À bien y penser, je constate que je ne pense à rien. La pandémie ? Je n’y pense pas. Le confinement ? Je m’y habitue. La vaccination ? J’attends. La présidence de Joe Biden ? À suivre. La 5G de Huawei ? Une plaisanterie. Les sports ? Sans intérêt. Les activités culturelles ? Bof.
Tout m’indiffère. La COVID-19, à défaut de m’avoir atteint (je touche du bois), m’a lobotomisé. Je suis à court d’idées. Plus rien ne me touche. Je suis d’une insensibilité déconcertante. Mes proches me reprochent de ne plus être assez proche. Ils ont raison, je m’éloigne d’eux au fur et à mesure que la pandémie avance. Afin de réprimer mon mal-être je ne mange plus, je bouffe. Et, comme si cela ne suffisait pas, je me suis mis à boire. Oui, je bois, du lait, moi qui n’aime pas ça. Les vaches qui ont l’habitude de regarder passer les trains m’observent, stupéfaites. Elles rient tout en se faisant traire. Je me laisse aller à les distraire.
Je comptais tant sur 2021 pour me changer les idées, pour animer ma vie, pour faire mon bonheur. Me voilà déçu. L’année, jusqu’à présent, c’est triste à dire, ressemble à 2020 comme deux gouttes d’eau dans mon vin. De là mon état quasi dépressif.
Le coronavirus fait donc toujours partie du décor. La COVID-19 a même fait des petits en nous offrant, pour nous tourmenter, quelques variantes. Comme si nous en avions besoin. Ce fléau nous propose maintenant, histoire de nous compliquer la vie, différentes souches. Vous avez en premier lieu celle venue de Grande-Bretagne dont les ravages se font sentir. Puis, celle d’Afrique du Sud qui, nous fait-on savoir, ne vaut guère mieux et serait même plus virulente. La toute dernière en date, en provenance du Brésil, à ce que je sache, n’est pas venue avec l’intention de nous enseigner la samba. Toutes ces variantes, semble-t-il, ne seraient pas plus mortelles que l’originale mais, nous prévient-on, certainement plus contagieuses. Pas rassurant tout ça. Vous conviendrez qu’il y a de quoi pester.
Réflexion faite, à bien y penser, j’ai l’esprit mal tourné. De partout je ne vois que le mal ou le ridicule. Les actualités politiques m’offrent souvent l’occasion de mettre à l’épreuve mon esprit retors. Ainsi lorsque Doug Ford, le premier ministre ontarien, incite ses concitoyens à rester chez eux pendant la pandémie au risque d’imposer un confinement général en cas de désobéissance, je me demande comment on peut l’écouter et prendre ses menaces au sérieux en entendant un pareil oxymoron.
L’arrêt de livraison des vaccins de Pfizer pendant une semaine n’a pas échappé à ma risée. Faisant preuve de mauvais esprit j’ai cru voir dans cette décision un petit camouflet à notre égard. Rappelez-vous, Ottawa avait tout d’abord choisi de s’adresser à la compagnie pharmaceutique chinoise CanSino dans l’espoir d’obtenir des vaccins le plus rapidement possible afin de venir à bout du coronavirus. L’entente n’a pas abouti et, un peu tardivement, nous nous sommes adressés ailleurs. Nous avons donc parié sur le mauvais cheval au départ. En subissons-nous aujourd’hui les conséquences ? Fort possible. Disons qu’aux yeux de Pfizer nous avons moins d’importance. Je spécule évidemment. Je vous avais prévenu : j’ai l’esprit tordu.
Parlant d’esprit tordu : pensez-vous que Joe Biden puisse dormir tranquille dans ses nouveaux locaux ? À sa place je me méfierais. Son prédécesseur, voyeur et retors, pourrait avoir fait installer des tables d’écoute et des caméras cachées dans tous les coins et recoins de la Maison Blanche. Les murs pourraient avoir des oreilles : celles du nouveau résidant de Mar-a-Lago. Un travail de dépistage et de nettoyage s’impose. On ne sait jamais, l’homme-orange, déchu et déçu, possède un esprit encore plus croche que le mien. Paranoïaque, moi ?
Vous plaisantez.
Le pipeline Keystone XL n’échappe pas à ma dérision. Le projet, si chéri des Albertains, maintenant abandonné par la nouvelle administration américaine, aurait peut-être obtenu un meilleur sort si le sigle XL (extra-large), trop inquiétant, attaché à Keystone avait été remplacé par SM (small), ou, à la limite, par MD (medium), plus rassurant. Avec XO (les Anglais affectionnent) ce serait, sans doute, aller trop loin.
Je ne peux terminer cette rubrique sans cette réflexion faite au cours d’un de mes moments de découragement : Couche-Tard, aurait dû se lever tôt si la compagnie tenait absolument à s’emparer de Carrefour, un grand groupe français de la distribution. Emmanuel Macron, le président de la République française, a imposé son veto lors de cette tentative d’acquisition par la société québécoise. Depuis, Couche-Tard est dans l’impasse. De son côté, Carrefour tourne en rond-point avant d’attaquer cette ligne droite qui devrait l’amener à un tournant dans la bonne direction de son histoire.
Réflexion faite, il est tard, je vais me coucher en attendant la fin du cauchemar.