La scène de la Scotiabank Dance Centre lèvera le rideau sur une avant-première mondiale, made in Vancouver, Ying Yun du 19 au 23 février.
Cette création de danse contemporaine, façonnée par le chorégraphe Wen Wei Wang, met en lumière la femme. Parmi les interprètes, Stéphanie Cyr, jeune danseuse locale récemment intégrée à la troupe Wen Wei Dance. Regards croisés sur un spectacle à découvrir prochainement.
Wen Wei Wang, vous êtes chorégraphe et directeur artistique de Wen Wei Dance et Ballet Edmonton, et vous, Stéphanie Cyr, jeune danseuse. Parlez-nous de votre parcours…
Wen Wei Wang : Je viens de Xi’an, en Chine. La danse est entrée dans ma vie à l’âge de six ans quand j’ai vu, pour la première fois, un ballet intitulé La fille aux cheveux blancs dans ma ville natale de Xi’an, en Chine. Il a été créé pendant la révolution culturelle. Je me souviens parfaitement d’une belle femme fuyant vers une montagne où ses cheveux sont devenus blancs. Puis un soldat communiste l’a trouvée et l’a ramenée dans son village. Ils sont tombés amoureux. Lors de mon retour à la maison, j’ai emprunté le foulard en soie blanche de ma mère pour montrer, devant ma famille, la plupart des étapes du magnifique solo. J’ai su, dès lors, que j’aimais la danse.
Stéphanie Cyr : J’ai débuté la danse à 10 ans dans une école locale de Shawville au Québec, d’où je suis originaire. Je n’ai plus arrêté. A 15 ans, j’ai intégré une école de danse à Ottawa en danse classique pendant près de quatre ans, avant d’arriver à Vancouver à l’Arts Umbrella durant deux ans. Walter Matteini, un chorégraphe italien venu donner des cours, cherchait des danseurs. Il m’a proposé de le suivre. J’ai passé un an à Pise, en Italie. C’était la première fois que je quittais l’Amérique du Nord… Le choc culturel a été important. J’ai ensuite tenté ma chance à Montréal, quelques mois, avant de revenir à Vancouver. C’est ici que je me sens bien, que j’ai mes contacts dans le milieu de la danse, mes amis aussi…
Vous présentez, dès le 19 février et en avant-première mondiale, Ying Yun. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
WW.W : Ying Yun est le nom de ma mère. Ying signifie héro et Yun, les nuages. Ce travail est dédié à elle et son décès en 2014, suite à un cancer des ovaires. Ma mère a été d’une grande influence dans ma carrière d’artiste et la femme la plus proche dans ma vie. Quand elle était jeune, elle voulait être actrice et jouer sur scène, mais sa famille était trop pauvre pour soutenir son rêve. Elle a épousé mon père très jeune et elle est devenue enseignante. Elle a donné sa vie à notre famille.
Cette pièce de danse est destinée essentiellement aux interprètes féminines…
WW.W : Ying Yun est un travail de danse contemporaine qui étudie l’observation de la féminité en relation avec ma vie. L’absence patriarcale dans ma vie m’a donné plus d’affinité avec les femmes et la féminité. Je vois ici le pouvoir de la femme qui m’a embrassé tout au long de ma vie, m’amenant à explorer le pouvoir qui réside en chacune des danseuses : collaborer, respirer, bouger et briller comme elles le font, en tant qu’être humain puissant et complexe.
Quel dialogue tentez-vous de créer avec le public ?
WW.W : Je veux faire passer la pureté de nos émotions, la puissance de notre corps humain, les contraintes de notre contrôle et le souffle de nos profondeurs.
Il s’agit de votre première collaboration ensemble. Parlez-nous de votre travail commun…
S.C : Wen Wei Wang enseignait dans un studio où je m’entraînais. Il m’a contactée au printemps car une danseuse quittait Wen Wei Dance. J’ai suivi les entraînements tout l’été puis une autre danseuse s’est blessée. J’ai dû intégrer rapidement la troupe en spectacle et apprendre la pièce en deux jours. C’était un défi. Puis en novembre, nous avons commencé à travailler sur Ying Yun. À la base, Wen Wei Wang est un danseur de ballet. On retrouve cette influence du ballet dans ses créations avec quelque chose de très poétique dans les mouvements.
WW.W : Stéphanie Cyr est très intelligente et artistiquement sensible aux intentions profondes de mon travail. Elle est également une excellente et unique interprète. Mais ce travail est une collaboration avec toutes les danseuses.
Du 19 au 23 février à 19h
Scotiabank Dance Centre
677 rue Davie
Tarif plein : $37