« Technologies of the Self ? » : un café philosophique animé par Reema Faris

Reema Faris animera une discussion sur le souci de soi. | Photo de SFU

Dans le cadre du « Café des philosophes », la SFU (Simon Fraser University) organise une série de discussions sur des thèmes variés, accessibles à tous. Le 28 janvier, le thème abordé sera celui des Technologies of the Self chez Michel Foucault. Un sujet passionnant, animé par Reema Faris, doctorante à l’université Simon Fraser (SFU). La discussion aura lieu à 19 h, à la bibliothèque municipale Lynn Valley à North Vancouver.

Michel Foucault (1926–1984) est un philosophe français qui s’est entre autres intéressé à la folie, au système carcéral et à l’histoire de la sexualité. Militant de gauche, une grande partie de son œuvre s’interroge sur les liens entre pouvoir et connaissance. Ses ouvrages les plus connus sont Les Mots et les choses (Gallimard, Paris, 1966), L’archéologie du savoir (Gallimard, Paris, 1969), Surveiller et punir (Gallimard, Paris, 1975), ou encore Histoire de la sexualité en 4 volumes (Gallimard, Paris, 1976, 1984, 1984 et 2018).

A la fin de sa vie, Foucault s’intéresse à l’individu, et particulièrement au « souci de soi ». Dans une étude des exercices ascétiques gréco-romains et chrétiens, il entamera une réflexion sur l’articulation entre savoir, pouvoir et sujet. En octobre 1982 il participe à un séminaire de l’Université du Vermont intitulé Technologies of the Self.

Le souci de soi

Technologies of the Self désigne les techniques par lesquelles l’individu prend soin de lui-même. Le « souci de soi » est un concept important de la philosophie grecque ancienne, mais également dans la culture chrétienne et monastique de la fin de l’Empire. Lors du séminaire mentionné précédemment, Foucault va analyser les différentes techniques du « prendre soin de soi » durant ces deux grandes périodes.

Pour comprendre ce concept il convient dans un premier temps de le distinguer du principe delphique, le fameux « connais-toi toi-même ». Dans la philosophie grecque, les deux sont liés, mais subordonnés : pour se connaître, il faut d’abord se soucier de soi. Mais qu’est-ce que le « soi » dont il faut prendre soin ? Et comment l’individu doit-il en prendre soin ?

Pour Platon, c’est de l’âme dont il s’agit de prendre soin. Comment : En étudiant, en lisant, en méditant. Ainsi, l’individu peut mieux se connaître, et exercer une activité politique juste. Durant la période hellénistique, le souci de soi n’est plus une simple préparation à la vie politique mais devient un principe universel, que le sujet doit observer tout au long de sa vie. Il le fait au moyen d’un examen de conscience qui consiste en cela : analyser chaque acte pour en déterminer l’adéquation à des règles de conduites.

Dans le christianisme, Foucault relève deux pratiques différentes de la révélation de soi, basées sur la confession. La première, l’exomologèse, consiste à faire pénitence : le pécheur se reconnaît publiquement comme tel, et subit la punition qui s’ensuit pour être lavé de ses péchés. La seconde, l’exagoreusis, suppose un examen permanent de ses pensées. Dans la pratique monastique, toute pensée qui ne serait pas tournée vers Dieu doit être confessée en privé. La révélation de soi passe donc par la verbalisation perpétuelle de ses pensées et de ses actes.

Reema Faris est doctorante à la faculté de la condition féminine, de la sexualité et des sciences (GSWS) de la SFU. Ses recherches portent sur le lien entre la culture populaire et le féminisme. Lors de ce café des philosophes, elle invitera le public à se demander quelles « techniques du soi » nous mettons en place dans nos vies quotidiennes pour savoir qui nous sommes et comment nous voulons être dans le monde. Dans la lignée de Foucault, elle interrogera le lien entre savoir et pouvoir aujourd’hui. « À quel point comptons-nous sur les organisations, les institutions et les figures d’autorité pour nous dire comment nous devons être ? Et quel est le but d’explorer et de comprendre le soi ? », ajoute Reema Faris.

Dans la Grèce antique, le but du souci de soi était de devenir un meilleur citoyen. Mme Faris remplacera ce souci dans une perspective contemporaine : « Si on applique les techniques du soi aujourd’hui, quel but essayons-nous de remplir ? », questionne-t-elle.

 

Pour plus d’information, visitez le www.sfu.ca/continuing-studies/events/2019/01/technologies-of-self.html