Vancouver en voiture, c’est épouvantable ! Mais à vélo, c’est génial ! Faut-il choisir entre l’un et l’autre ? La réponse est oui ! L’usage du vélo excluant l’usage de la voiture, il y a bien concurrence…
Au Canada, on aime nos autos. Treize pour cent du budget des ménages est consacré aux transports (Statistiques Canada). C’est plus que la nourriture, l’alcool et le tabac réunis. TransLink en 2017 révélait que les résidants du Grand Vancouver conduisent leur auto pour l’essentiel de leurs trajets.
À l’heure de la « décarbonation 2030 » et « Net Zero 2050 », il convient de rappeler que ces habitudes ont des conséquences majeures sur le climat. Le transport au Canada, c’est le premier secteur responsable des gaz à effet de serre avec près de 200 millions de tonnes de CO2 par an (25%). Autant que l’exploitation du pétrole et du gaz dans le pays.
Il faut comprendre qu’au-delà des émissions directes d’une voiture thermique (comptez 2,6 kg de CO2 par litre de pétrole brûlé), il faut ajouter toutes les émissions cachées : fabrication de la voiture, réseau d’entretien, routes, ponts et stationnements calibrés pour la circulation. On comprend que pour faire rouler chaque habitant dans une boîte métallique de 1500 kilos, électrique ou non, il faudra encore émettre du CO2. Notre budget carbone le permet-il ?
Pourtant, dans la région du Grand Vancouver, on a la possibilité de faire autrement. En ce mois de février qui signe la reprise des ventes chez les marchands de bicyclettes : parlons du vélo !
Et si le vélo nous rendait plus beaux, plus libres et plus heureux
Avez-vous vu cet été ces cyclistes souriants, libres et bronzés ? Vous aussi vous pouvez en être ! Saviez-vous que la grande majorité des déplacements du quotidien sont de moins de 15 km. Une distance idéale pour se mettre en forme moyennant 30 à 60 minutes d’exercice par trajet. De quoi remplacer la voiture et ses dépenses, et même la séance de gym.
Le vélo, c’est le bonheur et la liberté. Si vous en doutez, demandez à celles et ceux qui l’ont adopté. Une fois équipés et casqués, vous décidez de votre vitesse, vous maitrisez votre heure d’arrivée, vous utilisez selon le besoin la route, la piste cyclable, ou même le trottoir. À noter qu’un vélo de qualité c’est un investissement qui conservera une importante valeur résiduelle même après bien des années.
Le vélo, c’est aussi une assurance santé. Selon l’OMS, la sédentarité est le mal du siècle, et le vélo du quotidien est un remède préventif pour le cœur, pour les muscles et les articulations. Au Danemark, une étude a révélé que l’usage du vélo dans les déplacements du quotidien réduit le risque de mortalité précoce de 28% (Andersen L.B. Et al. Juin 2000). De plus, les heures passées sur la selle sont des heures reprises au temps du digital, des notifications, des SMS, des courriels, et des appels, et ça c’est bon pour la santé mentale.
Circuler à bicyclette, ça fait de belles jambes et de beaux fessiers musclées, ça permet de prendre l’air et de bronzer.
Et si le vélo en ville signifiait d’immenses économies
Une étude québécoise affirme que pour 1$ payé par un individu pour se déplacer en auto, la société paye 5,77$ en infrastructure, en pollution et en accidents. Alors qu’en vélo, pour 1$ payé par un cycliste, la société ne paye que 0,22$, notamment en raison des économies générées sur les services de santé. Autrement dit, le vélo est presque gratuit quand l’automobile – ce vieux symbole de liberté, de surabondance énergétique – a en réalité toujours été lourdement subventionné.
A quoi doit ressembler la ville idéale dans un futur décarboné ? Imagine-t-on une ville similaire en apparence mais encore plus dense, un enchevêtrement de routes, de ponts et de stationnements pour cette ville de béton devenue à la fois toute électrique et toute connectée ? Ou en imagine-t-on une plus calme, plus lente, verte, fleurie, dans laquelle on croise des personnes, des visages, des sourires, des vélos et des scooters, et que lorsqu’on interroge les habitants, ils vous répondent que dans cette ville, il fait bon vivre.
Entre plusieurs visions de la ville, il faudra choisir. Comme le rappelait Melina Scholefield, directrice générale du ZEIC Metro Vancouver Zero Emission Innovation Centre « il est de plus en plus pressant de transformer nos communautés afin de mieux pouvoir gérer la santé et le bien-être » tout en initiant enfin « cette grande aventure écoénergétique ». Sans aucun doute, le vélo du quotidien devra en faire partie.
D’ici là et pour construire une ville idéale et cyclable, équipez-vous d’un vélo et roulez ! Ce faisant vous participerez au mouvement pour la sécurisation du vélo en ville, mais aussi l’écologie, la santé, et la décarbonation que l’on pourrait baptiser sympathiquement « Occupy the Street ».
Aloïs Gallet est juriste, économiste, co-fondateur d’Albor Pacific et EcoNova Education. Conseiller élu des français et des françaises de l’Ouest du Canada.