Quelle histoire ! La démission de Julie Payette, l’ex-gouverneure générale du Canada, il y a presque trois semaines de cela, fait encore couler beaucoup d’encre. Permettez-moi, sans vouloir offenser qui que ce soit, de bien vouloir tremper à mon tour la plume dans l’encrier. Bien que nous ayons d’autres soucis plus préoccupants, l’envie m’a pris d’ajouter mon grain de sel à cette affaire qui met de nouveau en relief le manque de jugement de notre premier ministre.
Une fois de plus Justin Trudeau s’est laissé emporter par son manque de flair et son goût pour le bling-bling. Il s’imaginait faire un bon coup en nommant Julie Payette gouverneure générale. À priori, le choix de l’ancienne astronaute, scientifique de surcroît, ne semblait pas poser de problème majeur. L’opposition n’y voyait pas d’objection. Au contraire, leurs chefs ne tarissaient pas d’éloges envers cette héroïne, deuxième femme canadienne partie à la conquête de l’espace. Sa nomination fut rapide et facile. On pourrait même dire qu’elle fut logique mais, malheureusement, avec le recul, nous pouvons l’affirmer sans ambages, démunie
de circonspection.
Un minimum de prudence, davantage de discernement, de précaution, de réserve, le tout accompagné d’un brin de sagesse auraient évité cette déconvenue par laquelle nous, Canadiens, sommes obligés de passer. Le premier ministre devrait savoir : il ne faut jamais se fier aux apparences; les paillettes ne font pas le moine. Il était vraisemblablement dans la lune et devait s’appuyer sur sa bonne étoile lorsque la mauvaise idée lui vint de mettre Julie Payette en orbite spéciale. Sacré Justin, quand il s’agit de bévue, il n’en manque pas une.
C’est triste à dire, Justin 1er n’a pas cru bon de passer au crible, notamment devant un comité de sélection, la candidature de celle qu’il avait prise pour un ange. Erreur monumentale, négligence fatale. L’ange cachait sous ses ailes quelques démons. Depuis plusieurs mois déjà des rumeurs désobligeantes circulaient à son égard. Le comportement et les relations en milieu de travail de l’ancienne astronaute en chef de l’Agence spatiale canadienne, laissaient à désirer. Suite à des plaintes et des allégations de harcèlement, de dénigrement, d’insultes et autres malfaçons de ce genre, le bureau du conseil privé déclencha une enquête. Le rapport accablant qui en sortit fut la goutte qui fit déborder le vase. Julie Payette ne pouvait faire autrement que de démissionner. Son image ternie, elle va sans doute maintenant, contrairement à Donald Trump, tenter de se faire oublier.
Retombée depuis sur terre, notre astronaute au tempérament incendiaire, malgré ses déboires, c’est le moins que l’on puisse dire, n’est pas à plaindre. Sa retraite est assurée. À vie elle devrait toucher, quand bien même son mandat fut écourté, la somme rondelette de 150 000 $ par an en tant qu’ancienne gouverneure générale. Pour seulement trois ans de travail médiocre, le contribuable canadien appréciera. Elle peut aussi réclamer jusqu’à 206 000 $ par an pour ses dépenses personnelles encourues au cours de fonctions attribuées à ses responsabilités d’ancienne représentante de la reine. J’ai mon voyage comme disait Christophe Colomb
bien avant l’arrivée de Jacques Cartier au Québec.
Face à ces coûts exorbitants dont bénéficient, grâce à un gouvernement généreux, les gouverneurs généraux à la retraite, nous sommes en droit de remettre en question la nécessité de cette fonction issue de la monarchie britannique. Permettez-moi (je ne peux laisser passer cette occasion) de revenir sur une de mes marottes préférées : dénigrer la monarchie. Cette institution, une aberration, indigne de nos temps modernes, témoin d’une époque révolue et d’un archaïsme à vous faire dresser les poils du nez si vous êtes chauve, exemplifie l’image dégradante, le symbole affligeant de la soumission. Il est grand temps de couper le cordon ombilical qui nous lie à la couronne britannique. Assumons notre indépendance. Affirmons notre maturité. Volons de nos propres ailes. Rejetons, sans animosité et sans état d’âme, l’étouffant régime royaliste ainsi que ses représentants dont nous sommes encore, aussi incroyable et aberrant que cela puisse paraître, les sujets. Les Anglais ont choisi le Brexit, à nous d’opter pour le Canexit.
Mon propos qui précède, certainement trop exalté et quelque peu démagogue pour certains, ne peut me faire oublier la prochaine étape qui attend le gouvernement Trudeau : nommer un autre gouverneur général. La personne choisie sera cette fois-ci, nul n’en doute, triée sur le volet. Suite à ma tirade prorépublicaine et antimonarchiste, mes chances d’être pris en considération pour ce poste honorifique et désuet, doivent être plus que nulles si je me fie à mon petit doigt qui me dit tout. Dommage, le salaire et le plan de retraite offerts n’étaient pas pour me déplaire. Comme quoi, avoir des convictions et des principes coûte cher.