Après avoir pris plusieurs semaines de repos (sept semaines en tout) rien de plus naturel que de démarrer cette chronique en entrant, la tête la première, dans le vif du sujet. Je vous propose ainsi de faire un bref inventaire des divers évènements qui, jusqu’à présent, ont retenu mon attention cet été sans prendre en considération ceux qui, par inadvertance, me sont passé sous le nez ou que j’ai cru bon de négliger.
D’emblée je ne peux ignorer l’horrible canicule qui s’est abattue sur une grande partie de l’Europe et qui toucha assez durement la France. Du jamais vu. Des chaleurs épouvantables à vous donner l’envie de vous réfugier au Groenland tant et autant que Donald Trump ne puisse être en mesure d’acquérir cet immense lopin de glace.
Parlant du diable qui, navré de devoir vous le dire, même en période de vacances, s’arrange toujours pour faire la manchette des journaux et dominer l’actualité. Aucune accalmie estivale. De juillet à août, Trump tweete à qui mieux mieux. Ses propos racistes et xénophobes ne connaissent plus de limite. Ils se multiplient. Les tueries de Dayton et d’El Paso ne le fragilisent pas. Rien ne le perturbe. Plus il est ignoble plus il a de chance de se faire réélire. C’est grave. Les démocrates aboient, les républicains, et moi à leur tête, passent, doit-il se dire. Nous ne sommes pas prêts de voir la dernière goutte qui fera déborder le vase.
Mais oublions ce sinistre personnage pour jeter un coup d’œil sur d’autres nouvelles dont il a été question pendant notre absence. On ne peut passer sous silence l’accès de Boris Johnson au poste de premier ministre du « Royaume-Pastrèsuni ». Avec cet hurluberlu aux allures de clown grotesque, les ennuis des Britanniques ne font que commencer. Brexit… s.v.p., par ici la sortie.
En Inde, les musulmans du Cachemire vivent un cauchemar. Narenda Modi, le premier ministre indien, un ultra nationaliste, tout frais de sa réélection en mai, a cru bon de révoquer le statut d’autonomie constitutionnelle du Cachemire le 5 août dernier. La tension monte dans la région. Le Pakistan, qui revendique la province himalayenne, n’apprécie pas du tout ce coup de force. Ces deux ennemis jurés possèdent un armement nucléaire assez conséquent dont on ne peut ignorer la portée. Tension explosive, c’est le moins que l’on puisse dire. Modi n’est pas Gandhi. Qu’il soit maudit.
Restons en Asie, où la Chine continue de faire la pluie et le beau temps. À Hong Kong, la mobilisation du peuple surprend. Les manifestations quasi quotidiennes nous tiennent en haleine. Assiste-t-on à une bataille entre David et Goliath ou à une dispute entre le capitalisme sauvage et le communisme impérial ? Difficile à dire. On peut toutefois admirer au passage le courage des manifestants qui, depuis juin, se mobilisent contre les autorités locales soumises au pouvoir central de Pékin. Comment finira ce soulèvement de masse ? Je ne suis pas devin mais, à la vue de l’armée chinoise amassée aux portes de Hong Kong, je ne parierais pas cher ma chemise (made in China) sur les chances de succès des Hongkongais.
Pour couronner le tout et revenir enfin chez nous, on ne peut ignorer le rapport du commissaire à l’éthique, sorti récemment, blâmant Justin Trudeau dans l’affaire SNC-Lavalin. Le premier ministre veut bien reconnaître sa responsabilité mais refuse de présenter ses excuses. Quant à son ancienne ministre de la Justice, Madame Jody Wilson-Raybould, qui lui a causé tous ces soucis, elle pourrait être en grande partie responsable de son éventuel échec aux prochaines élections fédérales. La nouvelle députée indépendante s’est contentée de faire savoir, sourire aux lèvres, qu’elle était satisfaite du rapport de Mario Dion puisqu’elle avait enfin, selon elle, obtenu gain de cause tout en reconnaissant que le premier ministre n’avait commis aucun crime.
Les chefs de l’opposition, conservateur et néo-démocrate en tête, par contre, se sont jetés sur les conclusions de ce rapport comme la misère sur le pauvre monde. Ce flagrant excès d’opportunisme n’a pas jeté sur eux un très bon éclairage. Il nous a permis de constater que ces deux-là ne sont pas des lumières. La réaction de Madame Elizabeth May, la chef des verts, tout en étant dure, fut plus digne. Elle considère qu’il s’agit d’une question morale que seul Trudeau, en choisissant de démissionner ou non, peut régler. Elle ne voudrait pas, j’imagine, je spécule, en critiquant trop sévèrement le premier ministre, compromettre une possible alliance de son parti avec les libéraux si ceux-ci devaient former, après le 21 octobre, un gouvernement minoritaire.
En politique, souvent et non parfois, prudence, patience et compétence font plus que force ni que rage. Les représentants du sommet du G7, qui viennent de terminer leur réunion bidon à Biarritz en France, devraient en prendre de la graine.