Inspirée, en quelque sorte, à la fois par les vitraux mystiques anciens et les effets mystérieux des taches d’encre du test psychologique de Rorschach, l’exposition au Centre culturel francophone, pour l’instant reportée, Fantomatique/Vertige sur fond plat de la jeune artiste francophone Elsa Chesnel invite les spectateurs à « ressentir » ses oeuvres et à réfléchir aux émotions et sensations profondes qu’elles évoquent quand ils les regardent.
La collection comprend des études de nus académiques ainsi que le sentiment de la perte, notamment de la mobilité et des êtres chers.
Les tableaux et les dessins au fusain d’Elsa Chesnel offrent au regard du spectateur un jeu qui semble poindre entre l’ombre et la lumière, ce qui suscite la perception visuelle individuelle avec densité, poids et mystère.
« C’est comme ça que je m’exprime », explique l’artiste. « Parce qu’au bout du compte ce n’est plus de moi qu’il s’agit. Créer me permet de me libérer du trop-plein ».
L’artiste et son art
Autodidacte, Elsa Chesnel a commencé à créer dès son plus jeune âge : des aquarelles de sa Provence natale baignées des influences de Cézanne, des nus de l’école des Beaux-Arts, des photos argentiques inspirées du contraste de Cartier-Bresson, des mobiles basés sur les courbes et les couleurs merveilleuses de Calder et de Sonia Delaunay.
En immigrant au Canada, Elsa Chesnel a eu peine à reprendre son art avant de rencontrer son mentor qui l’a replongée dans la poésie Beat et la peinture expressionniste abstraite américaine. C’est en 2018 qu’elle a commencé à prendre son art au sérieux et à exposer. Depuis, ses oeuvres ont pu être admirées dans de multiples expositions solos et de groupe dans divers lieux d’exposition du Grand Vancouver. Plusieurs de ses oeuvres se trouvent aussi dans des collections privées en France et au Canada.
Elsa Chesnel a toujours été séduite par le fusain. Le gâchis noir l’engloutit à mesure que les dessins émergent. Bien que le charbon de bois soit son moyen de prédilection, ses limites ont poussé l’artiste à utiliser l’acrylique pour s’exprimer dans des formats plus grands, expérimenter la couleur et appliquer cette approche aux figures pastel sur papier.
Son processus de création se perd d’abord en forme et en masse, puis lorsqu’elle nettoie l’image, ces mêmes formes et masses modelées au hasard trouvent un sens à travers la ligne alors qu’elle explore ses pensées. Qu’elles créent des œuvres abstraites ou figuratives, ses pièces atteignent un stade où la forme devient secondaire, et où le sentiment prédomine. Là où les deux styles commencent à fusionner; les formes deviennent concrètes et les figures perdent leur structure dans le domaine de l’abstraction. Une fois terminée, le sens de la pièce n’appartient plus à l’artiste, mais aux émotions qu’elles suscitent dans le cœur du spectateur. C’est ainsi qu’à bien des égards, les oeuvres d’Elsa Chesnel, qu’elles soient figuratives ou abstraites, ressemblent aux taches d’encre de Rorschach.
Du test psychologique à l’émoi artistique
Les « taches d’encre » de Rorschach, le psychologue suisse du 19e siècle, sont un jeu de cartes contenant des images de taches d’encre qui ont été repliées sur elles-mêmes pour créer une image miroir. Au début Hermann Rorschach s’est intéressé à ce test qu’en tant qu’expérience de perception; un simple moyen d’étudier comment les gens voient les choses. Par la suite, il s’est rendu compte que les gens voyaient les choses différemment selon leur personnalité, et qu’ils pouvaient utiliser ces images comme un véritable test psychologique.
Ce qui découle à la fois du test de Rorschach et de l’art abstrait moderne est que leur interprétation n’appartient plus ni au psychologue ni à l’artiste, mais uniquement aux sensations et émotions du spectateur qui les ressent.
De par la beauté visuelle et la forme séduisante de ses oeuvres, Elsa Chesnel a su créer une collection qui non seulement émeut et inspire mais touche l’âme et l’esprit.
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