Les partis d’opposition se régalent de la plus récente controverse qui vient éclabousser le Parti conservateur et par le fait même le gouvernement de Stephen Harper. Cette affaire d’appels automatisés diffusant de fausses informations à l’intention des électeurs domine les débats. Sentant évidemment un filon à exploiter pleinement, l’opposition a même laissé de côté la controverse autour du projet de loi sur les communications électroniques. Même si le Premier ministre ne laisse transparaître aucun signe d’un homme ébranlé, cette histoire pourrait hanter son parti pour un bout de temps. Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres pour ses opposants.
Peu importe vos sentiments face à cette histoire, elle ne fera pas nécessairement mal au gouvernement. Du moins, elle ne portera pas de coup fatal à moins que la filière remonte directement à la porte du Premier ministre ou à un membre de sa garde rapprochée.
Il me semble évident que ce dernier, nonobstant la façade d’un homme n’ayant rien à se reprocher qu’il exhibe depuis ces révélations, doit quand même être un peu nerveux. Voyez-vous, les partis d’opposition, Élections Canada et même la Gendarmerie royale du Canada ne sont pas les seuls à vouloir savoir ce qui est derrière ce genre d’appels. Les plus hauts dirigeants du parti conservateur, son chef en tête, sont sûrement impatients de savoir, de un, si ce sont en fait des membres de leur parti qui ont concocté ces tactiques et, de deux, à quel niveau hiérarchique ils se trouvaient dans l’organisation de la formation politique.
Chose certaine, on peut parier que le Premier ministre n’en savait absolument rien. Les chefs des partis politiques sont très rarement informés des détails logistiques de leur campagne électorale. Par exemple, le chef ne sait fort probablement pas où et à quel moment les publicités électorales sont achetées. C’est le genre de décision qui est laissée aux soins des experts de la campagne.
Mais peu importe, les tactiques utilisées par ceux qui se sont prêtés à ce jeu sont absolument disgracieuses. Certes la victoire est ce que recherche toute personne posant sa candidature aux élections, mais la seule façon de mériter cette victoire est de l’obtenir de façon honorable. Le genre de comportement dont on fait état présentement ne fait rien pour redorer le blason de la classe politique. Néanmoins, il n’y a pas de doute dans mon esprit. Aucun des députés élus dans les circonscriptions apparemment visées par ces appels automatisés n’était au fait de ce qui se passait ou, pire encore, n’avait acquiescé à ces méthodes.
Il y a toujours eu, dans le contexte surchauffé de la campagne électorale, des gestes mesquins pour tenter de déstabiliser l’adversaire. Il n’y a rien de bien nouveau aux appels inopportuns faits aux partisans de l’un ou l’autre. Toutefois, le stratagème mis à jour va bien plus loin.
Ce qui est différent dans l’affaire des appels automatisés est en fait l’utilisation d’une technologie qui permet de faire des appels en masse et de joindre rapidement et sans effort un grand nombre d’électeurs. C’est pour cette raison que cette affaire cause une telle consternation. Car, l’utilisation de telles technologies pour induire en erreur des électeurs n’est rien d’autre qu’une tentative de détournement démocratique. Il faut donc absolument aller au fond de cette histoire.
À ce jour, il n’y a rien qui prouve que quiconque au sein du Parti conservateur ait donné le feu vert à de telles manœuvres. Tout ce que l’on sait, c’est que des appels ont été faits avec le but précis de confondre des électeurs et de les empêcher de se prévaloir de leur droit de vote.
Mais il faut quand même bien se rendre à l’évidence que quelqu’un, quelque part s’est dit, un bon matin, qu’il serait de bonne augure de donner une commande d’appels automatisés, avec pour objectif de colporter de fausses informations et d’entraver la bonne conduite du processus électoral.
Il faut que les autorités utilisent tous les moyens à leur disposition pour identifier les personnes impliquées et s’assurer qu’elles soient sévèrement punies.