Rahim Alhaj, virtuose du oud

Le meilleur joueur de oud du monde, Rahim Alhaj, sera sur la scène du Mel Lehan Hall du St James Community Square à Vancouver le 17 février. Retour sur le parcours du prodige.

Né à Bagdad, Rahim Alhaj découvre le oud, aussi appelé luth oriental, à l’âge de neuf ans et a eu la chance d’étudier sous l’égide des plus grands. Le jeune musicien apprend à jouer de l’ancêtre de tous les instruments à cordes aux côtés de Munir Bashir, le plus grand joueur de oud de tous les temps, et Salim Abdul Kareem à l’Institut de musique de Bagdad. Récipiendaire de plusieurs prix de conservatoire, il décroche son diplôme en composition en 1990, ainsi qu’un diplôme de littérature arabe de l’Université al-Mustansiriyah de Bagdad.

Présent sur les scènes du monde entier, de l’Europe à la Chine, en passant par l’Océanie, Rahim Alhaj est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de oud au monde. Il a remporté de nombreux prix et récompenses, dont deux nominations aux Grammy Awards.

L’exil américain

En 1991, après la première guerre du Golfe, Rahim AlHaj a été contraint de quitter l’Irak en raison de son activisme contre le régime de Saddam Hussein. Le musicien élit domicile en Jordanie et en Syrie avant de déménager aux États-Unis en 2000. Il y réside en tant que réfugié politique à Albuquerque, NM.

Rahim Alhaj | Photo de Rahim Alhaj

Malgré une relation compliquée avec les États-Unis, l’artiste demeure reconnaissant pour l’accueil favorable qu’il a eu en tant que musicien. En 2015, Rahim Alhaj a reçu la National Endowment for the Arts National Heritage Fellowship, la plus haute distinction pour les arts traditionnels aux États-Unis. Il devient citoyen américain en 2008.

Ses compositions évoquent l’expérience de l’exil de sa patrie et des nouveaux départs dans son pays d’adoption, les États-Unis. Ce déracinement marque profondément ses œuvres, comme en témoigne Music of Iraq, sorti en 2007 et nominé pour un Grammy en 2008. Home Again rassemble des compositions originales touchantes et évocatrices qui retracent son voyage en Irak après treize ans d’exil en 2008. De même, les bénéfices nets de l’album Under The Rose sont reversés à Direct Aid Iraq en 2009.

En 2017, Letters From Iraq est une puissante méditation musicale sur les conséquences dans une réalité d’après-guerre avec oud, percussion et quintette à cordes.

Le oud à toutes les sauces

Si les pièces du maître de musique n’altèrent pas les fondements de l’ « école irakienne de l’oud » traditionnelle, la musique de Rahim Alhaj combine délicatement les maqams irakiens traditionnels avec un style et une influence contemporains.

Rahim a enregistré et joué avec d’autres maîtres musiciens d’horizons et de styles variés, dont le guitariste américain Bill Frisell ou encore l’innovateur de l’accordéon moderne Guy Klucevsek. Il a composé des pièces pour oud solo, quatuor à cordes, symphonie et autres.

Avec douze albums à son actif, dont une rétrospective (Journey en 2014), le parcours de Rahim Alhaj révèle son amour de la collaboration. Infinite Hope sorti en 2015, avec le maestro indien du sarod Amjad Ali Khan, est la suite de leur collaboration Ancient Sounds, nominée aux Grammy Awards en 2010. Little Earth, un double album sorti en 2010, présente les compositions originales de Rahim en collaboration avec des musiciens comme Frisell, Klucevsek, Peter Buck (REM), Maria De Barros, Liu Fang, Robert Mirabal, Hossein Omoumi, Santa Fe Guitar Quartet, Yacouba Sissoko, Stephen Kent et bien d’autres, dont Little Earth Orchestra. Son dernier album, One Sky, sorti en avril 2018 est un appel à l’amitié et fait intervenir le maestro du santour iranien Sourena Sefati.

Rahim AlHaj Trio sera sur la scène du Mel Lehan Hall du St James Community Square à Vancouver le 17 février à 20 h.

Plus d’informations : www.roguefolk.bc.ca