Partir à la découverte d’un autre confort que celui de son foyer, c’est essentiel. Quitter son patelin pour découvrir le monde et partager ensuite ses expériences pour éclairer les yeux rêveurs des gens qui sont restés là et qui vous ont laissés partir avec le cœur gros.
L’Ouest canadien m’a toujours attirée depuis mon adolescence. Je le voyais comme un endroit mythique où les Québécois se rassemblaient pour vivre le plein-air et la cueillette de petits fruits dans la vallée de l’Okanagan. Dans mon esprit, on s’évadait là pour faire une «passe de cash», apprendre l’anglais et rencontrer des bohèmes festifs.
J’ai beaucoup voyagé depuis l’âge de 16 ans. Je voulais découvrir le monde et les différentes cultures. Mon appartenance aux Premières Nations du Canada m’a permis de rencontrer d’autres tribus américaines et africaines, qui s’identifient comme autochtones. La médecine traditionnelle était notre point de rencontre.
Un jour est arrivé où quelque chose m’a frappée en plein visage. J’aimais tellement les voyages que j’en oubliais mon rêve d’adolescence et, par le fait même, le vaste territoire qu’était mon pays. Avec mon conjoint et mes deux filles, nous sommes donc partis du Québec, le printemps dernier, en quête d’aventures et de Rocheuses. Les bagages de la famille fraîchement entassés dans le camion, Maxime, mon conjoint, était prêt à affronter la Transcanadienne vers la côte du Pacifique. J’allais le rejoindre plus tard, en avion, avec mes deux filles de 7 mois et de 2 ans tandis que lui, il préparait notre nid douillet. Nous pensions partir pour seulement quelques mois, histoire que mon chum travaille un peu et que j’explore le coin de pays avec mes filles tout en apprenant la langue de Shakespeare. Ça, c’était sans savoir ce que l’avenir nous réservait vraiment.
Quelle fut ma surprise, en arrivant à Vancouver, de constater qu’après tant de voyages vécus, un unique trajet « aller » de cinq heures en avion me transporterait à travers une centaine de pays à la fois, en un seul et même lieu. J’étais fascinée et je le suis encore.
L’Ouest, c’est aussi un respect envers les peuples autochtones. J’ai appris que les gens de l’Ouest se donnaient le devoir de reconnaître leurs droits avant chaque déclaration publique. J’en ai ensuite été témoin lors d’un spectacle en ville. L’ouverture de la scène avait commencé par cette gratitude : « Nous sommes reconnaissants à l’égard des Nations Musqueam, Squamish et Tseil-Waututh de nous accueillir sur leur territoire traditionnel ». J’ai même reçu des courriels ayant pour signature automatique ce même hommage.
Là où je suis née, les gens vivent dans un milieu rural, enveloppés d’une forêt boréale et d’un lac peu profond, qui nous fournit nourriture, calme et réconfort. Les gens d’ailleurs viennent de passage l’été, mais repartent aussi vite qu’arrivent les temps froids. Disons que les autres ethnies sont beaucoup moins communes en région comparativement aux grands centres urbains. En effet, dès qu’une personne brille d’une mentalité différente, d’un habillement hétérodoxe, d’expressions inconnues ou d’une spiritualité distincte, elle attire forcément les curieux du village. Par leurs histoires aussi uniques les unes envers les autres, ces personnes venues d’ailleurs détiennent le don de nous faire voyager tout en restant dans le confort de notre patelin.
À Vancouver, la vue des montagnes, les espaces verts en pleine ville et les cerisiers en fleurs qui décorent les rues en mai sont encore plus charmants que dans mes rêves d’adolescente. Cependant, ce sont avant tout les individus si intéressants que je croise qui nourrissent ma fascination quotidienne. Ici, le simple fait de côtoyer cette riche diversité à travers ce paysage grandiose m’aide à définir ma propre culture québécoise-ilnue. Bizarrement, cette richesse de cultures contribue à forger mon identité propre, car je m’imprègne de chacune des personnes que je croise afin de devenir une meilleure personne. En somme, la région du Grand Vancouver est un endroit où des êtres humains venant des quatre coins du monde ont choisi de vivre en harmonie avec la nature, en pleine ville.
Tout compte fait, j’affirmerais qu’une culture n’est pas un état stagnant. Elle est propre à chacun et évolue en même temps que s’ouvrent les esprits. Nos gènes ne définissent pas qui nous sommes. Nous décidons qui nous souhaitons devenir. Nous déterminons si nous voulons faire le bien autour de nous. La culture, c’est s’ouvrir, réfléchir, agir. C’est choisir les croyances qui nous rejoignent selon nos plus intimes convictions.