Un plongeon onirique

Des rêves et souvenirs colorés projetés sur les murs de la Surrey Art Gallery. L’installation artistique Guardian Of Sleep présentée jusqu’au 26 novembre 2022 évoque les rêves et les souvenirs confus jalousement protégés qui construisent l’identité de chacun.

Dans ce tout dernier projet, l’artiste manitobain Zachery Cameron Longboy propose une réflexion sur la relation de l’individu à son environnement, sa communauté et sa santé.

Une oeuvre de l’installation artistique Guardian Of Sleep. | Photo de Zachery Cameron Longboy

Sens nouveau

Un bâton de majorette laissant place à des plans plus abstraits, évoquant la nature, mais aussi la maladie, des troupeaux de caribous déferlant sur la plaine, des enfants dans la forêt portant leurs plus beaux sourires, et faisant virevolter des drapeaux de marche des fiertés. Dans ce nouveau collage vidéo, créé pour la première fois sur téléphone portable, superposant son et mouvement, réel et rêvé, Zachery Cameron Longboy souligne l’importance de l’interprétation des rêves et la place primordiale qu’ils occupent dans l’identité, et le bien-être de chacun. Mais Guardian of Sleep évoque aussi l’importance des rêves et de l’histoire partagée sur la santé d’une communauté.

Pour l’artiste, « les rêves sont des façons d’assembler les choses. Nos souvenirs, nos expériences, nos désirs et nos pensées racontent une histoire. [et] Guardian of Sleep raconte un peu l’histoire de Zachery [Longboy] », explique Alanna Edwards, commissaire de l’exposition.

En donnant un sens nouveau à ces rêves et souvenirs, l’artiste invite le public à faire un pas vers l’acceptation de soi, tout en invitant à partager et écouter les histoires et expériences de chaque personne.

Organisme vivant

L’artiste, de descendance Sayisi Dene, est un survivant de la rafle des années soixante. Et ses œuvres explorent les implications et interactions entre ses différentes identités : en tant qu’autochtone adopté par une famille blanche, et en tant que membre de la communauté LGBTQ2S+ vivant avec le VIH, et comment ces stigmates affectent une personne tout comme sa communauté.

La commissaire de l’exposition espère aussi que le public prenne conscience de l’histoire des Sayisi Dene et de leur force, ainsi que de l’impact de la colonisation et de la relocalisation forcée sur leur nation avant de préciser que Guardian of Sleep traite de la façon dont nos états émotionnels, physiques, mentaux et spirituels sont liés. Lorsque l’un de ces états est perturbé, il a un impact sur l’ensemble de notre personne et « enlèverait de notre communauté ». Ces peurs et stigmates peuvent en effet gangrener un pan entier de la société, comme un virus qui se propage dans un organisme vivant et le rend malade.

Protéger l’espace du rêve

Et c’est en partageant ses expériences et ses rêves, en leur redonnant un sens que Zachery Cameron Longboy protège ces moments précieux et éphémères. « L’histoire, l’émotion d’un rêve sont fragiles, facilement perdus dans les premiers instants du réveil. J’avais besoin de protéger l’espace du rêve ou de l’histoire, du moi qui doutait. Un gardien, un guerrier ou une mère/protectrice était nécessaire », explique l’artiste. Car ces rêves sont essentiels pour pouvoir se comprendre et s’accepter. En découvrant Guardian of Sleep, Alanna Edwards souhaite que le public fasse « l’expérience de l’espace de rêve stratifié de Zachery, de ses fragments et morceaux de rêves au moyen de cette installation, et qu’il réfléchisse à ce que rêver signifie pour eux et aux types de messages qu’ils reçoivent en rêvant ».

Une mise en lumière de l’univers du rêve. | Photo de Zachery Cameron Longboy

Acceptation

En apportant un peu plus de clarté aux rêves, et conflits internes liés aux identités multiples et au sentiment d’appartenance, le travail artistique de Zachery Cameron Longboy permet de se détacher de la peur et des traumatismes. Pour reprendre les mots de l’artiste, « les rêves remplacent les souvenirs, et les souvenirs remplacent les rêves, en boucle, avivant les émotions et […] la peur devient la norme ». Et en rappelant l’impact de l’individu sur son environnement et sa réciprocité, ainsi que l’équilibre fragile de ces organismes, Guardian of Sleep aide à méditer et trouver sa place dans son environnement pour créer soi-même ce sentiment d’appartenance.

« J’espère que le spectateur y verra en partie une histoire de rédemption, de retour à la maison et d’acceptation de la fragilité que nous devenons », conclut l’artiste.

Exposition gratuite. Pour plus d’informations sur Guardian of Sleep, visiter : www.surrey.ca/arts-culture/surrey-art-gallery/exhibitions/zachery-cameron-longboy-guardian-of-sleep