Des progrès sont nécessaires pour remédier à la violence faite envers les femmes

« Oranger le monde : mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes ! », tel est le thème, cette année, de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

La journée du jeudi 25 novembre inaugure une campagne internationale de seize jours. Elle prend fin le 10 décembre, date phare de 1948 où la Déclaration universelle des droits humains fut adoptée à l’unanimité par les Nations Unies. Durant cette période, il y a aussi le 6 décembre, où les drapeaux rouges et blancs sont mis en berne en guise de commémoration des 14 femmes assassinées, lors de l’attentat antiféministe de 1989 à Montréal.

Selon la définition de UN Women, la violence basée sur le genre, « parfois aussi appelée violence sexiste, se réfère à l’ensemble des actes nuisibles dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Elle prend racine dans l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes ».

Autrement dit, ces violences à l’égard des femmes ont, depuis la nuit des temps, trouvé leurs racines dans les normes patriarcales.

La violence sexiste subie par certaines femmes et filles peut s’ajouter à d’autres formes de violence, comme le racisme, le capacitisme, l’homophobie et la transphobie, selon le gouvernement du Canada. Cette approche intersectionnelle peut expliquer pourquoi les femmes autochtones, les personnes LGBTQ, les femmes immigrantes, les femmes vivant avec un handicap, et les femmes vivant dans des régions rurales ou éloignées, se trouvent à un risque supérieur de violence, toujours selon le gouvernement canadien. À titre d’exemple, l’enquête nationale (2019) sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, révèle que les femmes et les filles autochtones sont douze fois plus susceptibles d’être assassinées ou portées disparues que toute autre femme au Canada.

Quelle est l’ampleur de la violence basée sur le genre au Canada ?

Selon certains experts, il est difficile de mesurer avec exactitude la prévalence de la violence sexiste au Canada à cause des lacunes dans la collecte et la compilation des données, mais aussi parce que beaucoup de violences à l’égard des femmes ne sont pas signalées aux autorités. « Le comité a appris qu’environ 36% des incidences de violence familiale sont signalées à la police et que seulement 5% des agressions sexuelles sont signalées »,
peut-on lire dans un rapport publié par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, en avril dernier.

Néanmoins, certains chiffres existent. Depuis le début de l’année, 92 femmes et filles ont été tuées, dont 39 pour cent par leur partenaire intime et 15 pour cent par un membre de leur famille, selon l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation. Il est estimé qu’en moyenne tous les six jours, une femme est tuée par son partenaire intime (Statistiques Canada).

La nécessité de voir au-delà de la violence physique…

La violence sexiste ne se limite pas à l’agression physique. La violence comprend aussi la coercition et les comportements contrôlants. Ceux-ci comprennent des manœuvres insidieuses d’intimidation, d’isolement et d’humiliation, qui dérobent la personne de ses droits fondamentaux, de son estime de soi et de sa dignité humaine.

« Nous parlons ici de comportements qui ne sont pas nécessairement visés par une autre disposition. […] Il s’agit d’une forme de terreur psychologique et de punition qui a pour effet de restreindre la liberté d’une personne dans sa vie quotidienne, mais sans être nécessairement accompagnée de menaces de violence clairement exprimées ou d’usage de la force manifeste », explique Janine Benedet, professeure de droit à l’Université de Colombie-Britannique (UBC).

Au Canada, le Code criminel ne tient toujours pas en compte les comportements coercitifs dans le calcul des violences conjugales et familiales. En cours d’étude, le projet de loi (C-247) propose justement de combler cette lacune dans la loi en considérant les comportements coercitifs ou contrôlants comme des infractions criminelles.

…il y a urgence d’agir maintenant et collectivement…. | Photo de Nations Unies

Cette lutte féministe qui revendique l’égalité femmes-hommes fut trop longue, et comme le thème de cette année nous le rappelle : il y a urgence d’agir maintenant et collectivement, de briser le silence, et d’être des allié.e.s dans cette lutte universaliste et humaniste qui nous concerne toutes et tous.

Recommandations possibles : www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women

www.parl.ca/DocumentViewer/fr/43-2/projet-loi/C-247/premiere-lecture

Podcasts : www.arteradio.com/emission/un_podcast_soi

Films : www.onf.ca/selection/edu-lelimination-de-la-violence-legard-des-femmes