Monolithic Introspection prône la justice et démonte l’idée de la perfection. Cette brillante exposition est à découvrir jusqu’au 20 juin à la Burrard Arts Foundation. Rencontre avec son instigateur Kriss Munsya, artiste engagé. Consacré par le magazine Aesthetica pour son projet The Eraser (également exposé dans différentes galeries vancouvéroises), Kriss Munsya offre au public une nouvelle réflexion sur la justice sociale et environnementale avec Monolithic Introspection, créé en collaboration avec des activistes à la défense de l’environnement.
Né au Congo, l’artiste a grandi à Bruxelles en Belgique et fait de l’art depuis sa tendre enfance. Après avoir hésité entre le droit, la communication et le football professionnel, il choisit finalement la carrière de dessinateur graphique.
Alors qu’il débute avec le dessin et la peinture, Kriss Munsya mêle aujourd’hui à la fois photo, design graphique et vidéo dans ses projets « Je me considère artiste dans le sens où c’est une nécessité pour moi. J’ai touché un peu à tout », partage-t-il.
Kriss Munsya décide de se consacrer à ses projets personnels il y a trois ans et emménage à Vancouver il y a deux ans et demi : « Je suis parti de Bruxelles parce qu’il n’y avait pas de plateforme pour entendre ce que je voulais dire par rapport aux sujets que je voulais aborder : le racisme, l’homophobie, le patriarcat. Les gens ne sont pas encore prêts pour ça en Belgique et en France. Ils en parlent mais dans l’art, non. Les voix marginalisées ont leurs propres plateformes ici et sont entendues. »
Le sens de la justice
Monolithic Introspection est son troisième projet à Vancouver : « Le monolithe, c’est pour la pièce centrale, l’ensemble. Le projet parle de racisme environnemental. Une entreprise, un gouvernement, ont un projet comme Hogan’s Alley, ils veulent construire un viaduc. Ils vont choisir précisément des endroits où il y a des communautés marginalisées car ils savent que ces gens ne vont pas résister. Quand une entreprise a des déchets toxiques à verser dans un lac, ils ne vont pas le faire à Kitsilano. »
Tous ses projets ont un aspect de justice sociale et pour Monolithic Introspection, il dénonce l’exceptionnalisme humain, cette croyance selon laquelle l’humain est supérieur à tout ce qui est sur Terre.
« On a utilisé un document qui date du quinzième siècle, qui s’appelle l’Échelle de la vie. Il y a Dieu, puis les anges, les hommes – blancs, et ainsi de suite jusqu’aux minéraux. Cette manière de hiérarchiser la société a toujours une influence sur la manière dont on vit aujourd’hui ensemble. On utilise la même position pour montrer la vulnérabilité de l’être humain qui cherche la perfection et qui oublie que le moyen le plus simple pour subsister, c’est d’accepter », explique Kriss Munsya.
Il souhaiterait éveiller les consciences et remettre la solidarité au goût du jour : « On oublie qu’on est une espèce et que s’attaquer à une communauté, c’est s’attaquer à tout l’ensemble.
Monolithic Introspection, c’est soit on réfléchit tous ensemble en tant que bloc, en tant qu’espèce et là, on s’en sort, soit on fait cavalier seul. C’est comme pour au foot, si chacun joue pour soi au lieu de jouer en équipe. »
Une perfection illusoire
Monolithic Introspection prend forme alors que Kriss Munsya participe à un projet vidéo organisé par la fondation David Suzuki en rapport avec la justice environnementale : « Là, les deux concepts ont fait clic dans ma tête. J’ai utilisé à la fois l’Homme de Vitruve (selon Léonard de Vinci), l’être aux dimensions parfaites. J’ai voulu montrer l’ironie de cette recherche de perfection qu’ont les humains. Pour l’atteindre, on crée des idéologies, de la technologie mais qui vont finalement détruire la planète. Dans cette destruction, les premiers touchés sont les communautés noires et indigènes. »
Kriss Munsya explique que le respect et la collaboration sont au coeur de ses projets : « On a voulu que le projet soit un manifeste de ce qu’on veut atteindre dans la société. On voulait éviter le fait de faire un projet dans une communauté, prendre une photo et puis repartir. J’avais l’ensemble des points et mes collaboratrices Adriana et Julia ont fait le lien entre ces points. On a mené ce projet ensemble. On essaie d’être le plus inclusif et le moins néfaste possible. »
Kriss Munsya travaille déjà sur son quatrième projet et est un artiste à suivre.
L’exposition « Monolithic Introspection » est à retrouver jusqu’au 20 juin à la Burrard Arts Foundation.
Site internet de l’exposition : www.burrardarts.org
Site internet de Kriss Munsya : www.krissmunsya.com