Race noire et immigration francophone au Canada

La politique d’immigration est la façon dont les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux contrôlent par des lois et règlements, ceux et celles qui peuvent s’installer au Canada. De ce point de vue, le Québec a la responsabilité à la fois politique et morale de faire en sorte que l’immigration francophone soit une préoccupation majeure pour assurer la vitalité démographique et économique des francophones du Québec et du Canada. Ce ne sont pas les francophones qui manquent pour combler la crise démographique et par ricochet celle de la main-d’œuvre.

L’immigration francophone est en berne, à cause du fait qu’une grande partie des francophones sont de race noire. Peut-être aussi parce que les responsables des politiques d’immigration sont tétanisés par une éventuelle grande présence noire au Canada et au Québec. Celle des francophones de race blanche n’inquiète personne.

Au début des années 2000, le gouvernement fédéral avait annoncé en grande pompe qu’il ferait venir au Canada au moins 4% du nombre total des nouveaux immigrants. Vingt ans après, même pas la moitié de cette cible n’a jamais été atteinte. Un observateur averti ne peut pas ne pas voir le lien entre le peu de francophones qui arrivent au Canada et la race noire à moins qu’il ne veuille se fermer les yeux. Il suffit de creuser un peu pour vous rendre compte que les missions canadiennes de recrutement d’immigrants francophones vont essentiellement vers les pays en démographie en prépondérance de race blanche.

« Pour que le nombre d’immigrants francophones augmente sensiblement au Québec et dans le reste du Canada, il faut déconstruire le discours négatif sur la race noire. »

L’exclusion des Noirs de l’immigration canadienne ne date pas d’aujourd’hui. Cette exclusion se poursuit sous d’autres formes malgré le système de points fondé sur des critères objectifs tel que l’âge, l’éducation, la connaissance d’une ou des deux langues officielles etc. Plusieurs Noirs n’ont aucune chance de se qualifier. Leur chance d’avoir un membre de leur famille au Canada est moins élevée que celle des autres, leurs diplômes sont les moins considérés, les travailleurs qualifiés ont certainement travaillé avec des salaires bas et par conséquent n’ont pas les moyens d’amasser la somme exigée par l’immigration etc.

Arrêtons de faire la politique de l’autruche et désignons les choses par leurs noms. Pour que le nombre d’immigrants francophones augmente sensiblement à la fois au Québec, les provinces et les territoires, il faut déconstruire le discours négatif sur la race noire. Je m’insurge contre les missions de recrutement vers les pays à hauts revenus dont les francophones n’ont pas intérêt à quitter leur coin du monde qui jouit des mêmes privilèges que le Canada. J’ai en tête ces milliers de jeunes francophones qui meurent dans la mer Méditerranée; ces jeunes francophones burundais, rwandais, congolais, maliens et autres qui croupissent dans des camps de réfugiés et dont la francophonie canadienne n’en veut pas tout simplement parce qu’ils sont des Noirs. Il nous faut un peu de courage pour aller recruter des immigrants francophones en Afrique.

Mambo T. Masinda, PhD, réside à Surrey en Colombie-Britannique.