Des masques porteurs d’espoir et de gravité

Trouver de la poésie au quotidien, en temps de pandémie. C’est le projet que s’est lancé Michelle Leone Huisman, armée de son appareil photo et de patience. Dans une exposition pleine de couleurs et d’espoir, la photographe fait redécouvrir au public les masques portés et jetés quotidiennement depuis le début de la pandémie, en les intégrant dans des œuvres d’art fleuries.

Accessible du 2 mars au 10 avril 2022 à la Dal Schindell Gallery de Vancouver, Global Pandemic offre un nouveau regard sur les masques jetables, devenus déchets, et questionne l’impact de la pandemie sur l’environnement et le futur des enfants.

Beauté cachée

C’est lors de promenades automnales avec son chien que Michelle Leone Huisman remarque l’omniprésence de masques chirurgicaux jetés par terre, et commence à se sentir obligée de les ramasser quand elle en trouve un. « J’ai toujours été inspirée par la beauté cachée dans l’environnement quotidien. Mais il faut bien dire qu’au départ, je n’ai rien trouvé de beau dans les masques jetés, qui sont devenus des objets courants de nos vies ces deux dernières années », avoue la photographe.

Litter Bug, 2021. | Photo par Michelle Leone Huisman

De ces trouvailles quotidiennes lui vient l’idée de redonner un sens à ces masques jetés inconsciemment par les passants en les transformant sous l’objectif de son appareil photo. « Ma première œuvre, Litter Bug, cherchait délibérément à provoquer l’idée de déchets insensés et de négligence en action », poursuit-elle. Cette première œuvre, prise en intérieur mais en recréant un éclairage naturel, présente un tas de masques chirurgicaux et de masques en tissus, dans des tons froids. Mais c’est le soin porté à la composition et la technique utilisée qui fait de chaque photo une œuvre unique et expressive. « Il s’agit d’une technique photographique du XIXe siècle appelée tirage à la gomme bichromatée sur palladium. Ces photographies sont peintes à la main et résisteront à l’épreuve du temps. Elles sont réputées pour durer plus de 500 ans », explique la photographe.

Ce procédé long et exigeant requiert habituellement la superposition de différentes couches de couleurs et permet de nombreuses possibilités d’altération de la photo, notamment au pinceau, faisant ainsi de chaque photo une pièce unique. En utilisant ce procédé non argentique rare et complexe, la photographe fait preuve de sa maîtrise technique, mais aussi de sa préoccupation pour l’environnement et l’héritage laissé aux générations futures.

Porteur d’espoir

En faisant de ces masques abandonnés dans l’espace public le sujet principal de ses compositions, Michelle Leone Huisman invite les curieux à réfléchir à cette période historique que la terre entière vit et à en tirer les bonnes leçons. Cependant, elle ne se fait pas pour autant prophète de l’apocalypse et apporte un message d’espoir dans ce moment particulier que l’humanité vit depuis deux ans. « Peu après [ma première œuvre], j’ai constaté que je devais associer quelque chose de provocateur à quelque chose de plus porteur d’espoir et énergisant. Lorsque j’ai trouvé de plus en plus de masques pour enfants, cela m’a fait réfléchir davantage à ce qui attend nos enfants et à la manière dont notre environnement est affecté par cette pandémie ». raconte Michelle Leone Huisman, avant d’ajouter : « Je me suis demandé comment je pourrais raconter cette histoire de manière à ce que nous puissions apprécier la gravité de cette époque tout en restant positifs et pleins d’espoir pour l’avenir. »

Make A Wish, 2021. | Photo par Michelle Leone Huisman

Célébrer

En intégrant des masques bariolés d’enfants, des références à d’anciennes comptines, ainsi que des fleurs, des champignons colorés dans les autres compositions de Global Pandemic, la photographe distille de la couleur dans la routine du confinement et redonne aux objets du quotidien une dimension joyeuse et pleine de vie. « Je suppose que j’ai senti que ces “nouveaux” objets quotidiens pouvaient devenir des sujets d’art pour aider à documenter ce moment », achève-t-elle.

Ces masques de toutes tailles deviennent, dans les mains de Michelle Leone Huisman, autant de façons de faire face aux obstacles et autant de manières de célébrer cette résilience partagée.

« J’espère que Global Pandemic rendra les gens un peu plus conscients de leur environnement, de leur communauté et du moment unique que nous vivons. J’espère que le public pourra ressentir la gravité de la situation actuelle tout en restant positif et optimiste quant à l’avenir », conclut la photographe.

Pour plus d’informations sur l’exposition Global Pandemic, rendez-vous sur www.schindellgallery.ca