Aujourd’hui, plus que jamais, être capable de parler une langue autre que sa langue maternelle demeure un besoin essentiel dans cette ère de la globalisation. De là l’importance de l’Association canadienne des professeurs de langues secondes (ACPLS), établie en 1970, qui a comme mission « [d’encourager et faire] progresser l’excellence professionnelle dans l’enseignement des langues au Canada ».
Les 23 et 24 octobre, l’ACPLS célébrera son 50e anniversaire de sa conférence nationale pour les enseignants des langues secondes, Célébrons les langues sans frontières (CLSF) 2020, une occasion pour les enseignants, les professeurs, les chercheurs et les administrateurs passionnés des langues de partager leurs expériences et d’explorer les derniers développements dans le domaine.
Apprendre une langue, apprendre une culture
Catherine Ousselin, professeure de français à l’école Mount Vernon, au nord de Seattle, dans l’État de Washington, est une des présentatrices invitées au CLSF 2020.
Née dans une famille canadienne, elle a grandi aux États-Unis dans l’état du Minnesota où cinq membres de sa famille parlaient encore français.
Or, cette langue disparaît peu à peu de sa famille, et la jeune Catherine Ousselin cherche des moyens de s’entourer du français et d’autres langues. Elle étudie le français à l’école secondaire et visite la France et le Canada. Elle voyage aussi en Italie et c’est lors d’un séjour dans ce pays qu’elle comprend d’où venait son désir d’apprendre des langues.
« Quand j’ai fait mon premier voyage en Italie, je savais exactement pourquoi il fallait apprendre l’italien : c’était à cause des gens, de la cuisine, de l’histoire », raconte-t-elle. Cet intérêt culturel ne se limite pas au français et à l’italien. Catherine Ousselin parle aussi l’espagnol et l’allemand et est en train d’apprendre un peu de japonais et d’hébreu, preuve de sa curiosité et de son amour pour l’apprentissage des langues.
Ouvrir l’esprit à travers les langues
Selon Joanne Robertson, directrice de l’enseignement en langues et de l’apprentissage échelonné/estival pour le District scolaire de North Vancouver et membre du Conseil d’administration de l’ACPLS, l’apprentissage des langues a des impacts positifs qui vont au-delà de la connaissance d’une autre langue. Tombée amoureuse du français dans sa jeunesse, passion qui s’intensifie après un semestre d’échange en France, Joanne Robertson a une connaissance directe ainsi que professionnelle de ces impacts.
« On sait que l’apprentissage d’une langue seconde a un impact positif sur le développement des compétences cognitives en général. Il y a plusieurs études qui ont démontré que les personnes bilingues sont plus performantes [dans] la résolution des problèmes, les activités multitâches, la mémorisation », explique-t-elle. Les études montrent aussi que « l’apprentissage d’une langue seconde contribue au développement de la langue maternelle chez les apprenants, et bien sûr ça aide énormément avec l’apprentissage plus facile et plus rapide d’autres langues », continue-t-elle.
Pourtant, pour cette professionnelle de la pédagogie des langues, les plus grands bénéfices sont ceux qui reviennent à un plan plus personnel chez les personnes bilingues ou polyglottes.
« Il y a des bénéfices pour les bilingues ou les personnes qui parlent plusieurs langues au plan personnel, socio-émotionnel. L’apprentissage d’une langue seconde, ça renforce la tolérance à l’ambiguïté, et aussi
l’appréciation de différentes perspectives et pratiques culturelles », affirme-t-elle.
Éliminer les barrières
Joanne Robertson explique qu’un des objectifs de la CLSF 2020 est d’éliminer davantage les barrières de participation à la conférence, ce qui sera possible cette année car la totalité des présentations se fera en ligne. « Ça présente certains défis mais on voit aussi les avantages, parce que ça offre aussi la possibilité à un plus grand nombre de gens d’assister à la conférence sans barrières géographiques », explique-t-elle.
Tel que l’ACPLS le fait depuis plusieurs années, la CLSF 2020 mettra aussi l’accent davantage sur les cultures et perspectives autochtones car, comme l’affirme Joanne Robertson « pour l’ACPLS, le terme « langues secondes » ça englobe autant les deux langues officielles, l’anglais et le français que les langues internationales, et aussi de plus en plus les langues autochtones du Canada ».
Pour sa part, Catherine Ousselin fera une présentation sur la façon d’intégrer des ressources authentiques telles que les films, les vidéos, les articles ou les magazines dans l’enseignement des langues. « L’idée [c’est] d’ouvrir le monde aux apprenants. Nos élèves sont curieux. Même mes élèves qui sont dans une vallée qui est assez rurale, disent toujours : Madame, qu’est-ce qu’on fait en France, ou en Belgique, ou au Sénégal, au
Canada ? ». « Plus vous connaissez de langues, plus vous êtes humain », a dit le philosophe et premier président de la République tchécoslovaque en 1918, Tomáš Garrigue Masaryk. C’est une phrase qui capture bien la philosophie derrière le travail dévoué des enseignants et des spécialistes des langues tels que Joanne Robertson et Catherine Ousselin.
« Personnellement, le français n’est pas simplement un deuxième mode de communication, Pour moi c’est une deuxième perspective du monde par laquelle je peux vivre mais aussi apprécier non seulement la beauté de la langue mais aussi les cultures francophones au Canada et ailleurs », affirme Joanne Robertson.
Parler une autre langue c’est avoir une autre âme, une autre personnalité, confie Catherine Ousselin : « C’est pour ça que je partage mes passions envers les cultures avec mes élèves en apprenant une autre langue. Ce n’est pas la structure, la grammaire, c’est pour explorer les perspectives et les pratiques du monde », conclut-elle.
Pour plus de renseignements sur la CLSF 2020 visitez www.caslt.org/fr/perfectionnement-professionnel/ateliers-apprentissage-professionnel/lsf