Dans le cadre des 20 ans du journal La Source, Luc Bengono est allé à la rencontre de plusieurs anciens collaborateurs de l’édition francophone. Voici son entrevue avec Gary Drechou, ancien rédacteur en chef.
Durant quelle période avez-vous travaillé pour le journal La Source ?
J’ai travaillé pour le journal La Source, d’abord comme pigiste, puis comme rédacteur en chef de la section française d’avril 2014 à juin 2016.
Comment et dans quelles circonstances avez-vous commencé à collaborer avec le journal ?
Au printemps 2014, après une décennie à Montréal, j’ai fait le choix de changer de vie et de mettre le cap sur Vancouver. J’avais alors envie de revenir à plein temps au journalisme et besoin de m’ouvrir de nouveaux horizons. Après quelques démarches et échanges de courriels, c’est Mamadou Gangué qui m’a donné ma chance. Tout a commencé par une pige à distance («Docteur ès diversités»: atout maître des décideurs en éducation?, volume 14, édition 5), puis, dès mon arrivée à Vancouver, je me suis impliqué dans la vie du journal. Cette période a été l’une des plus heureuses de ma vie et j’en suis, encore aujourd’hui, immensément reconnaissant.
Au moment de son lancement, Mamadou Gangué, le fondateur, avait pour ambition de « s’intéresser de près à l’actualité des différentes communautés qui composent notre mosaïque culturelle… Et de mettre en évidence les évènements majeurs de toutes les communautés avec le secret espoir d’établir des ponts entre elles ». À votre époque, pensez-vous que le journal était fidèle à cette ligne éditoriale ?
Absolument! À elle seule, l’équipe de rédaction reflète d’ailleurs cette ligne éditoriale et humaine, qui me semble plus pertinente que jamais.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre collaboration avec le journal La Source ?
Si La Source m’a permis de prendre pied à Vancouver, de me constituer un premier cercle, de partir à la découverte de communautés, d’événements et de récits aux quatre coins de la ville, c’est l’aventure humaine autour de ce journal, ainsi que la rigueur éditoriale de ses éditeurs, qui m’ont marqué le plus durablement. Les personnes et les parcours réunis autour de Mamadou Gangué chaque fin de semaine ou presque au moment de l’édition, mais aussi les rencontres de “débriefing” après la parution de chaque numéro, sont un modèle pour d’autres publications. Tout jeune (ou moins jeune) journaliste est à bonne école à La Source, et peut grandir ou s’épanouir dans ses pages.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous étiez confronté ?
Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières, en dehors du rythme de publication soutenu pour une petite équipe: j’aurais aimé pouvoir me consacrer à plein temps à La Source à l’époque où j’en étais le rédacteur en chef, même si cela n’était pas financièrement possible.
À votre avis, quel visage présentera ce journal dans vingt ans ?
Si La Source fête aujourd’hui ses 20 ans, occupant une place à part dans le paysage médiatique de la Colombie-Britannique, j’espère que le journal continuera de mettre en perspectives cette diversité si précieuse. Il me semble que dans 20 ans, nous aurons tout autant, si ce n’est encore plus besoin de regards originaux, de pistes, d’ouvertures, d’alternatives, et surtout de liens, de ponts. Je lui souhaite d’agrandir son cercle de lecteurs et de contributeurs exigeants, et d’exister sur le papier comme en ligne, ce qui constitue déjà un sacré défi.
Quelles améliorations peut-on y apporter ?
Je crois que le journal évolue en même temps que la ville, que son équipe de rédaction et que ses lecteurs, et c’est très bien ainsi. Depuis la Suisse, je continue à le parcourir avec plaisir et j’espère qu’il continuera à cultiver des liens au-delà de Vancouver.
Vous souvenez-vous d’une anecdote que vous pourriez partager avec nos lecteurs ?
Plus qu’une anecdote: c’est en partie grâce à La Source que j’ai rencontré mon mari, d’origine coréenne. À l’époque, je devais en effet couvrir pour La Source la Coupe du monde de football sous l’angle culturel. L’idée était d’aller à la rencontre des supporters d’équipes qui n’étaient pas favorites, dans différents lieux à Vancouver. Afin de pouvoir assister à un match de l’équipe de Corée du Sud, j’ai demandé conseil au gérant d’un café dans lequel je travaillais chaque matin, avec lequel j’avais déjà échangé au sujet du pays. C’est ainsi que nous sommes allés voir un match, entourés de supporters coréens, puis que nous nous sommes rapprochés.
Où vivez-vous et quel emploi occupez-vous actuellement ?
Je vis actuellement en Suisse, où je suis rédacteur en chef du magazine scientifique In Vivo, publié en français et en anglais, ainsi que responsable éditorial pour la Direction générale de l’hôpital universitaire de Lausanne.
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Propos recueillis par Luc Bengono
Pingback: Célébrons nos 20 ans en 2019 … des entretiens d’hier à aujourd’hui. | La Source | Vol 20, No 2 - 9 juillet au 27 août 2019