Cela fait trois mois depuis que la pandémie paralyse presque la totalité de la planète, et les impacts de la crise se font sentir à tous les niveaux : culturel, économique, social, et psychologique. Pourtant, pour les climatologues, les spécialistes et les artistes travaillant dans le domaine de la crise climatique, la crise du coronavirus révèle de nouvelles possibilités d’action climatique.
Quelles seraient les leçons à tirer de la pandémie par rapport à l’avenir de la lutte contre le changement climatique ? Quel est le rôle du deuil écologique en ce moment ? L’art et les artistes ont-ils un rôle à jouer ? Ce sont des questions que Kendra Fanconi et Olive Dempsey exploreront lors de leur webinaire Activating Compassion and the Creative Spirit at a Time of Crisis, le mercredi 3 juin de 9 h 30 à 11 h, dans le cadre de l’événement Climate Change Reset : Learning from the Global Pandemic, présenté à la faculté de l’environnement de l’Université Simon Fraser à Vancouver.
L’importance du travail collectif
« Souvent, lorsque nous réfléchissons à la crise climatique, nous pensons à « quelle action individuelle puis-je prendre afin de réduire ma propre empreinte carbone ? Mais ce que nous savons de la crise où elle se trouve actuellement – alors que, selon l’ONU, nous sommes dans cette dernière décennie d’action où nous pouvons garder notre planète vivable – c’est que nous avons besoin d’un changement systémique, d’une action collective », questionne Kendra Fanconi, directrice artistique de la compagnie de théâtre vancouvéroise, The Only Animal. « Or, nous sommes moins habitués à [des actions collectives] parce que notre culture est construite autour d’un cadre néolibéral où nous sommes habitués à penser ‘Je ne contrôle que ce que je peux faire’. La crise de la Covid nous a donné cette extraordinaire chance pour une action collective » ajoute-t-elle.
De sa part, Olive Dempsey, facilitatrice à Reconnecting to Life, et dont le travail soutient les transformations interdépendantes au sein des individus, des groupes et des communautés, note que c’est trop tôt pour voir tous les parallèles entre la crise climatique et la pandémie. Néanmoins, dit-elle, on peut déjà observer cette correspondance et interdépendance en action : « Nous sommes dans une période d’incertitude où nous voyons vraiment comment nos vies sont profondément interdépendantes et reliées localement et mondialement [et que] lorsqu’une partie cesse de fonctionner, de nombreuses autres parties sont impactées et
cessent également de fonctionner. Je pense que c’est une perspective vraiment importante à retenir et qui est, j’espère, éclairée par cette expérience [de la pandémie]. »
Créativité et compassion : clés de la mobilisation
La crise climatique et la pandémie : deux énormes défis à l’échelle mondiale qui peuvent, par moments, sembler insurmontables. Comment peut-on, en tant qu’individus, citoyens, communautés, ou industries, commencer à les confronter ?
Kendra Fanconi offre une belle métaphore pour initier la conversation : « Si vous déplacez quelque chose de très lourd, vous devez tous trouver un endroit autour de cet objet où vous pouvez le saisir pour le
soulever. Ces deux crises sont toutes deux très lourdes, [mais] il y a tellement de place pour nous autour de la table pour aider ». Et lorsqu’il devient de plus en plus difficile d’atteindre le public avec « des données ou des histoires de déclin de la population d’orques, de températures en hausse, ou d’acidification des océans », l’art a toujours le pouvoir de nous émouvoir : « La superpuissance particulière des arts est de pouvoir entrer dans les espaces où nous sommes anxieux et en deuil et de pouvoir nous emmener en voyage, [de nous aider à] traiter notre chagrin, et puis une fois que tout cet état [où on se sent paralysé] est fondu, alors nous sommes en mesure de nous mobiliser », déclare Kendra Fanconi .
D’après Olive Dempsey, c’est le travail de deuil lui-même qui peut nous aider à être prêts à trouver des solutions : « Je pense que nous ne devons pas chercher à transformer notre chagrin en action. Je pense que notre travail de deuil sert, en fait, une fonction libératrice : il libère notre impulsion à agir. Nous parlons souvent de la sensation d’être submergé par la crise climatique, de se sentir dépassé, paralysé. Et la façon dont je pense au chagrin, est que cette sensation d’être submergé est, en fait, une émotion non traitée, […] de la tristesse, du chagrin, de la rage. Lorsque nous nous tenons avec compassion dans un processus qui permet à ces sentiments de nous traverser, cette énergie que nous utilisions pour les contenir, les contrôler et les gérer, est libérée pour l’action. »
Le webinaire inclura des réflexions à partir de ces différentes perspectives ainsi que des composantes plus pratiques : « Nous essayons de travailler de manière créative afin d’élaborer des exercices [tels que] des exercices de respiration, des visualisations, pour que cela ressemble plus à un atelier. Nous travaillons également avec un facilitateur graphique qui créera un enregistrement en direct de la session », explique Kendra Fanconi. « On s’attend à ce que les gens arrivent prêts à être attentifs, à regarder à l’intérieur [d’eux-mêmes] et à s’exercer à regarder à l’intérieur. Car, en parler c’est une chose, mais la pratique, c’est là où réside vraiment la richesse » conclut Olive Dempsey.
On conseille à ceux qui sont intéressés à participer à ce webinaire de réserver une place
en avance. La limite est de 100 places. Visitez
www.eventbrite.ca/e/climate-change-reset-learning-from-the-global-pandemic-tickets-102800308490?aff=erelexpmlt pour vous inscrire