Les membres du Nouveau Parti Démocratique ont fait leur choix et ont misé sur le député québécois Thomas Mulcair. Sorti vainqueur après quatre tours de scrutin, le député d’Outremont a maintenant la tâche de, non seulement, sauvegarder les acquis des dernières élections générales, mais aussi de démontrer que le rôle traditionnel de l’opposition officielle consistant à agir comme le gouvernement en devenir n’est pas qu’un rêve éphémère.
Il ne fait aucun doute pour moi que le NPD a fait le bon choix, si ce n’est pour aucune autre raison que de maintenir les sièges gagnés au Québec, lors de sa percée historique de mai 2011. Toutefois, le nouveau chef devra rapidement se rendre très visible dans les Prairies et dans l’Ouest s’il veut avoir la chance de passer à l’autre étape, c’est-à-dire former un gouvernement. Et bien que l’opposition officielle ait donné au parti une plate-forme exceptionnelle pour démontrer à la population qu’il est prêt pour la grande scène, le défi reste énorme.
C’est maintenant à Thomas Mulcair d’utiliser judicieusement les ressources importantes. Autant sur le plan budgétaire, qu’en terme de visibilité, qui s’ajoutent à son rôle d’opposition officielle. Il a à sa disposition un arsenal d’outils qui lui donnent un avantage vis-à-vis de son réel compétiteur, le Parti Libéral.
Par ailleurs, il y a fort à parier que pour sa part, le Parti Conservateur, ne lui rendra pas la vie facile. Il tentera rapidement de le définir négativement aux yeux des électeurs. Vous pouvez dire ce que vous voulez de ce genre de tactique, mais on ne peut que constater que cette approche a bien fonctionné pour les troupes conservatrices au cours des dernières années, comme en font foi les exemples de Stéphane Dion et Michael Ignatieff.
Ceci dit, ce congrès au leader- ship du NPD a aussi permis d’observer le mariage entre l’approche traditionnelle des courses au leadership et les nouvelles technologies. Ainsi, les personnes qui ne se trouvaient pas sur place à Toronto pouvaient quand même se prévaloir de leur droit de vote et participer en temps réel au choix du nouveau chef.
Le hic, comme je m’en doutais dans ma chronique précédente, c’est que la majorité des membres du NPD qui ont pris la peine de voter l’ont fait avant même le jour fatidique. Ce qui fait que les personnes qui ont voté à la fin de la semaine du congrès n’ont probablement pas eu d’impact significatif sur le résultat final. D’ailleurs, la candidate Peggy Nash l’a très justement dit, après les résultats du deuxième tour, lorsqu’elle a indiqué que son choix au troisième tour avait peu d’importance puisque la grande majorité des membres avaient déjà voté.
Cependant, l’utilisation du vote électronique en direct par le NPD est venue servir du leçon. Les attaques massives de refus de services qui ont inondé le système de vote en ligne utilisé par le NPD n’ont, semble-t-il pas, eu d’impact sur le résultat final. Toutefois, elles viennent soutenir une sérieuse mise en garde envers l’adoption d’un tel système pour les élections générales.
Même si les attaques malicieuses n’ont eu pour effet que de ralentir substantiellement le vote et la divulgation des résultats, elles auraient aussi bien pu avoir un impact sur le résultat final. Imaginez un peu ce qu’il en serait si de telles machinations venaient mettre du sable dans l’engrenage électoral.
On peut très facilement imaginer un pays avec un régime aux valeurs plus ou moins honorables venir sérieusement entacher un scrutin général qui se déroulerait par Internet. Nous pouvons donc remercier le NPD de nous forcer à réfléchir sérieusement avant de mettre au rancart la méthode de vote traditionnelle.