver.
Le futur de la francophonie en minorité linguistique
En 2018 toujours, une conférence Francophonie canadienne, histoire et migration a eu lieu et a été le moment idéal pour se rappeler l’histoire de la francophonie, se questionner sur l’apport des communautés francophones et sur les défis auxquels elle fait face. Selon le Recensement de 2016, la dualité linguistique se porte bien en Colombie-Britannique.
Le nombre de Canadiens bilingues semble augmenter aussi grâce, entre autres, à toutes ces communautés culturelles qui voient le français comme un atout. Il est par exemple possible d’observer à Vancouver des communautés asiatiques très enclines à apprendre le français. Pour qu’une langue soit vivante, il faut qu’elle soit parlée et apprise : ces communautés participeront peut-être au futur de la langue française au Canada.
Enfin… minorité ou majorité ? Est-ce que faire partie d’une minorité ne serait pas en fait être dans la majorité ? Puisqu’en général, il serait peut-être préférable d’appartenir à une minorité active qu’à une majorité inerte ! La question est posée.