Le manga a la cote en Colombie-Britannique. Bien que peu documentée, sa progression est incontestable depuis la pandémie qui a stimulé la distribution et la consommation d’un sous- produit du manga, l’animation japonaise. Plusieurs évènements, congrès et clubs font honneur à la bande dessinée japonaise dans la province, au grand bonheur des jeunes.
Marie-Paule Berthiaume – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Le manga représente plus de 25% de l’ensemble des documents publiés au Japon. C’est dire à quel point la bande dessinée japonaise est prise au sérieux au pays du Soleil-Levant. Selon la sociologue et autrice, Valérie Harvey, l’industrie du manga a bénéficié́ de la pandémie au Canada, particulièrement grâce aux séries d’animation de style shōnen destinées aux jeunes garçons. Les personnages, à la recherche de leur identité́, combattent en compagnie d’alliés en provenance de leur communauté́.
« Un manga qui a beaucoup de succès va devenir un animé. Demon Slayer est un bon exemple. L’animé n’est pas fini mais le manga, lui, est traduit depuis longtemps. Pour connaître la fin, les jeunes empruntent la série à la bibliothèque ou la demandent à leurs parents en cadeau »,donne-t-elle en exemple en précisant que le manga est souvent plus détaillé́ que l’animé avec ses nombreux détails sur les personnages et ses histoires parallèles.
Celle qui offrira un nouveau cours sur les mangas à l’automne 2023, à l’Université́ du Québec en Outaouais, associe le format actuel du manga à l’arrivée d’étrangers au Japon, vers 1880. «Ce style de dessin-là remonte au 8e siècle. Quand des Japonais ont commencé́ à illustrer les bandes dessinées de journaux d’expatriés anglais, français et américains, ils ont pris l’habitude des bandes, des cases et des bulles de texte. Ce format s’est répandu à travers le pays vers 1920. Puis, les histoires de grands arcs narratifs ont pris de l’ampleur après la Seconde Guerre mondiale avec « Astro, le petit robot » et «Léo, roi de la jungle», œuvres créées par le dieu du manga moderne, Osamu Tezuka.»
Selon la polyglotte, le manga est actuellement « en pleine transformation » au Japon, migrant vers les plates-formes numériques. « Au Canada, on a accès à ce que nos éditeurs décident de traduire : un manga transformé en animé qui a énormément de succès, par exemple. L’annonce de la traduction arrive assez vite parce que le public qui regarde et apprécie les émissions met beaucoup de pression sur l’éditeur pour qu’il se déniaise, tout de suite », explique-t-elle en précisant que les éditeurs privilégiaient jadis une série terminée pour assurer un rythme de publication stable, aux trois à six mois.
La popularité́ des événements mangas en C.-B.
La Colombie-Britannique compte plusieurs événements et congrès sur les mangas, notamment Tsukino Matsuri à Victoria, Anirevo Summer, MiniComi, Fan Expo Vancouver et Akimatsuri dans la région du Grand Vancouver et Penti-Con et Kelowna Fan Experience à l’intérieur de la province.
La directrice artistique de KFX à Kelowna, Bonnie Gratz, ne constate pas d’augmentation de l’audience. « La participation est restée stable ou a légèrement baissé depuis la Covid. Nous sommes dans une phase de reconstruction », déclare-t-elle en visant un public cible composé de familles, de jeunes âgés de 12 à 30 ans et de collectionneurs et nostalgiques âgés de 50 ans et plus.
De son côté́, le directeur marketing du UBC Anime Club, Ray Raffaele, a observé́ une «croissance explosive » du club universitaire au cours des deux dernières années. Il rapporte le succès inédit de l’évènement Pop-Up Hanami de 2022, avec ses 1100 participants. « Nous accueillons actuellement entre 50 et 70 personnes lors de nos évènements hebdomadaires. Ces chiffres sont en hausse par rapport aux années précédentes, où nous accueillions 30 à 40 participants par semaine. De plus, le nombre de membres est passé de 300 à 500 au cours des trois dernières années! »
Valérie Harvey attribue la popularité́ des mangas en C.-B. aux produits traduits en anglais, comme en français. Les Britanno-colombiens francophones sont d’ailleurs choyés puisque la France possède le second marché de mangas en importance, après le Japon.