Oubliez la vie en rose. Pensez vert. Un vert verdoyant, plein d’avenir. Un vert bien parti. Au Canada, le Parti vert, écologiste par vocation et profession de foi, prend de plus en plus d’ampleur et affiche fièrement sa belle couleur synonyme d’une nature en bonne santé. Le vert est à la mode et il n’y a pas que saint Patrice qui s’en félicite et qui en soit ravi.
La dernière élection partielle, tenue dans la circonscription de Nanaimo-Ladysmith en Colombie-Britannique, qui a vu l’élection de Paul Manly, maintenant nouveau député du Parti vert à Ottawa, peut être le signe avant-coureur du déclin des partis traditionnels au profit du parti de madame Élizabeth May qui devait jusqu’ici se sentir bien seule au parlement à Ottawa. Elle a dorénavant, politiquement parlant, quelqu’un pour lui tenir compagnie. À eux deux ils font la paire et aimeraient, nul doute, en octobre prochain agrandir leur belle famille. Cette tâche n’apparaît pas tout à fait impossible de nos jours. Ces deux-là, toujours politiquement parlant, s’ils s’y prennent bien, devraient faire des petits et pourraient se retrouver toute une flopée sur la colline parlementaire. Perspective alléchante pour ceux en faveur d’un univers vert.
Les verts ont le vent en poupe. En Colombie-Britannique (tant qu’on y est, parlons de notre paroisse) depuis mai 2017 trois députés verts siègent à l’assemblée législative, devenant ainsi le premier caucus vert à être formé en Amérique du Nord. À l’Île-du-Prince-Édouard les verts ont réussi à faire élire neuf députés dernièrement. Il est vrai que les sondages les donnaient gagnants. Petite déception donc mais énorme gain tout de même.
Les verts, force est de constater, empilent les succès. Élizabeth May, contrairement à Theresa, son homonyme britannique, peut afficher, ce qu’elle ne se gêne pas de faire, un sourire résolument éclatant que ses adversaires, notamment Justin Trudeau, doivent lui envier.
Les verts donnent le vertige aux partis traditionnels qui constatent avec effroi que leur monde tourne à l’envers. Et pour cause : les verts apparaissent les seuls véritablement à se préoccuper du bien-être de notre planète. Planète bien mal-en-point, avouons-le. Un récent rapport des Nations-Unies nous prévient qu’un million d’animaux et de plantes sont actuellement menacés d’extinction causée par l’activité humaine. Il ne serait pas sot de rajouter, en contrepartie aussi, menacés par l’inactivité humaine, l’indifférence. Reproches qui, de toute évidence, ne s’adressent pas aux verts. Pas de quoi s’étonner, à la lumière de ces données peu reluisantes, de l’intérêt soutenu d’un électorat inquiet qui se tourne vers un parti lui promettant un avenir meilleur. Un parti qui s’adresse aux futures générations. Un parti qui a remplacé le célèbre « c’est l’économie, stupide » par « c’est l’écologie, niaiseux ». Un parti qui vous parle et qui parle pour vous.
À m’écouter, à me relire j’ai le sentiment de m’être donné le feu vert envers une campagne électorale en faveur des verts. Et pourquoi pas après tout ? Les rouges (libéraux), les bleus (conservateurs), les oranges (néo-démocrates) à un degré moindre certes, n’arrivent pas à la cheville des verts lorsqu’il est question de faire face aux problèmes les plus pressants. Ce sont les seuls à parler avec vigueur des changements climatiques et des dangers qui en résultent. Les verts sont les seuls, à ma connaissance, désireux de faire face à la musique alors que les autres partis ne savent pas sur quel pied danser. Ils vous donnent l’impression, lorsqu’il est question de prendre des décisions, de marcher sur des charbons ardents.
En m’en prenant aux trois grands partis canadiens, tout en faisant l’éloge et vantant les mérites du Parti vert, je ne fais que reconnaître ma profonde frustration envers le peu de progrès accompli en matière de protection environnementale.
Il est donc naturel que la tendance verte me gagne. Mais ce n’est pas dit que les verts veuillent de moi. N’est pas vert qui veut. Mettre ma bicyclette sur le toit de ma voiture ne fait pas de moi un vert automatiquement. Par contre si je roule à vélo au beau milieu de la route pour empêcher les automobilistes de passer, il y a de grandes chances que je sois accepté. Dois-je devenir végétarien ou végétalien ? Je n’ose pas leur demander.
Peut-être que mes chances seraient meilleures si je leur proposais une série de slogans pour leur prochaine campagne électorale du genre : « Pour un avenir moins sévère, votez vert ». « En vert et contre tout, votez vert ». « Pour plus d’hiver, votez vert ». « Poètes : faire des vers, c’est voter vert ». « Mères, pères, faites des verts ». « Ne faites pas taire les verts de cette terre ».
Suite à ça, si les verts veulent bien encore de moi, je serai verni.