Je suis arrivée à Vancouver en octobre 2018. Montréal a été la première ville à m’avoir accueillie sur le sol canadien. J’y suis restée près de trois ans pendant lesquels je me suis sentie comme dans un petit cocon, dans une routine facile, entourée de francophones. Entretemps, je suis rentrée en France, pour retrouver mes racines auprès de ma famille et de ma Bretagne natale. Finalement, retourner vivre au Canada a été un choix difficile. Faire face une seconde fois à une nouvelle culture, et cette fois-ci, à une autre langue est très difficile, demande beaucoup d’énergie et une forte capacité d’adaptation. Mais je souhaitais de nouveau sortir de ma zone de confort et découvrir la vie en tant que minorité linguistique.
Pour ce nouveau départ, je rêvais entrepreneuriat, indépendance et miser sur mon point fort, le français. Les désillusions sont vite arrivées, notamment parce que je pense que je n’étais pas encore prête pour cela. Découvrir une nouvelle ville, une nouvelle culture et devoir utiliser l’anglais au quotidien est déjà assez prenant. S’imposer une nouvelle façon de travailler en étant le seul maître à bord l’est tout autant.
Lors de mes voyages en Colombie-Britannique, de Denman Island à Haida Gwaii, en passant par l’île de Vancouver, j’ai rencontré des personnes aux multiples vies, animées par ce besoin d’être juste soi sans être défini par un diplôme. C’est cela aussi Vancouver, une ville qui donne à tous une chance de se construire une vie sur mesure.
Finalement, c’est une chance de faire partie d’une minorité à Vancouver. Tout le monde se connaît et s’entraide. En arrivant dans cette métropole, j’ai découvert un réseau francophone ancré, solidaire et dynamique. Que de rencontres et de partages ! Le réseautage, qu’il se fasse dans le milieu francophone ou selon les centres d’intérêt a fait naître chez moi une saine émulation. Qu’est-ce qu’un francophone peut apporter au reste de la population vancouvéroise ou aux autres francophones ? Qu’est-ce que, moi, en tant que francophone je peux apporter à ma communauté linguistique ? Finalement, appartenir à la communauté francophone, c’est aussi être reconnu et ne plus être un simple numéro au milieu de tous les autres.
Après avoir mis de côté mes envies d’entrepreneur, le destin m’a apporté un travail s’apparentant à un vieux rêve d’enfant qui restait à la surface. Cette occasion d’être toujours plus impliquée dans la francophonie me fait constater qu’à Vancouver le travail peut se trouver n’importe où et qu’il nous permet, parfois, de prendre des chemins parallèles pour mieux se retrouver plus tard.
Ce que j’attends de mon expérience à Vancouver est d’oser, de me renouveler, de changer mille fois de métier, de vie et d’envies et me sentir utile aux autres.
Vancouver est une ville d’adaptation, en pleine construction, riche de toutes ces cultures et ces langues. Riche également de plus d’une centaine d’années d’immigration, de personnes qui ont osé quitter une vie qui ne les satisfaisait pas pour différentes raisons, et qui, pour s’en sortir se sont donné les moyens de se surpasser. Comme Vancouver, je suis en pleine construction. Je cherche mon identité, celle qui me fera dire « je suis moi, à ma place ».
Partie avec, en tête, des rêves d’entrepreneur, les désillusions m’ont assaillie. Les difficultés d’être minoritaire et d’avoir un anglais plus ou moins opérationnel ont eu raison de ces rêves. Mais Vancouver m’a permis, en attendant, de réaliser plusieurs rêves d’enfant dont celui de devenir journaliste. Vancouver est le lieu de tous les possibles.