Dans le cadre des 20 ans du journal La Source, Luc Bengono est allé à la rencontre de plusieurs anciens collaborateurs de l’édition francophone. Voici son entrevue avec Josée Malenfant, rédactrice en chef du journal La Source à ses débuts, de février à août 2000.
Durant quelle période avez-vous travaillé pour le journal La Source et comment et dans quelles circonstances avez-vous commencé à collaborer avec le journal ?
Avec deux collègues, j’ai occupé le poste de Rédactrice en chef du journal La Source en 1999 dans le cadre d’un programme d’emploi subventionné. Mamadou Gangué avait fondé le journal peu avant, tout en travaillant comme journaliste à Radio-Canada. Il venait nous retrouver le soir, son équipe de La Source, comme on rentre à la maison après le travail. Nos voisins, un trio de bijoutiers australo-canado-arméniens, se joignaient alors à nous autour d’une bière. Et nous finissions tard la journée, enivrés par les effluves du comptoir de pizzas quelques étages plus bas. Nous avions des fonds et un espace limités, mais nous arrivions (le plus souvent!) à en faire une source de motivation et de fierté : nous accomplissions de petits miracles avec peu.
Au moment de son lancement, Mamadou Gangué, le fondateur, avait pour ambition de « s’intéresser de près à l’actualité des différentes communautés qui composent notre mosaïque culturelle… Et de mettre en évidence les évènements majeurs de toutes les communautés avec le secret espoir d’établir des ponts entre elles ». À votre époque, pensez-vous que le journal était fidèle à cette ligne éditoriale ?
Faire connaître l’actualité des communautés et créer des ponts entre elles et la société… Les communautés bouillonnaient de vie, mais fonctionnaient souvent en vase clos; les grands médias s’y intéressaient à l’occasion, mais la présentation restait souvent superficielle. C’était une idée nouvelle et un grand défi de se consacrer à temps plein à relier tous ces mondes. C’était une nécessité, ça allait de soi, mais comment y arriver? Nous nous sommes donné la liberté de ratisser large et de respecter tous les modes d’expression de la diversité, des reconstitutions ou rappels fidèles du passé aux identités réinventées et projetées vers l’avenir. Le résultat était éclectique, mais a semblé fonctionner et toucher beaucoup de gens.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous étiez confrontées ?
Gérer une équipe multiculturelle de bénévoles, ce n’était pas toujours de tout repos. Chacun avait à composer avec la recherche d’emploi, l’adaptation à un nouveau milieu, le choc culturel, etc. Il nous fallait convaincre, motiver, soutenir, informer, encadrer… et finalement arriver à remplir nos pages d’articles dans les délais. C’était un travail exigeant, qui dépassait le cadre du journal, mais qui se révélait immensément enrichissant.
À votre avis, quel visage présentera ce journal dans vingt ans ?
Issu des bases solides posées par Mamadou Gangué, le journal a bien évolué en 20 ans. Il s’est enrichi de l’apport de chacun qui y a trouvé, pour un mois ou quelques ans, un port d’attache. Ce sera excitant de suivre à l’avenir le développement de ce média unique et toujours à l’avant-garde.
Vous souvenez-vous d’une anecdote que vous pourriez partager avec nos lecteurs ?
Il nous arrivait bien sûr toutes sortes d’aventures. Une jeune stagiaire française s’est jointe à nous pendant l’été. Elle parlait encore peu l’anglais, et nous tentions de l’aider à s’acclimater peu à peu. Ma collègue de la section anglaise du journal, Jennifer Patterson, et moi avons eu l’idée de l’envoyer à Wreck Beach pour y faire un reportage, mais nous n’avions pas prévu que les habitués du lieu la presserait de se fondre au décor en se débarrassant de ces choses inutiles et encombrantes que sont les vêtements…
Où vivez-vous et quel emploi occupez-vous actuellement ?
L’expérience de La Source est toujours présente en moi; je continue à en explorer diverses facettes en tant que traductrice et rédactrice agréée vivant à Sofia (Bulgarie) – qui fait dans ses temps libres le pont entre le monde et les habitants locaux au sein du réseau international des Greeters.
Propos recueillis par Luc Bengono
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