Vers une économie plus créative en 2021 ?

L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté, le 19 décembre 2019, une résolution qui a proclamé l’année 2021 Année internationale de l’économie créative au service du développement durable. Peu de temps après cette résolution, la pandémie actuelle de la COVID-19 a bouleversé les prévisions dans le monde entier et plongé les économies partout dans la récession, en plus de causer une tragédie humaine généralisée et des souffrances immenses.

La découverte récente de nouveaux vaccins offre au monde un espoir de reprise aux niveaux humain et économique. Plus que jamais, les économies mondiales doivent aujourd’hui faire face au défi de gérer durablement la reprise économique et la croissance. Étant donné que la résolution de l’ONU a été promulguée avant le début de la pandémie, il vaut la peine d’explorer la vision de l’ONU pour une économie mondiale plus créative – une économie qui pourrait conduire à une croissance durable dans des conditions radicalement modifiées.

La résolution de l’ONU

La résolution de l’ONU du 19 décembre 2019 invite tous les États membres à promouvoir la coopération et le réseautage, à encourager la mise en commun des meilleures pratiques et des données d’expérience, à renforcer les compétences des ressources humaines, à promouvoir un environnement porteur à tous les niveaux et à relever les défis de l’économie créative. Cette résolution affirme également que les travailleurs devraient avoir accès à l’apprentissage tout au long de la vie ; en plus, tous les élèves devraient avoir la possibilité d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable. La résolution reconnaît aussi que la promotion d’une économie créative nécessite le développement d’infrastructures électroniques et de cadres juridiques pertinents.

Qu’est-ce que « l’économie créative » ?

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) précise qu’il n’existe pas de définition standard du terme « économie créative ». Sur son site Web la CNUCED indique que « [l’économie créative] est un concept en évolution qui s’appuie sur l’interaction entre la créativité et les idées humaines et la propriété intellectuelle, le savoir et la technologie ». Selon la CNUCED, les industries créatives comprennent, entre autres : arts, architecture, mode, photographie, édition électronique, graphisme, jeux informatiques, télévision, radio, développement de logiciels, etc. Le professeur de pratique professionnelle Zafar Adeel, directeur général du Pacific Water Research Centre à l’Université Simon Fraser (SFU), a été haut fonctionnaire de l’ONU pendant dix-huit ans. Il note : « Pour moi, [l’économie créative] résume l’interface des arts créatifs
avec les différents secteurs de l’économie ».

Qu’est-ce que le « développement durable » ?

La résolution de l’ONU de 2019 met l’accent sur le lien entre l’économie créative et le développement durable. Zafar Adeel constate que la notion de développement durable a évolué dans les années 1980 et a été officialisée par le rapport Brundtland (nommé d’après Gro Harlem Brundtland, ancien premier ministre norvégienne) publié par l’ONU en 1987. M. Adeel ajoute que ce concept a gagné en popularité mondiale après la formulation de l’Agenda 21 lors du Sommet de la Terre en 1992 à Rio de Janeiro : « Dans sa plus simple expression, le développement durable est une combinaison d’approches qui permet à la société actuelle de répondre à ses besoins croissants de développement humain, social et économique sans compromettre les besoins des générations futures », explique-t-il.

Évaluation de la résolution de l’ONU

Zafar Adeel commente aussi : « Aller au-delà du bout des lèvres et réussir à atteindre les objectifs de toute année internationale dépend de l’engagement des ressources de la communauté internationale et du rôle de leadership joué par les principaux organismes des Nations Unies ». Il souligne que l’article 5 de la résolution sur l’économie créative indique clairement qu’aucun élément du budget ordinaire de l’ONU ne peut être utilisé pour soutenir cette année internationale, mais que les États membres des Nations Unies doivent plutôt fournir des « contributions volontaires ». M. Adeel offre la réflexion suivante : « Bien que l’attention du monde soit détournée par la pandémie COVID-19, il n’est pas clair combien de ressources seront fournies à la CNUCED et à l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) pour mener des activités cette année ».

COVID-19 et la construction d’une économie créative

Nous ne savons pas encore quel impact à long terme la COVID-19 aura sur la capacité du monde à construire une économie créative et durable. À cet égard, M. Adeel espère que les investissements dans l’économie créative peuvent contribuer à créer des nouveaux emplois durables.

Julien Picault, professeur agrégé d’économie à UBC Okanagan, explique que : « La COVID-19 est clairement un frein puisque l’économie créative s’appuie beaucoup sur l’art et la culture ». Pourtant il ajoute que le fait de ne pas pouvoir se déplacer pourrait bénéficier aux processus de création locaux et traditionnels. Il précise que
« les gouvernements pourraient supporter financièrement les acteurs de l’économie créative au niveau local, de façon à ce qu’ils puissent exploiter leur créativité alors qu’ils ne sont plus mobiles ».

Selon M. Picault, l’économie créative implique des besoins de financement et de formation. « Si l’on veut que l’économie créative mène au développement durable, il faut donc que les financements soient, au moins en partie, conditionnés vers des projets de développement durable et que les formations en fassent la promotion et expliquent l’importance et l’impact de l’économie créative sur le développement durable », conclut-il.

La résolution de l’ONU déclarant 2021 Année internationale de l’économie créative au service du développement durable peut être trouvée ici : www.undocs.org/fr/A/RES/74/198