Frais et dispos, nous voilà de retour, prêt à tout sauf au pire. Le pire, je n’ose pas le dire, est à venir. Une petite dose de pessimisme, pour commencer, ne devrait pas nuire à nos retrouvailles.
Nous voilà donc à la tâche après sept semaines d’hibernation estivale qui, à priori, ne furent pas de tout repos. Pendant notre absence, en effet, le monde, comme je m’y attendais, ne s’est pas arrêté de tourner et n’a pas manqué de faire des siennes, s’assurant ainsi une continuité dans la délinquance quotidienne. Les conflits auxquels nous étions habitués se sont poursuivis. La sécheresse et les incendies de forêts ont repris de plus belle et les nouvelles de l’actualité s’avèrent tout aussi décourageantes. Bon, qui dit mieux ?
En fait, vacances ou non, rien n’a véritablement changé. La COVID poursuit allègrement sa « covidisation » comme si de rien n’était, satisfaite de l’importance qu’elle occupe dans nos vies. La concurrence de la maladie
« monkeypox » aussi appelée variole du singe ou encore variole simienne, ne lui fait pas peur et ne semble pas, pour le moment, avoir entamé sa notoriété. Le port du masque continue d’être recommandé et les poignées de mains, ou autres gestes affectifs, sont toujours déconseillés. Ce n’est pas encore demain la veille qu’on se sortira de l’auberge qui, pour le moment, ne semble pas très accueillante.
Rien n’a changé non plus dans le conflit ukrainien. Poutine en fait toujours à sa guise. La vérité, sans scrupule, il la déguise. Tout affrontement, pas de surprise, le grise. Il s’amuse à voir les Occidentaux se ridiculiser publiquement à l’image des Allemands et de Trudeau qui turbinent à contre sens. A-t-on oublié cette petite leçon fondamentale de politique, à savoir : au risque de paraître ridicule et de se faire passer pour un imbécile, ne pas imposer de sanctions si vous n’êtes pas en mesure de les appliquer ? Élémentaire mon cher Watson, élémentaire.
Effet domino pourrait-on penser. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Chinois, ce n’est un secret pour personne, attendent le moment propice pour s’emparer de Taïwan, l’île qu’ils considèrent comme part entière de leur domaine. Le dragon n’a donc pas hésité à cracher ses flammes et montrer ses griffes après la visite sur cette île de la représentante américaine Nancy Pelosi qui n’a peut-être pas choisi le bon moment pour se rendre sur place. L’Empire du milieu n’aime pas faire les choses à moitié. Du tac au tac la Chine n’y est pas allée de main morte : 21 avions de l’armée chinoise sont entrés dans l’espace aérien taiwanais. On ne badine pas avec Pékin comme on aurait tendance à le faire avec Ottawa ou le duché de Luxembourg.
Face à toutes ces menaces, le pauvre secrétaire général des Nations Unies, monsieur Antonio Guterres, ne peut faire autrement que de se lamenter. Sa tâche n’est pas facile et surtout pas enviable par les temps qui courent. Le pauvre homme se donne énormément de peine afin d’apaiser les tensions, qui, j’ose l’avouer, parfois me donnent la chair de poule quand bien même il ne fait pas un froid de canard dehors.
Durant notre absence, le pape François est venu nous rendre visite. Il doit s’interroger sur ce qui lui vaut de se retrouver avec le brûlant dossier concernant les atrocités commises par l’Église catholique romaine envers les peuples des Premières Nations dans les écoles résidentielles. Le Saint-Père, contrit, a au moins fait l’effort de présenter ses excuses aux survivants et à leurs familles. Un premier pas dans la bonne direction, certes, mais est-ce que ce bon pape, dont j’hésite à palper le pouls, pourra aller plus loin, comme certains chefs autochtones le réclament, face à une curie en furie ? J’en doute.
Au beau milieu de ce brouhaha événementiel nous assistons au retour des indésirables. Stephen Harper a refait surface en endossant la candidature de Pierre Poilièvre, notre petit Trump à nous. L’ancien premier sinistre vient peut-être d’offrir au candidat de la section conservatrice mal à droite, un couteau à double tranchant qui, si vous tournez le dos et ne faites pas attention, pourrait se transformer en poignard.
Et que dire de l’autre indésirable : Donald Trump, le Poilièvre en pire made in USA ? Suis-je pessimiste ou optimiste lorsque j’ose avancer que son retour au premier plan, suite au raid du FBI à Mar-a-Lago, est bien compromis ? Je me permets de croiser les doigts. Mais avec lui on ne sait jamais.
Autre sujet qui m’irrite, me trouble et me met en colère : la tentative d’assassinat sur la personne de l’écrivain Salman Rushdie. Cet acte barbare, issu d’une fatwa contre l’auteur des Versets sataniques illustre jusqu’à quel point le monde marche à reculons. Tout bien considéré, je n’ai aucune raison d’être optimiste.