Cette phrase nous l’avons tous déjà entendue : la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elle réserve de nombreuses surprises, parfois bonnes, parfois mauvaises. L’arrivée de la pandémie de la COVID-19 représente un peu des deux à mes yeux.
Arrivée en octobre 2019 à Vancouver, j’envisageais d’y rester le temps de mon permis vacances-travail. Soit une durée totale de deux ans. Avec un objectif de carrière et de vie dans ce vaste pays. Bien installée et ayant vécu les premiers mois dans un véritable creuset culturel, j’appréciais de plus en plus ma nouvelle vie canadienne. Journaliste de formation, je cultive la curiosité comme un art de vivre. Avide de nouvelles expériences, de découvertes, de rencontres, j’étais dans un bain de cultures et avec l’esprit prêt à recevoir une mine de nouvelles informations. Début mars, nous avons tous été témoins de la progression inquiétante de ce nouveau virus, notamment en Europe. Mes racines sont dans l’est de la France et je m’inquiétais bien évidemment pour tous mes proches, habitant en Alsace, à Mulhouse précisément. Une ville qui finalement aura été au coeur de l’actualité française et mondiale même. Le « premier » foyer de contagion du pays, dont le démarrage aurait trouvé sa source dans un rassemblement religieux. J’ai ainsi assisté « de loin » à la progression de la COVID-19 dans ma région natale, partagée entre deux sentiments. Y voir un simple cauchemar ou une bien triste réalité.
L’inconnu comme horizon
Ma nouvelle vie « vancouvéroise » a de fait pris un tournant des plus inattendus. Installée dans une réalité canadienne où le virus n’a finalement pas été aussi destructeur, en tout cas en Colombie-Britannique, et assistant à distance à l’actualité tragique du côté de mes racines françaises, frappées de plein fouet par cette maladie inconnue. Ce contexte inédit nous a tous plongés dans un état d’esprit ambivalent. Entre stress progressif et sérénité latente ici à Vancouver.
J’avais bien sûr la famille et les amis en communication quasi quotidienne. Certains commençaient à prendre la mesure de ce qui se passait dans les hôpitaux, tandis que d’autres s’inquiétaient pour moi par rapport à la progression inquiétante de la COVID-19 chez nos voisins américains. La vague du virus semblait alors très concrète pour tout le monde après plusieurs mois où nous nous sentions encore intouchables. Une « petite grippe », ici et là, un virus qui tue un peu plus que d’habitude et ne s’attaque qu’aux « vieux ». Oui, les gens n’ont pas pris la mesure du phénomène tout de suite.
L’oeil du cyclone
Début mars, les choses se sont accélérées. J’habitais alors en colocation à Vancouver avec une autre Française, et nous avons senti la ville ralentir et les premiers licenciements arriver. Ma colocataire savait qu’elle perdrait son boulot à la fin mars, une information ayant été donnée en amont par son employeur. Les commerces non essentiels ont fermé les uns après les autres, comme dans le tourisme par exemple, où les principales attractions ont fermé dès la première quinzaine de mars. J’avais d’ailleurs passé un entretien d’embauche pour récolter quelques dollars en attendant. Eh bien ! Je n’y aurai jamais été au final.
Les vacances scolaires de printemps ont signé un peu plus l’arrêt sur image à Vancouver. Les élèves ne sont pas retournés à l’école comme prévu et nous avons vu les mesures de confinement « non obligatoires » être davantage communiquées. Du côté de Mulhouse, où mon attention se focalisait désormais même à distance, la situation semblait catastrophique avec un nombre de personnes hospitalisées et mourantes qui grandissait de jour en jour. La zone est devenue dangereuse, la « plus chaude » de France pour ce début de pandémie en territoire « Bleu, Blanc, Rouge ».
Des approches différentes
L’avantage du Canada au mois de mars, est d’avoir pu observer en amont ce qui se passait notamment en Europe. Utilisation des masques et distanciation sociale ont fait leur apparition très tôt, limitant à mon avis le nombre de cas dans la zone de Vancouver. J’ai aussi vu de par mon activité de tutrice en français, que les transports en commun se sont vidés très rapidement. Bus et Skytrain circulaient quasiment à vide. Un luxe pour moi à ce moment-là et surtout un moyen de me déplacer sans réel danger. Les rues désertes du centre-ville auront aussi marqué les esprits. Des scènes inédites que l’on a retrouvées un peu partout sur la planète, remisant l’Homme en coulisse.
Fin mars, c’était pour moi aussi la solitude et le moment de penser à l’avenir. Ma colocataire rentrée en France, je pesais alors le pour et le contre. Rester mais à quel prix ? Finalement j’ai choisi de rentrer pour être près de ma famille et mes amis en attendant que la crise passe. Je compte bien retourner à Vancouver dès que le vent tournera.
Espérons que cette « pause planétaire » pourra trouver une issue plus « humaine ».
Et pour finir par un autre adage qui, souhaitons-le, s’avérera vrai : à quelque chose malheur est bon.