Les aquarelles profondes de Sepideh Saba

Originaire de l’Iran, Sepideh Saba s’est installée à Vancouver en 2011. Passionnée d’aquarelle, elle offre une vision de la nature et du monde toute en profondeur et délicatesse. Ses œuvres sont actuellement exposées à The Outlet Gallery à Port Coquitlam, et ce jusqu’ au 25 avril 2022.

Amoureuse des paysages vancouvérois et notamment des arbres à feuillage persistant, Sepideh Saba aime immortaliser la nature canadienne et sa première exposition solo Far from the Shallow restitue la quiétude bucolique de la nature de la Colombie-Britannique.

Pour Sepideh Saba sa relation avec la forêt est intense et chaque arbre a une âme. | Photo de Nathalie Astruc

Ingénieure logiciels à temps plein et amatrice de randonnées, elle découvre sa passion presque par hasard : « J’avais l’habitude de faire des croquis à l’occasion, rien de sérieux. En 2017, je me suis dit : Pourquoi n’essaies-tu pas quelque chose de nouveau ? J’ai commencé à prendre des cours, ici à Port Moody. Un jour, j’ai vu une démonstration et ça s’est décidé : c’est ce que je voulais faire. C’était des réponses à toutes mes questions, notamment : pourquoi est-ce que je me réveille le matin ? »

La force et la profondeur de l’émotion

Sa relation avec la forêt est intense et chaque arbre a une âme, selon l’artiste : « Ce que je préfère peindre, ce sont les arbres à feuillage persistant et je ne sais pas pourquoi. Quand je termine une toile, j’ai l’impression que j’ai dit quelque chose. Parfois, je dois me retenir de ne pas peindre uniquement ce type d’arbre. »

Les paysages urbains intéressent aussi l’artiste autodidacte. | Photo de Nathalie Astruc

Ces arbres « toujours verts » sont symbole de résilience pour Sepideh Saba : « C’est un symbole de pouvoir à travers les années et les conditions climatiques. Ils sont juste debout. Bien qu’ils se ressemblent tous, je les vois dans leur individualité. Ils sont tellement beaux ! Je vois leurs différences. Ils n’ont pas peur des conditions difficiles. Surtout durant les deux dernières années, j’aurai voulu être l’un de ces arbres. Peut-être que c’est ce que mon âme veut. »

Les paysages urbains intéressent l’artiste et ce travail, elle compte l’effectuer à l’avenir : « Parfois, je vais au centre-ville et je vois des gens marcher. Je me dis qu’ils sont si beaux et que j’aimerais bien les peindre. Pour moi, c’est montrer ce que je vois et ce que je ressens. C’est mon but : peindre mes émotions. C’est difficile parce qu’il faut maîtriser le médium. J’ai besoin de plus de pratique pour capturer l’essence de la ville, raconter des histoires et voir des lieux comme Gastown ou Yaletown. »

La passion

La passion en fer de lance, Sepideh Saba avoue qu’elle n’a pas reçu d’éducation artistique officielle : « Je regarde le travail d’autres artistes et je me dis comment ils font ça. En 2017, j’ai commencé les cours et j’ai rencontré des maîtres de cet art. Et ils sont comme moi : dans la façon dont ils parlent de leur art, on sent qu’ils en sont amoureux. Quand ils commencent à peindre, ils deviennent des personnes différentes, pleines d’émotions. »

Elle transmet les techniques qu’elle a acquises à ses amis et caresse l’espoir de pouvoir véritablement enseigner un jour : « Lorsque je serai plus confiante, j’enseignerai. Je veux enseigner la passion avant l’art : il faut avoir de l’amour pour ce qu’on fait. Mes amies voient que je suis une autre personne quand je prends le pinceau. Les compétences viendront avec la passion. »

Un apprentissage constant

Très humble, Sepideh Saba confie avoir une marge de progression. L’aquarelle, technique délicate et exigeante, demande beaucoup d’heures de travail et une grande persévérance comme l’explique l’artiste : « L’eau coule sur le papier et c’est une question de savoir la contrôler. Je me suis dit que je voulais maîtriser cette prise de contrôle, là où je dois placer mon pinceau et c’est excitant car d’une façon, c’est l’aquarelle qui me contrôle ! C’est comme une chevauchée sauvage : ça vous contrôle quand vous essayez de la contrôler. »

Si elle confie que l’aquarelle était plutôt un loisir au départ, Sepideh Saba entretient désormais le rêve d’être une artiste à temps plein.

L’exposition Far From the Shallow est à découvrir à The Outlet Gallery à Port Coquitlam jusqu’au 25 avril 2022. Pour plus d’informations : www.portcoquitlam.ca/recreation/leigh-square-community-arts-village/exhibitions-2