« Sanctuary – The Dakota Bear Ancient Forest » : la forêt primaire à 360 degrés

Photo de Sanctuary

Le documentaire Sanctuary est au programme de la prochaine édition du PuSh Festival qui débute le 27 janvier. Le festival sera à la fois en ligne et en présentiel. C’est le cas pour ce film immersif tourné à l’aide d’une caméra 360 degrés et qui sera projeté sur un dôme géodésique pour une expérience au plus proche de la réalité. Les co-directeurs, Damien Gillis et Olivier Leroux, nous parlent de cette aventure écologique et de l’appel implicite à agir pour la protection de ce sanctuaire millénaire.

Malgré les annonces récentes de la province de Colombie-Britannique sur la gestion des forêts et en cette année internationale de la biodiversité, les forêts primaires sont menacées. C’est le cas de ce sanctuaire,
Dakota Bear, situé dans la région Sunshine Coast et sur les terres de deux Peuples Premiers.

Des arbres les plus anciens au Canada

Damien Gillis, réalisateur de documentaires nature, et Olivier Leroux, producteur de réalité virtuelle, résident à Vancouver. S’ils ont déjà couvert ce sujet, ils n’avaient cependant pas connaissance de ce sanctuaire, situé à quelques heures seulement de la ville.

« L’été dernier, j’ai reçu un appel de Ross Muirhead (NDLR : un militant environnemental membre d’un groupe local de conservation) à propos d’un écosystème rare, où l’on trouve des cèdres jaunes vieux de 2 000 ans et des douzaines de familles d’ours, pourtant placé sur la liste de coupes à blanc à venir », indique Damien Gillis.
« L’une des caractéristiques majeures de ce lieu est la présence de nombreux sites visibles des pratiques ancestrales sylvicoles autochtones en plus de la richesse de la faune ».

Olivier Leroux ajoute que « cet écosystème s’est construit en cinq mille ans, et il suffit de quelques jours pour complètement (le) détruire ». Et met en garde : « Une fois rasé, il ne reviendra plus ».

Une expérience viscérale

« Je me suis dit qu’il fallait une expérience viscérale pour transporter le spectateur, comme s’il s’y trouvait », raconte Damien Gillis.

C’est ce qui a justifié le recours à la caméra 360° et l’ajout en post-production de musique et de sons de la forêt qui élèvent ce film à un voyage véritablement sensoriel.

L’équipe technique est composée de (de gauche à droite) Eric Chad, Damien Gillis, et Olivier Leroux. | Photo par M. Simon Levin, de Sanctuary

La caméra 360° permet une incursion exclusive dans les territoires les plus difficiles d’accès mais l’équipe a néanmoins choisi de solliciter l’aide de locaux pour s’assurer d’explorer tous les angles souhaités. Olivier Leroux explique que c’est principalement sur le traversier qu’ils ont fait une ébauche des plans à capturer. Damien Gillis dit néanmoins que le tournage est resté très expérimental, l’équipe ayant choisi de « laisser les images et les expériences les guider vers ce que devait être le film ».

L’une de ces locaux est Cease Wyss, guide et artiste autochtone. Elle a naturellement inspiré
la structure narrative selon Gillis et c’est pourquoi le documentaire lui donne la parole.

La caméra VR devant un ancien cèdre jaune, tout pret de la tanière d’un d’ours , au Dakota Bear Sanctuary. | Photo par Damien Gillis

« Dès le premier jour, il nous est apparu clairement qu’elle devait être au cœur du film, en qualité de guide pour le spectateur. La première chose que vous remarquez en elle dans cet environnement, c’est tout ce qu’elle voit que vous avez manqué ».

Il raconte par ailleurs l’anecdote suivante : « Le premier jour de tournage, nous avons eu un problème technique inexplicable. Cease a effectué une cérémonie de purification en ayant recours à des plumes d’aigle. Après ça, la caméra marchait parfaitement. » « C’est ce genre de personnes qu’il faut dans une équipe lorsqu’on tourne loin de tout », ponctue-t-il.

Gillis estime que le rendu, dans l’esprit, est très proche de leur idée. « Nous avons accompli ce que nous souhaitions. À savoir, aider le public à ressentir ce que cela fait d’être dans cet endroit. Je pense que c’est juste plus détaillé et riche que l’idée initiale, le tout avec l’avantage d’un personnage central fort en la personne de Cease. Et il y a l’arc narratif qui emmène à travers la forêt, puis sur un site de coupe, sur un site de plantation d’arbres et de retour dans la forêt au son d’instruments traditionnels en clôture. C’est un voyage complet en onze minutes et je trouve que le film communique les points les plus importants à retenir. Que les forêts primaires sont uniques et entièrement irremplaçables. »

Leroux abonde en ce sens : « Le projet est pas mal représentatif de l’idée que nous avions en tête. La narration de Cease a vraiment complémenté le projet et nous a aidés à relier les plans entre eux. »

Un documentaire plaidoyer

Gillis se dit impatient de constater les émotions suscitées au visionnage et l’effet sur leur rapport à la nature : « leur tension artérielle, leur fréquence cardiaque, leur état émotionnel ». Il précise cependant son propos :
« Je ne veux pas remplacer la nature avec la réalité virtuelle. Au contraire. Nous avons réussi à mettre la caméra dans un cèdre millénaire où hiberne une famille d’ours en hiver. Ils y sont à l’heure où l’on parle. » Il compare cette image au fait de perdre notre maison, nous humains, et pense de fait que cela permet de mieux saisir le risque, au-delà de la question de la coupe d’arbres. Ce qu’il souhaite, somme toute, c’est que The Sanctuary incite les gens à se rendre davantage dans les grands espaces tout autant qu’ils comprennent l’urgence de donner un coup d’arrêt à la fuite en avant de l’industrie forestière.

C’est ainsi une invitation à une prise de conscience non seulement collective mais aussi holistique sublimée par le caractère urgent de la situation.

Sanctuary sera-t-il un acteur principal de la lutte pour sauver le sanctuaire Dakota Bear, les forêts primaires provinciales et leurs habitants ?

Prenez le pouls du 3 au 7 février. Information et réservations sur www.pushfestival.ca

www.livingforestinstitute.ca/-dakota-bear-sanctuary